« Combien elles [Clytemnestre et Électre] se ressemblent ! Toutes deux viriles et toutes deux privées d'amour. À maints égards, sous sa froideur, Clytemnestre apparaît aussi blessée, aussi pathétique qu'Électre », estime Charles Mauron (Le Théâtre de Giraudoux, 1971). Cette affirmation vous paraît-elle fondée ?
Publié le 18/06/2009
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L'affirmation est pour le moins étonnante, tant les deux femmes se détestent et tant Électre répète à l'envi qu'elle ne « ressemble en rien « (II, 5) à sa mère. Leurs ressemblances sont pourtant bien réelles, mais ponctuelles et limitées.
I. Des ressemblances réelles Clytemnestre et Électre se rejoignent dans une identité de souffrance et dans un même refus du mensonge. Une identité de souffrance La mère et la fille ont en commun des blessures affectives. Clytemnestre résume avec lucidité ce que fut son existence : « Jamais une reine n'a eu à ce point le lot des reines, l'absence d'un mari, la méfiance des fils, la haine des filles...« (II, 5, p. 92). Sa vie sentimentale fut un long échec. Quoique, de manière légèrement différente, Électre éprouve les mêmes déceptions. Ainsi que le remarque justement le Jardinier, «elle se cherche une mère, Électre, elle se ferait une mère du premier être venu « (entracte, p. 73). Elle n'a jamais reçu l'amour qu'elle espérait de Clytemnestre. Quant à l'adoration qu'elle voue à son père, il s'agit en grande partie d'un amour reconstruit, érigé en culte, tant elle l'a peu connu. Les deux femmes sont en définitive habitées par une même souffrance et une même insatisfaction.
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