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Comment comprenez-vous cette maxime passée à l'état de proverbe : « D'abord vivre, ensuite philosopher » ?

Publié le 15/09/2014

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e) C'est ce que confirme l'histoire des peuples. A quel moment assiste-t-on à l'essor et à la floraison de la pensée désintéressée, de la médi­tation, de la philosophie, de l'art P C'est aux époques où les conditions essentielles de la vie semblent assurées : la paix, l'ordre, la prospérité, règnent, et les hommes, n'ayant plus à s'occuper de la recherche de leur pain quotidien, peuvent donner leurs loisirs à la pensée : siècle de PÉnicils, d'AUGUSTE, de Louis XIV.

Philosopher est donc bien une occupation de l'esprit à laquelle on ne peut s'adonner que dans la mesure où il reste du temps après les actions primordiales qui doivent assurer la vie.

B. Mais si l'on prend le terme vie dans son sens large, la maxime « vivre d'abord « ne semble pas moins exacte.

a) Que serait, en effet, une philosophie qui ne prendrait pas son point d'appui, sa base, dans l'expérience de la vie P Philosopher, sans se référer au réel, n'aboutirait qu'à d'inconsistantes et folles élucubrations 

« 46 INTRODUCTION h) :ais philosopher, au sens strict, a aussi une acception plus particu­ lière.

Philosopher, c'est non pas étudier la Psychologie, la Logique, la Morale, mais réfléchir aux grandes et angoissantes questions que posent la vie, l'action, la pensée; méditer sur les grands problèmes humains : le \Tai, le beau, le bien, la nature de l'homme, sa dslinée, l'âme et Dieu.

JI.

- EXAMEN DE LA MAXŒE.

A.

Il semble que si le mot vivre est pris dans son sens strict, on ne peut qu'admettre la vérité du proverbe.

a) La pensée et l'exercice de cette pensée dépendent de l'existence et de la vie du corps.

:\"ous ne sommes pas de purs esprits, mais des esprits unis à un corps.

La première condition pour pouvoir penser, réfléchir, philosopher, est clone déjà de vivre; c ·est une vérité trop évidente pour qu'il soit besoin d'y insister.

b) C'est, de plus, un fait d'expérience journalière que les exigences de la vie pr•iment celles de la pens,ée.

Cc qui préoccupe l'homme avant tout c'est de vivre; la plus grande partie de son activit•~, pour ne pas dire sa presque 'totalité, est dirigée vers ce but : obtenir de la nourriture, des vêtements, du confort, etc.

Pourquoi l'homme chercherait-il tant à gagner de l'argent, sinon pour pouvoir vivre ? Et comment philosopher (et je n'emploie pas cc mot au sens slrict, mais même au sens large) si l'on est tiraillé par la faim.

si l'on grelotte de froid, si l'on est inquiet pour sa subsistance dn lendemain ? Demandez donc à quelqu'un qui vient de dépenser ses derniers sons pour acheter un morceau de pain, à un nau­ fragé qui se débat au milieu des vagues de se livrer à une méditation dé­ sintéressée, à un pur jeu de l'esprit.

L'homme, quand sa vie n'est pas assurée, ne pense qu'à une chose : comment agir pour ne pas mourir.

La première et indispensable condition pour philosopher est donc de ne pas avoir cl 'inquiétudes au sujet de notre vie quotidienne, sans quoi l'action ~'impose à nous, l'action immédiate et totale.

c) C'est ce que confirme ! 'histoire des peuples.

A quel moment assiste­ l-on à l'essor et à la floraison de la pensée désintéressée, de la médi­ lation, de la philosophie, de l'art ? C'est aux époques où les conditions essentielles de la vie semblent assurées : la paix, l'ordre, la prospérité, règnent, et les hommes, n'ayant plus à s'occuper de la recherche de leur pain quotidien, peuvent donner leurs loisirs à la pensée : siècle de PÉRICLÈS, d 'AuGusTE, de Loms XIV.

Philosopher est donc bien une occupation de l'esprit à laquelle on ne peut s'adonner qne dans la mesure 011 il reste du temps après les actions primordiales qui doivent assurer la vie.

B.

:\lais si l'on prend le terme vie dans son sens large, la maxime " vivre d'abord » ne semble pas moins exacte.

a) Qne serait, en effet, une philosophie qui ne prendrait pas son point d'appui, sa base, rlans l'exprrience de la vie ? Philosopher sans se référer au réel, n'aboutirait qu'à d 'incon sisf antes et folles élu~ubrations d'une pensée rp1i n'aurait de pensée que le nom, à des. »

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