Ce qui est vrai le restera-t-il toujours ?
Publié le 16/08/2005
Extrait du document
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est englobée dans la théorie de la relativité généralisée de Einstein.
On peut même conjecturer que, sans êtrevraies, les théories nouvelles sont plus proches du vrai que celles qu'elles ont dépassées.
Autrement dit, lesrapports polémiques entre les constructions théoriques et les faits nouveaux sont à la source d'une plusgrande rationalisation du réel et de progrès de la raison elle-même.
[L'usage de la raison ne suffit pas à nous prémunir contre l'erreur.
L'homme est mû plus par les passions que par la raison.]
La raison a des limitesAvec le grand rationalisme classique inauguré par Descartes, la raison apparaissait comme l'instrumentinfaillible d'une critique des erreurs et des illusions, généralement imputées aux sens ou à l'imagination.Or, avec Kant, l'illusion est portée au coeur même de la raison.
Le rationalisme fait place au criticisme, cad àune critique permanente des moyens de la connaissance, et à un incessant procès de la raison contre elle-même et ses prétentions abusives.
C'est le sens de l'illusion transcendantale : la raison prétend connaître au-delà des limites de l'expérience et déterminer des choses en soi, cad des objets qui ne sont pas donnés dansun phénomène sensible (le Moi, le monde, Dieu).L'illusion n'est plus seulement un déchet à éliminer (Platon, Descartes), mais elle est consubstantielle àl'instrument lui-même, la raison, qui se trouve empêtrée dans ses propres contradictions (antinomies :opposition d'une thèse et de son antithèse).
La « Dialectique transcendantale » est donc cette partie de la «Critique de la raison pure » où Kant examine comment la raison se contredit elle-même lorsqu'elle veutconnaître au-delà de l'expérience.Et il est bien question ici d'illusion, et non d'erreur, car l'illusion transcendantale est inévitable, incorrigible, àl'inverse de l'erreur.
L'illusion transcendantale est un besoin structurel de la raison pure, et aucun effortd'attention ne peut y remédier.La connaissance est unification.
Pas de connaissance sans données sensibles ; mais les formes a priori de lasensibilité (espace et temps) unifient déjà les données de l'expérience.
Puis cette expérience sensible estunifiée sous les catégories de l ‘entendement.
La raison, enfin, a pour destination d'unifier toute laconnaissance en un système sous des idées, le moi, le monde et Dieu.
Ces idées ne sont donc que des formesorganisatrices, ou des « principes régulateurs ».
Il y a illusion dès lors que la raison nous induit, par sonessence même, à prêter à ces idées une valeur objective, et à vouloir faire de la psychologie et de lathéologie des sciences à part entière, alors que nous n'avons aucune expérience sensible de ces objets, et nepouvons en aucune façon en avoir.La dialectique a pour tâche de nous prémunir contre cette apparence trompeuse qui consiste à prêter unevaleur objective à ces pures formes de la raison.L'illusion de la psychologie rationnelle (ou paralogisme) consiste à transformer le « je pense », forme a priorid'unification de mes connaissances, en un être substantiel, à faire du pur sujet de la pensée un objet de lapensée.
L'illusion peut alors se développer en une pseudo-science de la nature, de l'origine et de l'immortalitédu moi.L'illusion cosmologique objectivise l'idée du monde comme unité suprême de l'expérience externe.
L'illusion serévèle à travers les quatre antinomies qui permettent, concernant quatre « propriétés » du monde, desoutenir à la fois la thèse et l'antithèse.• Première antinomie : le monde a un commencement dans le temps et il est limité dans l'espace/ le monde n'apas de commencement dans le temps et n'est pas limité dans l'espace.• Seconde antinomie : tout ce qui existe est composé d'éléments simples / il n'existe rien de simple dans lemonde (divisibilité à l'infini).• Troisième antinomie : tout n'est pas soumis au déterminisme, il existe une causalité libre / il n'existe pas decausalité libre.• Quatrième antinomie : il existe un être nécessaire, comme partie ou cause du monde / il n'existe pas d'êtrenécessaire, ni dans le monde, ni en dehors.
En l'absence du critère de l'expérience, la raison démontre aussi bien le pour que le contre.
Surgit alors lefantôme du scepticisme.
Mais Kant pense échapper au scepticisme justement en mettant à nu le sophisme,qui fait glisser d'une idée de la raison à son existence comme chose en soi objective.
La raison est à elle-même son propre remède : c'est la démarche critique.Il en va de même, enfin, concernant la théologie rationnelle qui entretient l'illusion de preuves de l'existencede Dieu, preuves que Kant démonte une à une, montrant leur valeur purement spéculative.Avant Kant, Hume avait déjà soumis ces trois idées, le moi, le monde, Dieu, à une critique définitive en enmontrant la connaissance illusoire.
Mais Hume, en sceptique, concluait à l'inutilité, voire au caractère néfastede ces idées pour la science, Kant, au contraire, malgré leur charge d'illusion, leur accorde un rôle positifsuprême comme pôle d'unification systématique de la connaissance humaine.Les idées de la raison n'ont pas de valeur transcendante (objective), mais uniquement une valeur régulatriceet organisatrice dans l'interprétation de l'expérience.
Sans elles, pas de système, mais une simple.
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