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Comment le sujet peut-il savoir ce qu'il est ?

Publié le 27/02/2008

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Qu'une telle question soit posée laisse supposer que ce savoir, pour le sujet n'est pas acquis, qu'il n'est pas chose aisée. Lorsque le sujet tente de se connaître, de nombreux obstacles se dressent sur sa route, des obstacles précisément épistémologiques, i. e des obstacles à la connaissance. La question pourrait ainsi être posée autrement: qu'est-ce que le savoir présuppose, et que n'offre précisément pas le sujet? La connaissance, quelle qu'elle soit, exige toujours une certaine stabilité de la part de son objet. Elle a besoin que ce dernier offre une certaine constance, une certaine régularité, pour pouvoir en tirer des lois qui prédiront son comportement. Par exemple, la découverte de la gravité universelle a permis de rendre compte de la trajectoire des corps lorsqu'ils chutent, ou même des révolutions planétaires autours du soleil. Ce que le savoir exige toujours et avant toute chose c'est une certaine régularité, sous quel cas sinon, elle se perd dans de nombreuses conjectures très souvent fausses. C'est bien pourquoi on oppose toujours savoir et opinions commune (doxa). L'opinion commune, celle que l'on trouve couramment à propos de n'importe quel sujet et constamment changeante, elle peut être différente d'un instant seulement à un autre. Contrairement à cette rumeur qui demeure instable, changeante, non fiable, le savoir tente toujours d'acquérir une certaine stabilité en retenant de ses objets les traits qui ne diffèrent point dans le temps, ou du moins, qui évoluent de façon prévisible. Le sujet présente-t-il tous ces traits qu'exige la connaissance? D'ailleurs nous parlons de « sujet » comme de quelque chose de clairement identifiable, comme quelque chose dont les contours sont bien tracés. Mais le sujet a-t-il seulement cette unité propre? En effet, lorsque nous parlons de sujet, nous avons dans l'idée que malgré toutes les mutations que subît quelqu'un, il existe quelque chose en profondeur qui ne change pas, un subjectum, quelque chose qui se « tient en dessous » de toutes ses propriétés qui changent sans cesse, quelque chose de stable qui permet l'unité du sujet. Mais est-ce seulement le cas?

« par mon inconscient sans même que je m'en rende compte. L'inconscient peut cependant revêtir de nombreuses formes.

Il peut être psychanalytique certes, mais aussi social,ethnique, biologique...

Ainsi, ce que je crois m'être propre, comme mes propres goûts personnels en matière d'art,peuvent entièrement conditionnés par mon milieu d'appartenance, ma classe sociale.

Là où je crois être moi,notamment dans ce que j'apprécie en propre, je ne suis en fait qu'un simple produit de mon origine sociale: à traversma personne, c'est en faite la conscience de ma classe qui s'exprime.

De même, comme l'a montré l'anthropologueLevi Strauss, tous les échanges qui existent dans une société, de l'échange de bien jusqu'à l'échange de mythes,d'histoires, en passant par l'échange des femmes (exogamie), sont en vérité effectués selon des structuressubjacentes qui les déterminent et les rendent similaires.

Ainsi, on découvre des structures comme celles de laparenté qui conditionne les échanges humains dans un groupe d'un bout à l'autre de la planète. On ne peut faire la liste exhaustive de l'ensemble des déterminismes qui pèsent sur le sujet et le pousse à agir d'unemanière ou d'une autre.

Cela vient précisément du fait que le sujet se forme à partir de ce qui l'entoure, qu'il n'estqu'un assemblage de pièces.

Entre la société, l'ethnie, le corps (et donc le cerveau), l'inconscient psychanalytique(...), le sujet est conditionné de toute part, et un nombre considérable de forces se jouent de lui à chaque instant.Une fois de plus, il se dissout, se fragmente en un nombre incroyable de parties.

D'où l'expression de Levi Straussqui, après avoir découvert que le sujet était pris dans les raies de structures subjacentes qui le précédent et ledéterminent à agir d'une certaine manière, disait qu'il fallait se débarrasser du sujet une bonne fois pour toute, decette notion qui n'était qu'une fiction issue du caprice d'un homme qui aimerait pouvoir tout contrôler à commencerpar sa propre personne. Le défi de la lucidité 3. Dans les Méditations métaphysiques , Descartes découvre l'existence d'un sujet, d'un moi comme ce qui perdure lorsqu'on a pourtant douté de tout.

Eneffet, je peux douter de tout, que le monde est tel que je le vois, comme ceque je prends pour certains n'est en fait qu'une somme d'inexactitudes, je nepeux douter qu'il me faut bien être quelque chose pour pouvoir douter.

Ainsi,même si un malin génie emploie toute son industrie à me tromper, à façonnerun monde qui n'est qu'une illusion et où je vis bien heureux bien que leurré depart en part, je ne peux douter que je suis bien quelque chose , quelque chose qui doute, et donc forcément qui pense: « Il faut conclure, et tenir pour constant cette proposition: Je suis, j'existe, est nécessairement vraie,toutes les fois que je la prononce, ou que je la conçois en mon esprit ». Or, on peux trouver dans ce fameux cogito ergo sum l'idée de co-agere , c'est-à dire d'action sur la réalité.

Comment comprendre cela? Le sujet n'estpas un acquis comme nous l'avons vu, menacé qu'il est de toute part.

Il fautdonc le gagner, cela nécessite une activité pour se gagner soi-même, pour serécupérer dans les remous du monde où je risque à chaque instant dedisparaître.

Le sujet figure comme un défi, celui de connaître se qui se jouede moi et m'empêche précisément d'être moi.

Cette connaissance de soi,cette lucidité , cette action par laquelle le sujet fait retour sur lui pour se récupérer exige d'avoir conscience des multiples déterminismes qui agissent.Ainsi, pour reprendre possession de son ego, il s'agit de reconnaître en moi lesmarques de la société, de mon ethnie, de mon histoire, de les comprendre, de comprendre comme elles agissent surmoi pour reprendre une certaine forme de pouvoir sur moi, pour simplement refaire apparaître ce moi à chaqueinstant compromis.

Jamais je ne pourrai en venir parfaitement à bout, jamais je ne réapparaîtrai parfaitement, maisje peux par cette réflexivité diminuer mon degré de dissolution dans un monde affamé, bouche béante, prêt àchaque moment à me ré-avaler. Il faut précisément que le sujet sache ce qu'il est, qu'il se connaisse par retour sur lui, pour accéder à ce statut desujet, sous peine de disparaître, de se confondre avec le reste du décor humain.

Revenir sur ses pas, sur sonhistoire, sur ce qui a pu faire de moi ce que je suis à travers l'analyse de ma personne, à travers la connaissancedes mécanismes de conditionnement sociale ou ethnique, est la condition sine qua non pour que la volonté puisse refaire surface, soit une puissance propre et issue de ce que je suis en propre.

C'est parce que je pense , que j'apprends comment les structures dans lesquelles je m'insère (comme la société, le groupe, la famille) fonctionnentet laissent leur propres traces, que je suis . Conclusion La connaissance de soi est semblable à l'entreprise de marin chargés de reconstruire un bateau en pleine mer sansjamais pouvoir l'amarrer au port pour bénéficier d'un peu de stabilité et de calme.

Mais c'est cette connaissance quinous assure le statut de sujet, elle en est le préalable.

Les sciences humaines sont donc le fil d'Ariane qui mène àl'ego , le seul moyen de reprendre pieds.

Le sujet sait ce qu'il est qu'à partir du moment où il prend conscience qu'il ne s'est pas construit seul mais à partir d'un environnement qui a laissé profondément en lui sa marque.

Cettemarque, jamais il ne l'efface, mais il peut la connaître et comprendre la manière dont elle se joue de lui, quittant parla-même la position passive où il se tient et où il n'est pour ainsi dire rien.

Au fond de lui, le sujet trouve ainsi le. »

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