Choisit-on d’être artiste ?
Publié le 23/12/2022
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«
Choisit-on d’être artiste ?
Dissertation de Philosophie (corrigé)
« Le bon goût c’est mon goût » disait Salvador Dali, un artiste aux œuvres étranges dont on
qualifie même la forme expressive de « surréaliste ».
Si l’on accordait du crédit à cette phrase
célèbre d’un expert en son art, cela signifierait donc que chacun peut-être un artiste dès qu’il a un
avis sur une œuvre.
L’artiste est généralement vu comme le génie inspiré qui transfigure le réel
dans une vision envoûtante.
Il paraît donc évident que l’art n’est pas fait pour tout le monde.
Pourtant l’artiste lui-même choisit-il d’être ce qu’il est? N’est-ce pas la muse qui murmure à son
imagination la créativité ? Toutefois, si la muse est une réalité indépendante, comment choisit-il
alors son médiateur ? N’est-ce pas là une voie mystique qui annulerait toute l’originalité de la
personne-artiste ? L’artiste fait-il l’art, ou l’art est une dimension qui transcende sa volonté ? Nous
allons répondre à ces problématiques délicates en adoptant le plan suivant : on va voir dans une
première partie que des réalités transcendent la volonté artistique.
Mais ensuite, dans une seconde
partie, on va aussi considérer le fait qu’on choisit d’être artiste tant que l’on décide quoi faire de
notre talent.
I.
On n’est pas maître de notre réalité artistique
A.
L’art en tant que champ culturel décide qui est un artiste
A travers l’histoire, le concept d’ « artiste » n’est pas isolé de ce champ culturel où il évolue, qu’est
le monde de l’Art.
En effet, ce dernier est maintenant un système qui choisit quelle personne
intégrer, où l’intégrer et comment l’intégrer.
D’abord, d’un point de vue commercial, il y a les
éditeurs et les producteurs qui choisissent quelle personne est digne de véhiculer tel ou tel style
artistique, et pour quelle demande du public.
Car oui, l’Art a une demande selon les humeurs en
vogue.
Cette flatterie qui caractérise la société est analysée par Descartes en son temps : « Mais
ce qui plaira à plus de gens, pourra être nommé simplement le plus beau, ce qui ne saurait
être déterminé ».
Des beaux-arts, on tourne autour du classicisme, du baroque, du rococo, du néoclassicisme etc.
Ensuite, d’un point de vue de l’esthétique, ce qui se rapporte au jugement du goût,
on est encadré par des styles prédéfinis.
Qu’importe le gribouillis qu’on crée, on n’est pas artiste si
on n’est pas dans les mouvances et les normes.
Mais surtout, on n’est pas sérieusement reconnu par
la communauté artistique sans être en relation avec elle.
B.
L’artiste n’est que le médiateur de l’inspiration
Mais plus fondamentalement, au vu de l’œuvre d’art même, il nous reste à interroger si l’artiste est
l’élu de l’inspiration, et s’il a une emprise sur son génie.
En effet, le génie qui ne semble pas être
présent chez tout le monde, ni même tout le temps, montre que le titre d’artiste n’est pas le produit
d’un métier qui peut s’apprendre.
Chez l’artisan, on peut parler des règles d’art qui visent
nécessairement un produit bien défini, le fait de fabriquer est le processus d’un plan méthodique
admis dans le cadre d’une profession particulière.
Bien entendu, dans le monde de l‘Art, il y a des
écoles qui proposent la maîtrise de procédés, des techniques plus ou moins élaborées qui veulent
assurer la qualité de la production de l’œuvre.
Dans les arts visuels par exemple, on enseigne des
règles de perspective où on fait appel à des stratégies psychologiques jouant sur la perception.
Toutefois, n’est-ce pas là souligner ce qui est le moins artistique chez l’art, car où pourrait-on
apprendre la créativité qui fait éloge à ces œuvres originalement fascinantes ? La réponse est à
méditer dans cette citation de Platon, tirée de son ouvrage Ion : « Ce n’est pas eux (les poètes) qui
disent ces choses dont la valeur est si grande, eux de qui l’esprit est absent, mais c’est la Divinité
elle-même qui parle, qui par leur entremise nous fait entendre sa voix ».
Certainement, il est
possible de reproduire la Joconde après l’avoir observé, après tout, on a inventé les photocopieuses,
mais ce serait confondre la reproduction et la création.
Cette dernière semble ne se montrer
qu’après l’action, elle est une découverte et non une fin déterminée.
En art, on ne peut apprendre
que ce qui a déjà été produit, et non ce qui est encore à créer.
Cependant, le fait qu’une autre réalité que l’œuvre décide qui est l’artiste, cela nous fait questionner
sur nécessairement l’impossibilité de tout choix personnel dans l’univers artistique.
Bien qu’il y ait
cette incapacité à reproduire du génie, mais ne serait-ce pas là ironiquement réduire l’acteurconcepteur humain à être le simple instrument de nature qui le transcende ?
II.
Être artiste est un choix délibéré
A.
La créativité artistique s’apprend
Il est vrai que les personnes talentueuses sont une véritable bénédiction pour l’humanité, et que les
grandes œuvres ont véritablement apporté quelque chose aux générations postérieures.....
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