Blaise PASCAL: La coutume fait toute l'équité.
Publié le 01/04/2005
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la confusion.L'un, confondant la justice de Dieu et le pouvoir du souverain, affirmera que « l'essence de la justice est l'autoritédu législateur » et que c'est lui, qui du haut de l'arbitraire de son bon-vouloir, décide de ce qui doit être considérécomme juste ou injuste.
Tel autre affirmera que cette autorité repose sur « la commodité du souverain », sur ce quilui agrée et constitue son intérêt propre.
D'autres enfin soutiennent que la seule autorité de la justice provient de laforce de la coutume, le temps et l'usage ayant ainsi force de loi.
Cette forme de scepticisme moral repose sur l'idéeque la raison ne nous découvre aucune justice absolue.Or, ici, les philosophes établissent, selon Pascal, un faux lien causal et concluent abusivement, de l'impuissance dela raison à déterminer les critères de la justice universelle à sa relativité fondamentale.
C'est surtout la coutume quipousse les hommes à croire de telles choses : « la coutume fait toute l'équité », croit-on, et pour cette seule raisonqu'elle a été reçue par les Anciens.
Justification de fait et non de droit, et c'est là tout le fondement de sonautorité, à savoir l'usage, que Pascal appelle ironiquement « mystique » car il ne se laisse pas argumenter par desdiscours.De même que le mystique religieux ne peut discourir sur les expériences du divin qu'il éprouve, ceux qui font de lacoutume le principe de la justice ne peuvent discourir sur le fondement de cette conception car, en réalité, elle n'enpossède pas.
Le véritable fondement mystique de la justice est, pour Pascal, celui que nous révèlent les SaintesÉcritures de la Bible et, pour les élus, les lumières de la foi.
Or la raison humaine est incapable d'atteindre cettevérité qui concerne le coeur, non la raison ni la coutume.
PASCAL (Biaise). Né à Clermont-Ferrand en 1623, mort à Paris en 1662. Enfant précoce, il écrivit à onze ans un traité des sons, et retrouva tout seul, à douze ans, la trente-deuxièmeproposition du premier livre d'Euclide.
A dix-neuf ans, il inventa une machine arithmétique.
En 1646, il entre enrelations avec Port-Royal et fait sa première expérience sur le vide.
A partir de 1652, commence ce que l'on aappelé la « vie mondaine » de Pascal.
Ami du duc de Roannez, il fréquente les salons et les femmes, s'adonne aujeu, mais poursuit cependant la réalisation de ses travaux mathématiques : il se révèle le promoteur de l'analyseinfinitésimale et du calcul des probabilités.
Insatisfait de la vie qu'il mène, las du monde, le cœur vide, il éprouve lanostalgie de Dieu.
Pascal a une illumination dans la nuit du 23 novembre 1654, et trace quelques lignes sur unmorceau de papier, qu'il conservera cousu à l'intérieur de son vêtement.
Il se retire à Port-Royal-des-Champs, etparticipe avec ardeur à la polémique qui oppose les Jansénistes et les Jésuites, prenant la défense de Port-Royal(1656-1657).
La guérison de sa nièce, à la suite de l'attouchement d'une épine de la couronne de Jésus, le rendencore plus convaincu dans sa foi chrétienne.
Il abandonne ses recherches de mathématiques et de géométrie, etvit désormais dans l'humilité et la souffrance.
Il imagine la création de carrosses à cinq sols pour le déplacement despauvres, voitures qui sont à l'origine des transports publics en commun.
Il meurt le 17 août 1662.
— Bien entendu, iln'y a pas de système philosophique de Pascal, que Bayle a appelé « un individu paradoxe de l'espèce humaine ».Malade et las, Pascal a cherché en souffrant.
Il s'est approché de l'univers invisible, à tâtons.
Dieu est pour lui « ladernière fin, comme lui seul est le vrai principe ».
Polémiste, géomètre, physicien, Pascal est l'un des plus grandsécrivains français.
Sa distinction entre l'esprit de géométrie et l'esprit de finesse est célèbre.
L'esprit de géométrie,c'est celui qui procède par définitions et déductions rigoureusement logiques et qui s'étend jusqu'aux plus extrêmesconséquences.
L'esprit de finesse, c'est la « souplesse de pensée » qui permet, face à la complexité des choses,l'adaptation aux circonstances concrètes.
— Rappelons ici l'argument du pari, dans le problème de l'existence deDieu.
Ou bien Dieu est, ou bien il n'est pas.
Or, « il faut parier, cela n'est pas volontaire, vous êtes embarqué.Lequel prendrez-vous donc?...
Votre raison n'est pas plus blessée en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il fautnécessairement choisir.
Voilà un point vidé ; mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix queDieu est.
Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien.
Gagezdonc qu'il est, sans hésiter...
Tout joueur hasarde avec certitude pour gagner avec incertitude : et néanmoins ilhasarde certainement le fini pour gagner incertainement le fini, sans pécher contre la raison...
Et ainsi, notreproposition est dans une force infinie, quand il y a le fini à hasarder à un jeu où il n'y a pareils hasards de gain quede perte, et l'infini à gagner ».
— La grandeur de Pascal est dans ce combat qu'il a mené, où il a engagé toutes lescontradictions de son être, dans cette quête gémissante de la vérité.
Elle est aussi dans cette sourde inquiétudequ'il a fait naître dans le cœur des hommes, même dans le cœur de ses adversaires les plus obstinés.
Comme l'a ditun philosophe contemporain, « Pascal a vécu intensément le combat du chrétien, la lutte avec l'ange de la foi, où laseule victoire est de se reconnaître vaincu.
»
Œuvres principales : Essai pour les coniques (1640), Expériences nouvelles touchant le vide (1647), Récits de la grande expérience de l'équilibre des liqueurs (1648), Fragment d'un traité du vide (1651, publié en 1663), Discourssur les passions de l'amour (1652), Traités de l'équilibre des liqueurs et de la pesanteur de la masse de l'air (1654,publié en 1663), Lettres de Pascal à Fermât sur la règle des partis (1654), Prière pour demander à Dieu le bon usagedes maladies (1654, publié en 1666), Entretien avec M.
de Saci sur Epictète et Montaigne (1655, publié en 1728),Comparaison des chrétiens des premiers temps avec ceux d'aujourd'hui (1655, publié en 1779), Les Provinciales.
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