comentaire de texte ethique a nicomaque chapitre 9 livre 9
Publié le 10/12/2012
Extrait du document
«
plus ni moins pour nous que des êtres qui nous sont utiles.
Si nous avons besoin de nos amis, en quoi
sont-ils des amis? Nous répondrons ,bien entendu, l'ami est justement celui sur qui on peut compter,
«en cas de besoin», comme on dit...
Serait-il un ami celui qui se défilerait devant le service à rendre, le
coup de main dans la difficulté, la consolation dans la détresse? L'ami se définit justement par ce «en
cas de besoin» : l'ami des jours heureux est comme une assurance prise dans le bonheur contre le
malheur, une prévision de l'imprévisible.
Et c'est même là la seule vraie et solide définition de l'ami, de
l'ami solide et vrai.
Certes, mais alors on répondra : si l'ami est celui dont on a besoin, alors il ne nous
est qu'utile, un simple moyen dont on se sert et non un être à aimer.
Que reste-t-il de l'ami si ce n'est
pas pour lui-même qu'on l'aime? On a besoin des autres, du plombier pour réparer la tuyauterie, du
boulanger pour faire le pain, des voisins pour les petits services quotidiens ; le besoin qu'on a d'eux
n'empêche pas les bonnes relations sociales et même la courtoisie, de se dire «bonjour ,bonsoir ; et
encore merci ».
Mais l'ami, c'est autre chose, c'est l'être à qui nous lie l'amitié et non la nécessité, le
besoin de ceci de cela, de la maison ou du pain.
On n'attend rien de lui et surtout pas de « retour
d'ascenseur ».
L'ami des jours heureux est justement celui qu'on aime parce que, à la différence des
autres, aucun lien d'utilité ou de nécessité ne nous rattache à lui.
Ceci est la seule authentique et pure
définition de l'ami, de l'ami pur et authentique.
Pour en ressortir de la difficulté.
nous dirons donc ; l'ami vrai est celui qu'on aime pour lui-même dans
le bonheur et pour les besoins qu'il comble dans le malheur.
Mais c'est pour retomber sur l'autre
paradoxe.
En quoi alors, et en vue de quoi donc, l'homme heureux - l'homme toujours et parfaitement
heureux- aurait-il besoin d'amis s'il est, par définition, sans besoin? Nous sommes dans une impasse .
L'homme comblé n'a pas besoin d'amis et se suffit à lui-même, mais il ne peut être comblé que par
l'amitié qui le lie à d'autres.
L'ami vrai est celui qui nous est indispensable, mais il ne peut être ami
qu'à condition de n'être pas nécessaire.
Le premier paradoxe ne se résout qu'en nous rejetant dans le
second, qui, à son tour, nous renvoie au premier etc.
Ce paradoxe biface met en jeu trois concepts et leur propre tension interne; l'ami, le besoin, le bonheur.
L’ami, est-ce celui dont on a besoin ou celui dont on n'a pas besoin? Le bonheur, est-ce la vie pure de
tout besoin d'autrui ou la vie partagée avec autrui? Le besoin d'amis, est-ce l'indice de notre
impossibilité à être heureux ou la voie nécessaire à notre bonheur? Etc.
Ces trois contradictions
installent l'instabilité au coeur de l'anthropologie..
L’argumentation d’aristote destinée à resoudre cette antinomie est complexe.
Dialectiquement, la
thèse se fonde sur deux présupposés contestables: l'un sur ce que sont les amis, l'autre sur ce qu'est le
bonheur.
la première fausse supposition est: « Que veulent donc dire les partisans de la première
opinion et sous quel angle sont-ils dans la vérité? Ne serait-ce pas que la plupart des hommes
considèrent comme des amis les gens qui sont seulement utiles?» Telle est la première erreur de la
thèse: on suppose que les amis se définissent par le fait de nous être utiles; c'est en effet à cette seule
condition que l'on peut conclure que l'homme parfaitement heureux n'a besoin de rien et par
conséquent se passe d'amis (1169 b 23-28).
En ce sens, c'est vrai, l'homme heureux n'a pas besoin des
services de ses amis.
La Deuxième erreur est on suppose que le bonheur est « une chose qui existe une
fois pour toutes comme quelque chose qu'on a en sa possession» (1169 b 29-30).
On croit donc, dans
la thèse, que le bonheur se définit par la possession de biens assimilables à des choses; c'est en effet à
cette seule condition que l'on peut conclure que l'homme heureux est celui qui a tout..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire de texte : Ethique à Nicomaque Livre VI Chapitre 10 (Aristote)
- Le texte que nous allons étudier est un extrait du Livre X de l’Ethique à Nicomaque, écrit par le philosophe Aristote vers 335 avant J-C.
- Explication de texte : Aristote, Ethique de Nicomaque, livre III chap. II
- Commentaire de texte Locke: chapitre 18, du livre 4 des Essais sur l'entendement humain
- explication du texte Ethique a Nicomaque de Aristote