Comment expliquez-vous que la conscience de notre identité personnelle se maintienne à travers tous les changements auxquels nous sommes soumis ?
Publié le 17/03/2004
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Chaque individu reçoit un patrimoine génétique et un héritage culturel, qui correspond au milieu dans lequel il évolue, mais également à l'éducation qui lui est transmise. Mais qu'en est-il de son identité personnelle ? Peut-on la distinguer de ce double apport ? Chacun se sent unique et singulier mais, dans le même temps, alors que les identités biologique et sociale peuvent être saisies objectivement, l'identité personnelle semble insaisissable. S'agit-il donc d'un mythe ou bien cela recouvre-t-il une réalité consistante ? Qu'est-ce qui fait l'identité de chacun d'entre nous ? Pourquoi suis-je moi, plutôt qu'un autre ?
1. La constitution de l'identité personnelle
2. À travers la conscience de soi, nous ne nous découvrons que de façon partielle
3. Être sujet, c'est s'engager dans un processus jamais achevé de constitution de soi
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b.
Être soi, c'est se souvenirIl va de soi que la mémoire est la faculté qui permet d'introduire une continuité dans ce que chacun vit.
Sans cela,la vie serait une suite d'instants détachés les uns des autres, sans unité et sans cohérence.
L'identité personnellerepose sur le travail de la mémoire qui lie entre elles les expériences vécues et qui me permet de savoir qui je suis.
c.
L'identité personnelle émerge avec la conscience de soi comme sujetLa conscience de soi, enracinée dans le langage et la mémoire, constitue chacun en sujet, c'est-à-dire en unindividu singulier.
La capacité qu'a l'individu de se reconnaître dans ses paroles et dans ses actes lui permet de seconstituer une identité propre, distincte de celle des autres.
2.
À travers la conscience de soi, nous ne nous découvrons que de façon partielle
a.
La conscience offre une image de soi superficielleTelle que nous l'avons définie, l'identité personnelle se confond avec la représentation que l'on se fait de soi.Cependant, la représentation consciente de soi ne peut être que partielle, dès lors qu'on reconnaît l'existence d'uninconscient : Freud a montré que nous ignorons ce qui motive en réalité nos choix.
Nous ignorons en fait, pensefreud, la cause réelle de la plupart de ces choix.
Ainsi, nous croyons agir librement, en toute conscience, mais c'estune illusion.
La connaissance complète de soi-même passe par l'exploration de l'inconscient.
Nous ne pouvons,finalement, nous identifier complètement à la partie consciente de nous-même.
b.
Le rêve ou l'apprentissage de soi comme un autreLe rêve manifeste bien ce décalage qui existe entre notre identité supposée et notre identité profonde.
Il souligneen effet que les désirs et les pulsions qui constituent notre être sont de nature inconsciente, refoulés hors duchamp de notre conscience parce qu'inconciliables avec le principe de réalité et le système de valeurs qui lestructurent.
Je est un autre, a écrit Rimbaud.
c.
La mémoire, imparfait témoin de notre identitéFreud montre ainsi que ceux qui souffrent de troubles psychiques ont vécu des événements traumatisants dont ilsconservent une trace psychique inconsciente.
Autrement dit, ces expériences traumatiques se dérobent à laconscience mais continuent d'agir sur la personnalité de celui qui les a vécues.
Par conséquent, on ne peut pasaffirmer que la mémoire donne véritablement accès à soi-même.
3.
Être sujet, c'est s'engager dans un processus jamais achevé de constitution de soi
a.
Les leçons de la psychanalyseNous sommes d'abord enclins à nourrir des illusions sur notre propre compte.
La psychanalyse nous aide à lever cespréjugés sur ce que nous sommes.
Elle élabore une connaissance de la vie psychique non pour condamner touteentreprise de se connaître ou de se constituer en sujet libre mais au contraire pour nous donner les moyensd'accomplir cette tâche avec lucidité.
b.
On est soi avec les autresC'est dans la relation aux autres que notre identité prend forme.
En effet, nous n'accédons à nous-même que par ledétour des autres.
L'identité personnelle n'est donc pas un champ clos, où l'on se retrouverait soi-même dansl'intimité d'une intériorité soustraite à la visibilité.
Elle est cette conscience de soi que l'on acquiert par la rencontre,l'échange et souvent le conflit avec l'autre.
Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe parl'autre.
L'autre est indispensable à mon existence, aussi bien d'ailleurs qu'à la connaissance que j'ai de moi (Sartre,L'existentialisme est un humanisme, 1946)..
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