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Comment différencier amour et amitié ?

Publié le 17/08/2005

Extrait du document

amour

Analyse du sujet :

  • Comment différencier : établir les différences, mettre en avant les points de divergence entre deux concepts qui semblent proches, hiérarchiser, montrer les avantages et les inconvénients de chacun et insister sur l’originalité propre à chacun. Etablir aussi les différents points de vue qui concernent les concepts.

 

  • Amour : affection entre deux personnes incluant une attirance physique. Pour Platon, l’amour est l’aspiration au beau et au bien, à l’absolu et c’est le moteur de la philosophie. Pour Kant, il y a l’amour pathologique lié à notre intérêt et l’amour pratique qui est un véritable souci d’autrui. Enfin pour Freud, L’Eros, qui désigne le désir amoureux, représente la pulsion de vie.

 

  • Amitié : lien de sympathie entre des personnes sans qu’il y ait obligatoirement de lien familial et sans attrait sexuel. Du grec philia, dont le sens général signifie sentiment d’attachement et d’affection pour les autres. Pour Aristote, le sens est plus stricte, il s’agit de l’amitié vraie, exigeante et rare, qui repose sur la vertu des amis.

Problématique :

L'amour et l'amitié sont couramment conçus comme deux sentiments, ce qui demeure un terme bien vague , demandez-vous donc d'abord ce qui les rapproche, ce qui nous incite parfois à les confondre. Analysez en particulier le fait qu'il s'agit de deux modalités similaires du désir et que l'on peut très facilement (du moins lorsqu'il s'agit d'une personne de sexe opposé) passer de l'un à l'autre. Faut-il alors se contenter de les distinguer en ne mentionnant que la dimension corporelle c'est-à-dire la sexualité ? Il faudrait alors expliquer en quoi ce passage change véritablement la nature du rapport au point qu'il mérite un autre nom. Mais ne peut-on alors à l'inverse avancer l'hypothèse que ces deux types de rapport affectif n'en font qu'un ? Leur différence ne se fonderait en fait que sur les usages et la morale qui exigent d'une part l'exclusivité (il faut être fidèle, on réserve donc le terme d'amour pour une personne unique) et qui d'autre part condamnent l'homosexualité (on ne peut donc qu'être ami avec les personnes du même sexe que nous).

 

amour

« s'alimente et se renforce contre toute rupture à la source de toute jeunesse et de toute vie.

Ce commun amourd'un bien qui ne s'amoindrit pas de son partage est l'étoile fixe des amitiés indestructibles. De plus, la relation d'amitié implique la réciprocité et l'autre est aimé pour lui-même non pour les avantages qu'ilme procure.

L'amitié est respect de l'altérité tandis que l'amour cherche la fusion, la possession de l'être aimé.Freud illustre cette conception de l'amour à travers son analyse de l' éros comme pulsion de vie.

L'amour est irrationnel, il est lié à la sexualité.Ainsi, il est possible de différencier l'amitié de l'amour en établissant une hiérarchie, elle-même fondée sur unevision réductionniste de l'amour comme quelque chose de matériel face à une amitié idéaliste.

2-La dialectique platonicienne de l'amour : La conception platonicienne de l'amour ne réduit pas ce concept à quelque chose de corporel dont il faut seméfier.Au contraire, l'amour est pour lui le véritable ressort de la philosophie.

Cf.

Le Banquet.

Il différencie deux sortes d'amour, l'amour égoïste et possessif et l'amour véritable qui est attaché à la contemplation, au beau et auvrai.Ainsi, l'amour est le signe d'une élévation spirituelle.Ainsi, cette analyse de Platon nous montre que la différence entre amour et amitié (qui établit cette dernièrecomme supérieure parce que l'amour n'est pas rationnel et qu'il est sensuel) n'est pas justifiée.

L'amour peutaussi mener à la sagesse. Diotime : « Celui qu'on aura guidé jusqu'ici sur le chemin de l'amour, aprèsavoir contemplé les belles choses dans une gradation régulière, arrivant auterme suprême, verra soudain une beauté d'une nature merveilleuse, beautééternelle, qui ne connaît ni la naissance ni la mort, qui ne souffre niaccroissement ni diminution, beauté qui n'est point belle par un côté, laide parun autre, belle en un temps, laide en un autre, belle sous un rapport, laidesous un autre, belle en tel lieu, laide en tel autre, belle pour ceux-ci, laidepour ceux-là ; beauté qui ne se présentera pas à ses yeux comme un visage,ni comme des mains, ni comme une forme corporelle, ni comme unraisonnement, ni comme une science, [...] la vraie voie de l'amour, qu'on s'yengage de soi-même ou qu'on s'y laisse conduire, c'est de partir des beautéssensibles et de monter sans cesse vers cette beauté surnaturelle en passantcomme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beauxcorps aux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences, pouraboutir des sciences à cette science qui n'est autre chose que la science dela beauté absolue et pour connaître enfin le beau tel qu'il est en soi.

» Platon,Le Banquet, trad.

E.

Chambry, Flammarion Cet extrait du Banquet de Platon s'ouvre sur le discours de Diotime, prêtresse(sans doute imaginaire) de Mantinée, qui doit révéler à Socrate les mystèresde l'amour.

Le terme « mystère » doit d'ailleurs être pris ici au sens fort carcette scène évoque ce genre d'initiation que les Grecs connaissaient, comme dans les mystères d'Éleusis parexemple, où les initiés parvenaient finalement à une ultime révélation et contemplation mystique après toute unesérie d'étapes préparatoires.

Toutefois, malgré le parallèle sur lequel joue Platon dans cette scène, il ne s'agit pas icid'une révélation mystique mais d'un mouvement graduel et philosophique (ou « dialectique ») vers l'Idée du Beau,dans toute sa pureté.

Ce mouvement doit nous révéler qu'à son stade ultime, l'amour aboutit à la contemplation decette Idée.

L'amoureux est, en définitive, toujours amoureux du Beau absolu, à travers l'attraction qu'il éprouve pourses incarnations sensibles, que ce soit la beauté des corps, des âmes ou des connaissances, et où il ne perçoitencore que confusément la splendeur de l'Idée qui se révèle dans tout son éclat hors de toute participation à lamatière.

Ces derniers exemples forment d'ailleurs les degrés successifs qui nous rapprochent progressivement del'Idée pure : « la vraie voie de l'amour [...] c'est de partir des beautés sensibles et de monter sans cesse vers cettebeauté surnaturelle en passant comme par échelons d'un beau corps à deux, de deux à tous, puis des beaux corpsaux belles actions, puis des belles actions aux belles sciences ».

L'amoureux qui atteindra cette Idée est donc celuiqui s'affranchira graduellement de sa participation à la singularité des corps sensibles et l'embrassera dans toute sagénéralité, avec à chaque fois plus d'ampleur et à un niveau toujours plus abstrait.

C'est pourquoi l'amour des bellessciences, qui vient après celui des beaux corps est un progrès vers la connaissance de l'Idée, puisque les sciencessont intelligibles et moins incarnées dans la matière que les corps.Le dernier degré de l'amour, celui que peut atteindre par exemple le philosophe, amoureux du Bien et du Beau,puisque son titre signifie précisément « amoureux de la sagesse », est celui où l'on pourra enfin contempler le Beaudans toute sa pureté intelligible.

Cette dernière expression signifie que cette contemplation se fera non pas avecl'oeil mais avec l'esprit ou, comme l'écrivait Platon, avec l'intelligence ou « oeil de l'esprit ».

Il contemplera alors uneréalité qui ne possède aucun des caractères de la matière sensible, une « beauté qui ne se présentera pas à sesyeux comme un visage, ni comme des mains, ni comme une forme corporelle ».

Elle ne se présentera pas même «comme un raisonnement, ni comme une science », lesquels, malgré leur abstraction, restent encore trop pris dans le. »

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