Comment concevez-vous les rapports de la Science et de la Philosophie ?
Publié le 15/09/2014
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«
2t:8 LOGIQUE
commun.
A propos de la Science moderne, on a pu prononcer le nom de révolution.
Et par là, on voulait sans doute faire allusion aux trans formations radicales et rapides qu'elle a permii;es dans l'ordre de la technique, mais aussi et surtout à une orientation absolument nouvelle des recherches désintéressées.
Avec les disciplines positives, en effet, apparaît un mode de savoir plus restreint dans son domaine, apparem ment moins ambitieux dans ses désirs, puisqu'il se limite à l'étude des phénomènes et de leurs lois, mais qui a cette propriété étonnante de procurer, dès la démonstration faite, l'accord des esprits, tandis qu'en philosophie, beaucoup du moins le r~disent après DESCARTES "il n'est rien dont on ne dispute>>.
La valeur de la Science, du point de vue pratique comme du point de vue théorique, n'est pas it mettre en question.
Et l'on sent aujour d'hui, dans tous les milieux, combien il serait injuste de parler, à son sujet, de faillite.
Mais des succè~ (~clatanls ne doivent pas nous porter à induire que la Philosophie est un simple résidu, qui subsiste seulement jusqu'à ce qu'on ait pu étendre à toutes les portions du réel l'application des méthodes positives.
Non seulement on montrera ici qu ïl / a des relations, et des relations nécessaires, entre la Science et la Philosophie, mais on s'efforcera de préciser quelles doivent être ces relations aux différentes phases de la recherche scientifique.
l.
- PEND.\NT LA CONSTITUTI0'.'1 DE LA SCIENCE.
S'il est une proposition incontestée, c"rst bien que le savant doit conserver une entière liberté d'esprit, et qu'aucune idée préconçue ne doit s'interposer entre lui et le réeL Certains pourraient en conclure que, dans son laboratoire, il doit oublier toute philosophie.
Mais il y a ici bien des nuances à apporter.
II est exact que le philosophe n'a pas à régenter le savant, qu'il n'a pas à intervenir, soit pour lui dicter des solutions, soit pour lui imposer des méthodes trop strictes ou trop minu tieuses.
Il est certain que la Science a apporté très souvent un démenti aux conceptions courantes, au sens commun et aux systèmes philoso phiques.
Ce sont les savants de génie qui arrivent aux grandes décou vertes, en constituant eux-mêmes leurs propres méthodes, et ce ne sont pus les philosophes qui prHendent leur apporter des recettes infaillibles pour pénétrer les secrets de l'univers.
Est-ce à dire que la Philosophie sera inutile au savant, même pendant cette période où le savoir positif se construit? II faudruit, pour le pré- .
tendre, ne voir dans la PhilosoplJie que ce qu'elle a, pour ainsi dire.
de matériel : les doctrines fixées, les systèmes clos, non- la tendance générale qui l'inspire.
Le savant, lorsqu'il travaille, n'a pus hc~oin dP faire intervenir des données d 'ordr'l philosophique; son explication doit rester strictement positive.
Mais qui peut prétendre qu'il n'a pas besoin d'esprit philosophique, et spécialemcl'.t pour corriger ce que peut avoir de trop rigide ou de trop relativiste l'esprit de savant, surtout de savant spécialisé? L'esprit philosophique, for me élaborée de l'esprit critique, se caractérise par une continuelle méfiunce contre toutes les sources d'erreur, qu'elles viennent de nous-mêmes on du dehors.
Rigueur dans l 'appli cation des méthodes, souplesse dans leur choix, prudence dans l 'affir mation, tout cela constitue l'esprit philosophique.
Et qui peut dire que
le savant peut se passer de ces quantés P.
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