« C’est la matérialité qui met en nous l’oubli. »
Publié le 19/09/2015
Extrait du document
II. Les restrictions qui s’imposent :
1° Il y aurait lieu d’abord de dire comment, et selon quel procédé, le cerveau (car c'est de lui évidemment qu il peut être ici question; opère en nous cette disparition plus ou moins prolongée.
Bergson s'y est essayé, de façon d'ailleurs originale, mais qui reste trop dominée par l'idée préconçue dirigeant son système : « Le cerveau, instrument d’action, masque ou rappelle un état suivant qu’il cesse d être ou redevient utile à l’action. »
2° De plus, contre la thèse de Ravaisson (comme d’ailleurs contre la thèse de Descartes et Ribot) semblent militer aussi certains caractères de l’oubli, soit volontaire, soit spontané.
a) Il est d'abord certains faits que volontairement et consciemment l’esprit lui-même, faisant comme le tri de ses états, néglige et laisse disparaître parce que peu importants ou même importuns;
b) Quant à l’oubli spontané, il obéit aux lois psychologiques d'antagonisme et d'intérêt.
Un état disparait du champ de la conscience d’autant plus facilement, en particulier :
«
qu'il sera, le pur eEprit voit tüutes choses sous forme d'éternité.
" Le
pur esprit n 'oublteratt donc pas.
b) La conclusion s'impose aisément : Puisque de fait, d ·autre part, l'oubli existe, il faut en chercher la canEe dans la limitation apportée à notre esprit par la matière qui lui est unie et qui l"amène à perdre la pos session ou du moins la possession consciente de ses faits passés : « C'est la matérialité, sous la dépendance de lal[uelle sont nos sens, qui met en
nous l'oulili.
" Que pen~cr de celle affirmation P
II.
Les restrictions qui s'imposent
1 o Il y aurait lieu d'abord de dire comment, et selon quel procédé, le cerveau (car c'est de lui évidemment qu il peut être ici l[Uestion) opère en nous cette disparition plus ou moins prolongée.
Beryson s'y est essayé, de façon d ailleurs originale, mais qui reste trop dominée par 1 'idée préconçue dirigeant son système : « Le cerveau, ins trument d'action, masl[Ue ou rappelle un état suivant qu'il cesse d être ou
redevient utile à l'action.
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2° De plus, contre la thèse de Havaiswn (comme d'ailleurs contre la thèse de Oct3cartes et Hibot) semblent militer aussi· certains caractères de
l 'oulili, soit vuwntaire, soit spontané.
a) Il est d'abord certains faits l[Ue 1:olontairement et consciemmenz l'esprit lui-mème, faisant comme le tri de ses étals, néglige et laisse disparaître parce que peu importants ou mème importuns;
b) Quant à l'oubli spontané, il obéit aux lois psychol-ogiques d'anta yonisme et d 'intérèt.
IJn état disparait du champ tle la conscience d'autant plus facilement, en particulier : - qu il a été moins vif, et nous a moins frappés; -- quïl est plus éloigné; - qu ïl est moins conforme à nos tendances habituelles, à nos di:;: po- sition., momentanées; - qu ïl est moins lié à d'autres états affectifs ou représentatifs.
Or ces conditions sont bien d'ordre psychologique et non d'ordre matériel.
Co:-;-cLusrox : La conciliation.
- Peut-être, au fond, tous ces faits ne sont-ils pas si opposés qu'ils le paraissent à la thèse de Ravaisson, car
1° ils laissent intacte 1 'idée fondamentale de son système; à savoir : si l'esprit est obligé d'agir ainsi, e est qu ïl voit son énergie propre
limitée par son union à la matière; d'ailleurs la loi de fréquente répétition s'opposant à 1 'oubli et les rapports de la mémoire-souvenir avec la mémoire-habitude inclinent à pencher en ce sens;
2° il reste vrai aussi que l'esprit, pour con~erver ses états de cons
cience, doit user du cerveau comme d'un instrument, d'une condition dont les qualités ou les imperfections se reflètent dans chaque individu, sur les caractères de la mémoire.
Plus l'instrument est déficient, plus 1 'oubli peut être complet, dépassant même les limiles de l'oubli normal pour arri ver à 1 'oubli pathologique, qui permet de dire, plus que nul autre, dans le sens de Ravaisson plutôt qu'en celui de Hibot: « C'est la matérialité qui met en nous l'oubli.
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