Claude Bernard et l'éducation scientifique
Publié le 01/08/2012
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Quoi qu’il en soit, il semble que Claude Bernard présente une vue quelque peu archaïque de la science. La naissance de la mécanique quantique, l’étude du mouvement des atomes, la notion de réalité naturelle comme unique critère de validation des sciences a perdu beaucoup de crédit. Depuis que l’objet scientifique n’est plus observable par l’œil humain, depuis qu’il est davantage un objet de part en part construit par la théorie, c’est plutôt du côté de la cohérence logique d’une science que l’on se tourne pour l’apprécier. Comme l’a montré Bachelard, les théories scientifiques sont devenues elles-mêmes des instruments pour construire des objets et d’autres théories. Nous perdons ainsi de vue le critère classique d’adéquation à la réalité naturelle. Il paraît donc difficile de souscrire pleinement à la conclusion de Claude Bernard, selon laquelle « En un mot, il faut modifier la théorie pour l’adapter à la nature et non la nature pour l’adapter à la théorie «. Les avancées technologiques et scientifiques actuelles peuvent tout à fait contredire et conduire à réformer cette vérité énoncée par l’épistémologue et scientifique de renom. Nous sommes donc en droit, conformément à la compréhension de la pensée de Bernard, de considérer cette proposition comme partielle et provisoire, vraie au moment où elle a été énoncée, donc «fausse absolument parlant «. Certes, il est évident qu’une théorie qui se moquerait de toute implication pratique risquerait de conduire à l’erreur certainement. Mais une théorie peut légitimement avoir pour but de modifier la nature, même si ce but exige une connaissance vraie de la nature, celle-ci peut parfois passer par des détours théoriques, éloignés de la réalité naturelle, et dont il faut accepter le principe.)
«
Il est toutefois possible d'objecter à Claude Bernard, qui fait pourtant figure de précurseur de l'épistémologie contemporaine dans cet extrait, que les avancéesscientifiques et technologiques contemporaines remettent en question son critère de conformité et d'adéquation des « théories » à la réalité naturelle.
En effet,désormais, bon nombre de recherches sont conduites sur des objets scientifiques non accessibles à l'œil humain, et la plupart d'entre elles font davantage appel à lalogique ou à la rationalité qu'à une adéquation immédiate avec l'observation expérimentale.Sa thèse peut donc, et doit donc, au vu de ces nouvelles données, être rediscutée, et ce, conformément à sa propre pensée, et laisser place à une nouvelle théorie..
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