Ce qui est naturel est-il normal ?
Publié le 01/07/2015
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Il s'agit de savoir si ce qui relève de l'instinctif, de l'absence de toute intervention humaine, ou encore de la nature de l'homme (trois significations courantes du terme « naturel «) peut ou non devenir une norme pour nos pensées et notre conduite. Est-ce parce que le naturel nous guide souvent, à notre insu, qu'il est légitime de l'ériger en critère du vrai et du bien ?
n
·
· « [...] en nous-même et hors de nous-même, nous comprenons la nature en lui résistant « (Bachelard, La Formation de l'esprit scientifique).
· La culture désigne « ce tout complexe qui comprend la connaissance, la croyance, l'art, la morale, le droit, la coutume et toutes les autres apti‑
tudes ou habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la société « (F. D. Taylor).
· « Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche de comportements que l'on appellerait " naturels ", et un monde culturel ou spirituel fabriqué « (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la perception).
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LA NATURE
tudes ou habitudes acquises par l'homme en tant que membre de la
société
» (F.
D.
Taylor).
• « Il est impossible de superposer chez l'homme une première couche
de comportements que
l'on appellerait " naturels ", et un monde culturel
ou spirituel fabriqué
» (Merleau-Ponty, Phénoménologie de la percep
tion).
CORRIGÉ
[Introduction]
L'on entend souvent dire qu'il « faut être naturel» dans ses rapports
avec autrui.
Cela signifie
qu'il ne faut pas se travestir ni s'embarrasser de
précautions comportementales ou langagières dont personne
n'est dupe :
il
faut« être soi-même».
Mais, d'un autre côté, on se réclame souvent du
naturel pour excuser voire légitimer une conduite contraire aux règles de
bienséance et de respect
d'autrui: il s'est mis en colère parce que« c'est
sa nature», ou elle lui a raconté sans ménagement des vérités blessantes
parce que
cela« venait du cœur».
L'ambiguïté de cette attitude commune permet de poser le paradoxe du
naturel
:est-ce parce qu'on l'allègue ou qu'il se manifeste fréquemment,
qu'on doit l'ériger en critère du vrai et du bien? Est-ce parce qu'il est
normal
qu'il doit devenir normatif et, le cas échéant, à quelles condi
tions?
[1.
Ce qui est naturel est normal]
[1.
L'homme est avant tout un être naturel]
Si on définit le naturel comme ce qui relève de l'instinct et des pul
sions, alors il serait mensonger d'affirmer que sa présence en
l'homme est
anormale ou même pathologique.
Car avant
d'être raisonnable, l'homme
est un animal, capable de sentir et de pâtir (au sens d'éprouver des pas
sions).
Un certain refoulement de ces pulsions est bien sûr nécessaire pour
vivre en harmonie avec autrui.
Mais, comme l'explique Freud, la négation
de notre naturalité peut induire des comportements déviants voire patho
logiques.
Chez le névrosé, par exemple, le processus de refoulement dans
l'inconscient
n'a pas fonctionné.
C'est parce qu'il s'est montré incapable
de donner une satisfaction, au moins substitutive, à sès pulsions natu
relles,
qu'il est passé du côté des malades mentaux, des« anormaux»..
»
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- Georges Canguilhem, Le Normal et le pathologique (résumé et analyse)