Comme, dans un État libre, tout homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par lui-même
Publié le 23/03/2015
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Montesquieu
«
Textes commentés 47
Dans ce passage consacré au pouvoir législatif, Montesquieu pose le
problème de la représentation qui, au
xvme siècle, occupe une place fort
importante dans le droit et la philosophie politiques.
L'idée de représentation
n'est pas, pour lui, concomitante, comme elle le sera chez les révolutionnaires
français, de la reconnaissance de la souveraineté nationale.
Mais elle repose
sur deux idées fortes, l'une de nature psychologique, l'autre, de nature juridico
politique.
La psychologie politique guide d'abord l'analyse.
Montesquieu a dit que
« C'est une loi fondamentale de la démocratie que le peuple seul fasse des
lois» (E.L., Il, 2).
En cela s'exprime la« vertu» naturelle à ce régime.
Mais
outre les difficultés engendrées dans les États modernes
par l'expansion
territoriale et le développement démographique, la faiblesse psychologique du
peuple (qui demeure souvent
« le bas-peuple ») révèle de facto la nécessité de
recourir à la médiation de représentants.
En effet, le peuple a trop d'action ou
trop peu ; il est incapable de prendre des résolutions actives ;
il ne sait pas
discuter des affaires publiques.
En revanche,
« il est admirable pour choisir
ceux à qui il doit confier quelque partie de son autorité
».
Par conséquent, les
lois de suffrage sont fondées en nature.
Passant du constat à la règle normative,
Montesquieu déclare :
« Le peuple qui a la souveraine puissance doit faire par
lui-même tout ce qu'il peut bien faire ; et ce qu'il ne peut pas bien faire,
il faut 1
qu'il le fasse par ses ministres ».
Inscrit dans l'ordre des choses, le pouvoir de ·1
suffrage « est très à la portée » du peuple et celui-ci « ne doit entrer dans le
gouvernement que pour choisir ses représentants».
1
Par conséquent, du point de vue juridique, la représentation est la procédure
qui,
grâce au peuple lui-même, endiguera la menace despotique.
La
Constitution anglaise enseigne que le Parlement, en tant qu'organe 1
représentatif voulant pour la nation entière, fait obstacle aux abus de pouvoir
du Roi sans être asservi à la volonté populaire.
Montesquieu condamne alors le
« mandat impératif » dont le tort est double : il se calque sur la représentation
de droit privé, occultant ainsi la spécificité de la vie publique ; et,
en
comportant pour chaque affaire des instructions particulières, il rend les débats
parlementaires interminables.
Enfin, pour des raisons de psychologie
électorale, il est plus expédient et plus efficace que la représentation soit
locale..
»
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- Comme, dans un État libre, tout homme qui est censé avoir une âme libre doit être gouverné par lui-même, il faudrait que le peuple en corps (1) eût la puissance législative.
- Descartes, Les passions de l'âme, Pléiade, Gallimard, page 768. "Ainsi je crois que la vraie générosité, qui fait qu'un homme s'estime au plus haut point qu'il se peut légitimement estimer consiste seulement partie en ce qu'il connaît qu'il n'y a rien qui véritablement lui appartienne que cette libre disposition de ses volontés, ni pourquoi il doive être loué ou blâmé sinon pour se qu'il en use bien ou mal, et partie en ce qu'il sent en soi même une ferme et constante résolution d'en b
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