Ce qui dépasse la raison est-il nécessairement irrationnel?
Publié le 07/04/2005
Extrait du document
Aussi est-il possible de
penser au-delà de l'expérience par l'entremise de la raison, mais impossible de
connaître : autrement dit, on peut penser mais jamais connaître rationnellement
les idées de la raison que sont l'âme, Dieu et le monde.
Dans notre perspective, cela ne signifie pas que quelque chose dépasserait la
raison : nous pouvons toujours penser Dieu par exemple. Ce qui en revanche est
certain, c'est que jamais nous n'aurons de connaissance rationnelle de Dieu. La
raison est limitée non par ces objets, mais par le fait qu'une connaissance
rationnelle suppose qu'un matériau de l'expérience soit donné.
Cela signifie encore que nous n'avons pas besoin de rechercher ce qui excède la
raison pour nous heurter à la limite du rationnel : nous le rencontrons au sein
même de la raison, lorsque celle-ci tourne pour ainsi dire à vide, c'est-à-dire,
sans matière de l'expérience.
II - Tout ne peut-il pas
être rationalisé ?
La
perspective kantienne nous permet de renvoyer toutes les idées métaphysiques de
la raison dans le domaine de l'irrationnel, ce qui constitue une première
délimitation. Si maintenant nous demeurons au sein même de ce dont on peut faire
l'expérience, nous rencontrons une autre limite : tout n'est pas pour l'instant
rationnel, loin de là. En témoigne le progrès continuel des sciences. La
question est alors de savoir si une rationalisation totale est envisageable ou
non.
Analyse du sujet :
- Une raison désigne premièrement un motif ou une justification : donner la raison de quelque chose (une action, l'existence de quelque chose, etc.), c'est répondre à la question « pourquoi ? «. La raison n'est donc pas nécessairement une cause efficiente (au sens d'Aristote), c'est-à-dire une cause qui précède son effet, mais peut-être par exemple un but, un objectif, une motivation, etc.
- La raison, deuxièmement, désigne à la fois une faculté et une qualité de l'homme.
- En tant que faculté, elle est inhérente à l'homme : il est « doué de raison «, c'est un « être raisonnable «. Elle est la faculté mise en jeu lorsque l'homme pense, parle, connaît, calcule, etc. Elle s'oppose alors à la sensibilité, qui est faculté de nos sens à être affectés. Elle s'oppose également à la croyance et à la foi qui ne sont pas des facultés mais qui, comme la raison, permettent de donner du sens sans toutefois le fonder sur un savoir rationnel.
- En tant que qualité, elle s'oppose de ce qui est déraisonnable, irréfléchi, ce qui manque de bon sens.
- Est dit rationnel ce qui procède d'un calcul (ratio en latin). L'irrationnel est alors l'illogique.
- Raison et rationalité situent d'emblée notre investigation dans le champ de la théorie de la connaissance, et dans celui de la croyance.
Problématisation :
La question présuppose que quelque chose dépasse la raison : il nous faut nous demander si c'est le cas puis identifier ce qui dépasse la raison avant de pouvoir statuer sur son irrationnalité.
I - Qu'est ce qui dépasse la raison ?
Le deuxième problème tient au fait que nos connaissances sans cesse progressent : n'est ce pas là l'indice que, même si aujourd'hui des choses nous échappent, tout pourra pourtant à terme être rationalisé ?
II – Tout ne peut-il pas être rationalisé ?
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