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Claude BERNARD : Le fondateur de la médecine expérimentale.

Publié le 12/07/2011

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claude bernard

Si Claude Bernard adapta la méthode expérimentale utilisée dans les sciences physico-chimiques à l'étude des phénomènes-biologiques, c'est en vue de la médecine. D'ailleurs la biologie sembla pendant longtemps réservée aux médecins. Aussi est-ce surtout contre ces derniers que Claude Bernard eut à combattre, et son œuvre se présente avant tout comme la création de la médecine expérimentale ou scientifique. Notons immédiatement la définition qu'il en donne lui-même; les pages qui suivent ne feront que l'expliciter. La médecine expérimentale est une médecine scientifique, qui est fondée sur la physiologie et qui a pour but de trouver les lois des fonctions du corps vivant afin de pouvoir les régler et les modifier dans l'intérêt de la santé de l'homme. (Principes, p. 106.) 

claude bernard

« était à peu près inévitable.Il manque aussi à Claude Bernard, nous semble-t-il, d'avoir fait de la psychiatrie.

5,'il avait eu à soigner des mythomanes ou des scrupuleux, il n'aurait sans doute pas écrit d'une façon aussi catégorique : « Si l'onadmettait comme vérité, qu'il existe des affections ne reconnaissant pour cause aucune modification des organes, on verrait s'écrouler d'un seul coup tout l'édifice scientifique.

» (Pathol.

expér., p.

128.)Mais on ne peut voir qu'une exagération oratoire déplacée quand on traite de questions scientifiques dans cette affirmation : « On ne saurait tourner plus complètement le dos à la médecine et à la science.

» Entre tout etrien il y a bien des intermédiaires.

Claude Bernard a orienté la médecine, empirique jusqu'à son époque, vers les méthodes scientifiques.

Son action s'est bornée à la physiologie et il a trop laissé dans l'ombre le point devue psychologique ou moral.

C'est à ses élèves, en appliquant les principes du maître à un domaine qu'il a négligé, de compléter son œuvre et de constituer la médecine psycho-somatique de demain: En médecine, « il faut subir l'empirisme... Toutes les sciences commencent par des observations faites sans méthode et d'où résulte un certain savoir confus.

C'est le stade empirique.

Stade nécessaire à l'avènement de la science; la méthode scientifique consistantessentiellement dans la vérification d'une hypothèse, ce sont les opinions communément reçues qui seront le point de départ nécessaire de l'expérimentation.Il en est ainsi en médecine.

Elle fut d'abord « mystique » et plus ou moins mêlée à la religion (chez nos guérisseurs du XXe siècle la séparation n'est pas encore consommée).

Elle passa ensuite par le stade de P «empirisme non scientifique » ou « empirisme pur », caractérisé par « une espèce de routine, une sorte d'expérience de sentiment dont on ne se rend aucunement compte »; l'empirique prétend se diriger d'après « un tactmédical particulier, un coup d'œil médical spécial que ne possèdent pas les autres médecins (...).

On comprend comment, une fois lancé sur cette pente, l'empirique devient fantaisiste et charlatan, même de bonne foi ! »(Principes, p.

46-47.) Au-dessus de cette forme primitive du savoir ou plutôt du savoir-faire nous trouvons l'empirisme scientifique qui se fonde sur l'observation de faits précis et déterminés, mais ne s'élève pas jusqu'àleur explication; elle établit, par exemple, en recourant au besoin à des statistiques, quel est le remède le plus efficace contre une maladie, mais reste incapable de donner la raison de cette efficacité comme aussi dedéterminer la cause du mal. Au terme de l'évolution, la médecine arrive au stade expérimental ou scientifique :Le médecin expérimentateur (...) veut comprendre ce qu'il fait; il ne lui suffit pas d'observer et d'agir empiriquement, mais il veux expérimenter scientifiquement et comprendre le mécanisme physiologique de la productionde la maladie et le mécanisme de l'action curative du médicament.

Il est vrai qu'avec cette tendance d'esprit, s'il était exclusif, le médecin expérimentateur se trouverait autant embarrassé que le médecin empirique l'étaitpeu.

En effet, dans l'état actuel de la science, on comprend si peu de chose dans l'action des médicaments, que, pour être logique, le médecin expérimentateur se trouverait réduit à ne rien faire et à rester le plus souventdans l'expectation que lui commanderaient ses doutes et ses incertitudes.

C'est dans ce sens qu'on a pu dire que le médecin savant était toujours le plus embarrassé au lit du malade.

(Introduction, III, IV, § 3, p.

333-334.)Mais Claude Bernard n'approuve pas le médecin qui, sous prétexte de traiter scientifiquement ses malades alors qu'il n'y a pas de thérapeutique scientifique, refuserait de recourir aux remèdes empiriques et, à l'exemplede Magendie, laisserait faire la nature.Je n'ai jamais dit : tout ce que l'on a fait jusqu'ici et tout ce que l'on fait aujourd'hui en médecine est mauvais et doit être abandonné.

Je ne dis pas du tout cette absurdité qu'on m'a prêtée : ne faites rien à vos malades etattendez pour les traiter que la médecine expérimentale soit faite.

Je dis au contraire et je le répète à satiété depuis dix ans : la médecine, comme toutes les sciences, procède nécessairement par empirisme avant deprocéder scientifiquement.

La médecine dans cet état est déjà incontestablement utile.

Hé bien ! vous dis-je, procédez empiriquement tant que vous ne pourrez faire autrement.

(Principes, p.

108.)Claude Bernard compare justement sa situation à celle décrite au début de la troisième partie du Discours de la méthode.

Descartes a décidé de mettre en doute tout ce qu'il a cru jusqu'ici afin de rebâtir l'édifice de sonsavoir sur des fondements plus assurés.

Mais, en attendant, il faut vivre.

Aussi fixa-t-il quelques principes pratiques qu'il compare au logis provisoire que se procure celui qui a décidé de démolir sa maison pour lareconstruire plus belle.

« Suivant le précepte de Descartes, dit Claude Bernard (Principes, p.

287), nous garderons notre ancienne cabane pour nous mettre à l'abri avant que nous ayons pu construire une meilleurehabitation.

»Il n'en reste pas moins vrai que le médecin expérimentateur éprouve une certaine répugnance à recourir à des traitements empiriques dont il ne comprend pas l'action.

Il les utilise faute de mieux, par conscienceprofessionnelle, mais sa conscience scientifique demande autre chose. ...

mais vouloir l'ériger en systèmeest antiscientifique.

» (Introd., III, IV, § 3, p.

335.) A l'époque de Claude Bernard, beaucoup de médecins, non seulement ne demandaient pas autre chose, mais prétendaient encore que, étant un art, la médecine ne pourrait jamais devenir une science.

Le professeur duCollège de France s'insurge contre cette conception :L'opinion professée par certains médecins que la médecine ne doit jamais sortir de l'empirisme est non seulement une opinion anti-scientifique, mais elle est de plus très dangereuse pour la jeunesse, parce qu'ainsi quenous l'avons dit précédemment, elle favorise la paresse et le charlatanisme.

(Principes, p.

48.)« La médecine est la science de quérir.

»Contrairement à l'opinion des partisans de l'empirisme en médecine, Claude Bernard affirme avec force : « On dit : la médecine est l'art de guérir, il faut dire : la médecine est la science de guérir.

Le but de la médecineest d'arriver à guérir scientifiquement, non empiriquement.

» (Physiol.

opér., P 15.)Sans doute, elle est loin de cet idéal.

Au début de son enseignement, en î 847, Claude Bernard avouait : « La médecine scientifique que je dois vous enseigner n'existe pas.

» Vingt ans plus tard, après la publication de huitvolumes de leçons et de l'Introduction, il s'en fallait de beaucoup qu'il chantât victoire : « Aujourd'hui je puis dire : La médecine scientifique expérimentale que je dois enseigner n'est sans doute pas encore définitivementconstituée, mais je la pressens, je la vois poindre à l'horizon scientifique, j'en saisis, je crois, quelques traits principaux.

» (Principes, p.

22.)La médecine sera devenue scientifique lorsque, le déterminisme de la maladie et celui de la guérison ayant été découverts, le praticien pourra intervenir avec une certitude de succès analogue à celle de l'ingénieur quirépare une machine.Un médecin empirique se trouve satisfait quand, à l'aide de l'empirisme, il est parvenu à savoir qu'un remède donné guérit une maladie donnée, à connaître exactement les doses suivant lesquelles il faut l'administrer et lescas dans lesquels il faut l'employer; il pourra croire aussi avoir atteint les limites de la science médicale.

Mais le médecin expérimentateur [voudra de plus] pénétrer à l'aide de l'observation dans les phénomènes intimes dela machine vivante et en déterminer le mécanisme à l'état normal et à l'état pathologique (...).

En un mot, il ne suffira pas au médecin expérimentateur de savoir que le quinquina guérit la fièvre; mais ce qui lui importesurtout, c'est de savoir ce que c'est que la fièvre et de se rendre compte du mécanisme par lequel la fièvre guérit.

(Introduction, III, IV, § 3, p.

331-332.)Si, dans son ensemble, la médecine en est encore, à l'époque de l'Introduction, au stade empirique, sur quelques points cependant elle est parvenue au stade expérimental, et ces rares exemples nous donnent une idée dece qu'elle pourra être le jour où elle aura complètement atteint ce niveau.

La gale est une maladie dont le déterminisme est aujourd'hui à peu près scientifiquement établi; mais il n'en a pas toujours été ainsi.

Autrefois on ne connaissait la gale et son traitement que d'une manière empirique.

Onpouvait alors faire des suppositions sur les rétrocessions ou les dépôts de gale et établir des statistiques sur la valeur de telle ou telle pommade pour obtenir la guérison de la maladie.

Aujourd'hui que la cause de la gale. »

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