Que vaut une preuve contre un préjugé : Introduction : Preuve signifie connaissance démontrée, c’est aussi une démarche rationnelle qui sert à établir que quelque chose est vrai.
Publié le 01/11/2017
Extrait du document
«
II) En pratique une preuve ne peut pas grand-chose contre un préjugé
Celui qui a un préjugé n'a pas nécessairement tort.
Le jugement qu'il a porté prématurément peut se
révéler vrai.
Cependant, que son idée soit vraie ou fausse, les « preuves » qu'il apporte semblent
toujours être aussi faibles.
Prenons l'exemple qui accuse une personne de lui avoir volé son
portefeuille alors qu'il n'en a aucune raison.
Il dira, par exemple, pour justifier son appréhension, que
cette personne « a l'air malhonnête », S'il se trouve que la personne est vraiment coupable, celui qui
l'avait soupçonnée triomphera en disant qu'il « en était sûr ».
Et pourtant, son accusation du départ
reste un préjugé, car il n'avait alors aucune raison valable de penser cela.
Donc, qu'il soit vrai ou faux,
le peu de valeur du préjugé réside en ce qu'il n'est pas fondé sur des raisons valables.
Ce que nous
appelons « raisons valables » ce sont les raisonnements qui seuls peuvent constituer des preuves.
Les
pseudos preuves de celui qui accuse de vol sont en réalité des affirmations très subjectives, à propos
de « l'air malhonnête », extérieurs au fait comme le sont les propos racistes.
Autrement dit, sa
démarche est le contraire d'un raisonnement.
Car tous ses arguments se ramènent à l'affectivité, ce
sont des sentiments, des impressions.
Mais alors, si celui qui a un préjugé n'a pas raisonné, il devrait être facile de lui montrer son erreur en
lui apportant des preuves.
Mais il reste convaincu malgré le raisonnement.
Et lorsque son préjugé
s'avère vrai il est encore plus difficile de lui montrer l'invalidité de son jugement.
Peut-être que celui
qui a des préjugés ne se soucie pas vraiment de démontrer son idée.
Cela pourrait expliquer le peu
d'intérêt qu'il porte au raisonnement.
En effet, l'idée que nos préjugés puissent exister totalement à
notre insu n'est pas acceptable.
Car notre raison nous porterait à en douter.
Ce qui fait que l'on est
convaincu d'un préjugé c'est que l'on choisit d'y croire avant même de l'avoir vérifié.
Sartre nous
montre dans la réflexion sur la question juive que l'antisémite choisit ses arguments alors qu'il est
déjà persuadé d'avoir raison, il ne cherche donc pas de preuves.
Au contraire, celui qui se sert de sa
raison ne bâtit ses affirmations que sur le raisonnement.
Il y a donc de la part de celui qui préjuge un
refus de raisonner et de connaître la vérité.
Son souhait n'est pas véritablement d'avoir raison mais
plutôt d'avoir une opinion solide à ses propres yeux, qui lui parait censé.
Ses idées sont pour lui des
principes inviolables.
C'est par leurs manière de penser, tout à fait opposées que le dialogue est
impossible entre celui qui a des préjugés et celui qui bâti son jugement grâce à la raison.
La discussion
n'intéresse pas le premier puisque de toute façon il est fermé aux arguments et preuve que l’on peut
lui faire.
Il s'est installé dans son préjugé.
Il semble alors impossible d'anéantir un préjugé avec une
preuve puisque l'existence du préjugé est étrangère à la raison..
»
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