Comment comprenez-vous ce mot de Vauvenargues : « Les choses qu'on sait le mieux sont celles qu'on n'a jamais apprises », et qu'en pensez vous ?

CONC,LIISION, — Nous sommes ainsi ramenés à une remarque que nous avons eu déjà l'occasion de faire : le verbe 4( apprendre « et. le verbe « savoir «, qui sont les deux mots importants de la pensée de VAUVE-NARGUES, sont employés dans deux significations assez différentes. Au sens intellectuel, apprendre, c'est, acquérir une connaissance qui cons­titue un savoir : dans ce domaine, ce qu'on sait le mieux, c'est ce qu'on a appris. Mais au sens pratique, apprendre consiste à acquérir une expé­rience qui constitue un savoir-faire : ces savoir-faire s'acquérant par des procédés fort différents de Ceux par lesquels l'écolier fixe des connais­sances dans son esprit, on peut dire qu'on ne les apprend pas, ou que ceux qu'on sait le mieux sont ceux qu'on n'a jamais appris. Toutefois, il est bon de le noter, ils ne sont. pas nécessairement innés, et on peut les avoir acquis sans s'être appliqué à les apprendre. Par suite, pour Mer à la pensée de VAUVENARGIIES ce qu'elle présente de paradoxal, nous pour­rions la traduire ainsi : « Les choses qu'on sait le mieux sont celles qu'on a apprises sans avoir jamais en conscience de les apprendre.