Cela a-t-il un sens de vouloir échapper au temps ?
Publié le 11/09/2011
Extrait du document
Vouloir échapper au temps est une des grandes préoccupations de l'être humain.
Or on comprend que cette volonté acharnée de se soustraire au temps, dans la
mesure où le temps apparaît comme ce qui « détruit « et « efface « tout. Pour
autant, cette volonté n'est-elle pas vaine et illusoire ? N'est-il pas
impossible, au fond, de sortir de la temporalité, laquelle est l'expression même
de notre condition mortelle ? Et, dès lors, si vouloir échapper au temps n'a pas
ou plus de sens, quel rapport peut-on entretenir avec le temps ? En d'autres
termes, comment l'homme pourrait-il maîtriser ce qui le maintient dans la
finitude ?
«
en nous.
L'hystérique qui souffre de réminiscences est ainsi malade de ses
souvenirs refoulés, qu'il n'arrive pas à oublier.
Donc, vouloir échapper au
temps ne consisterait pas seulement à vouloir échapper à son caractère
destructif, mais consisterait aussi, d'une part, à vouloir échapper au fait que
certains souvenirs restent « présent » en nous alors que nous voudrions les
oublier et, d'autre part, à vouloir nous « délivrer » du sens que le temps nous
donne à poursuivre (Sartre),
II-3 Vouloir échapper au temps n'a aucun sens
Par conséquent, si le temps peut être perçu à la fois comme ce qui détruit, mais
aussi comme ce qui ne fait pas disparaître, c'est peut-être que nous incriminons
le temps au lieu de nous incriminer nous-mêmes, selon que notre existence nous
échappe ou nous pèse.
Ainsi, le sens que nous mettons à vouloir échapper a temps
est donc contradictoire et vain, subjectif et non objectif,
III Quel doit être le sens de notre rapport au temps ?
III-1 Le temps comme condition de notre liberté
L'essence du temps n'est donc ni destructrice ni pesante en soi.
C'est nous qui
la rendons destructrice ou pesante, selon ce que nous vivons.
Le temps doit donc
être pensé comme un « cadre » de perceptions, dans lequel nous pouvons saisir
les phénomènes internes et externes (Kant).
En ce sens, le temps n'est rien en
lui-même, mais est une simple mesure possible, donc une dimension de notre
existence, au même titre que l'espace.
Ainsi, c'est dans le temps et grâce au
temps que les choses nous apparaissent et prennent un sens.
III-2 Le temps comme paradoxe de l'existence humaine
Nous devons donc repenser notre rapport au temps, tout en sachant, d'une part,
que nos devons mourir un jour et, d'autre part, que notre histoire se maintient
en nous grâce à notre conscience.
Ainsi, le paradoxe de l'existence humaine,
paradoxe qu'il nous faut assumer et orienter, c'est de devoir à la fois
disparaître et vivre l'unité d'une histoire.
Dès lors, nous être dans le temps
et nous devons vouloir nous y maintenir afin de montrer que nous prenons en
charge notre condition mortelle tout en lui donnant du sens.
III-3 La liberté, entre le poids et l'inconsistance
Ainsi, ne pas vouloir échapper au temps, c'est d'équilibrer notre rapport à
notre propre existence.
C'est savoir nous souvenir de ce que nous fûmes en
donnant à notre existence une consistance, une « étoffe », une histoire, choisie
par nous et non subie.
C'est également d'accepter de disparaître sans pour
autant vouloir ne plus rien construire.
Ainsi, choisir le sens de notre passé
par rapport à de nouveaux projets (Sartre), c'est assumer librement une histoire
en décidant nous-mêmes de la poursuivre ou d'en changer le sens.
De même, l'art,
la science sont des moyens de pérenniser notre existence en en faisant don à
l'humanité et non plus en voulant illusoirement ne pas mourir.
Ici, c'est la
conscience de ne pouvoir échapper au temps qui oriente positivement notre
existence.
Et, paradoxalement, c'est de cette manière que nous lui échappons
réellement, en lui faisant face et non plus en le fuyant..
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