Boileau conseillait en 1674: « Jamais de la nature il ne faut s'écarter. » En 1824, Hugo s'écrie à son tour : « La nature, donc, la nature et la vérité ! » Pensez-vous que le mot « nature » ait le même sens pour ces deux écrivains ?
Publié le 17/06/2009
Extrait du document
Les oppositions entre époques littéraires peuvent paraître parfois un peu schématiques, et si l'on étudie de plus près les auteurs eux-mêmes, on constate souvent que plusieurs réunissent en eux des tendances propres à des moments divers; certains surtout, venant à une période de transition, rendent moins virulentes les incompatibilités d'écoles. Au contraire, les théoriciens de ces écoles cherchent à en dégager les lignes de forces principales et tracent des programmes tout à fait inconciliables. Tels, par exemple, BOILEAU dans son Art poétique et Victor HuGo dans la Préface de Cromwell. Ces deux manifestes proclament l'obligation pour l'écrivain de ne point s'écarter de la « Nature «. Mais, tout nous le montre — aussi bien la suite des conseils donnés par chacun d'eux que les œuvres de leurs contemporains —, BOILEAU et V. HuGo n'entendaient pas ce mot de la même manière. C'est ce qui ressortira d'une rapide étude des deux époques, touchant leur fidélité à la « nature «.
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- Dans un des Dialogues des morts anciens avec les modernes publiés par Fontenelle en 1684, un physicien, après avoir raconté une anecdote qui montre le danger des idées reçues, conclut que, « pour trouver la vérité, il faut tourner le dos à la multitude, et que les opinions communes sont la règle des opinions saines, pourvu qu'on les prenne à contre sens ». Vous expliquerez cette pensée et vous vous demanderez dans quelle mesure elle annonce, par le sens comme par le ton, l'esprit philo
- Molière fait dire à Dorante que dans la tragédie, « l'on ne cherche pas de ressemblance » alors que dans la comédie, « il faut peindre d'après nature ». Qu'en pensez-vous ? Vous expliquerez et discuterez cette remarque en vous aidant des textes corpus, des œuvres étudiées en classe et de vos lectures personnelles.
- « La connaissance de la vérité nous vient primitivement des sens et leur témoignage ne peut être convaincu d'erreur. » LUCRECE, De la Nature, ier s. av. J.-C.
- « Les hommes toutefois se servent toujours de leurs yeux pour se conduire, et ils ne se servent presque jamais de leur esprit pour découvrir la vérité. » MALEBRANCHE, De la recherche de la vérité, 1674.
- En quel sens faut-il comprendre que l'homme occupe une place particulière dans la Nature ?