Bergson - Radicale est la différence entre l'animal et la conscience humaine
Publié le 20/10/2011
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« Radicale est la différence entre la conscience de l'animal, même le plus intelligent, et la conscience humaine. Car la conscience correspond exactement à la puissance de choix dont l'être vivant dispose ; elle est coextensive à la frange d'action possible qui entoure l'action réelle : conscience est synonyme d'invention et de liberté. Or, chez l'animal, l'invention n'est jamais qu'une variation sur le thème de la routine. Enfermé dans les habitudes de l'espèce, il arrivera sans doute à les élargir par son initiative individuelle ; mais il n'échappe à l'automatisme que pour un instant, juste le temps de créer un automatisme nouveau : les portes de sa prison se referment aussitôt ouvertes ; en tirant sur sa chaîne il ne réussit qu'à l'allonger. Avec l'homme, la conscience brise la chaîne. Chez l'homme, et chez l'homme seulement, elle se libère. «
«
caractérise par la sensibilité, la possibilité d’autodétermination, de choix, une certaine indétermination dans le
comportement.
Cette conscience remplit donc une fonction biologique majeure : la conservation et la défense
vitale.
Cette hypothèse est renforcée par la deuxième phrase du texte où Bergson nous indique qu’à côté ou
autour de ce qui est fait, il existe « une frange d’action possible ».
Cette « frange », ou marge d’indétermination,
qui autorise l’être vivant à adapter son comportement par rapport aux situations, est perçue ou conçue plus ou
moins confusément ; mais elle signifie que la réponse apportée à la situation n’est pas entièrement déterminée
par cette dernière.
On pourrait même préciser que cette capacité d’autodétermination que rend possible la
conscience, fût - elle animale, ne soumet pas implacablement l’animal aux lois de l’instinct.
En effet, la
conscience est « synonyme d'invention et de liberté ».
« Invention » car l’action promue par un être n’est pas la
simple conséquence mécanique des données : elle ajoute quelque chose à ces dernières.
« Liberté » car, dès
lors que plusieurs actions sont possibles, il y a intervention nécessaire d’un choix qui n’en réalisera qu’une, et là
où se propose un choix authentique, on admet l’absence d’un déterminisme strict, c’est-à-dire l’intervention d’une
liberté.
Qu’est, en somme, la liberté pour Bergson ? La possibilité de choisir, d’opter pour une direction, une
possibilité au sein d’une pluralité d’orientations possibles.
Bergson ne définit pas la liberté comme étant une
absence de contraintes, une capacité radicale de s’abstraire des déterminations, mais comme une marge
d’indétermination, un pouvoir de choix, d’arrachement, de refus.
Ce pouvoir est lui-même rendu possible par la
nature puisque c’est ce que les hommes et les animaux ont en commun.
Au total, ce premier mouvement du
texte élabore le concept de « conscience animale » : les hommes, en tant qu’êtres vivants, partageraient avec les
animaux les caractéristiques de toute conscience : l’invention et la liberté.
Cette « conscience animale » constitue
le premier degré de la conscience, le plus élémentaire, le plus fruste, celui où l’être vivant, par nécessité
biologique, a le sentiment d’exister, s’adapte au milieu et, pour ce faire, apporte des solutions inédites, originales,
aux contraintes extérieures.
De sorte que l’animal, contrairement à la vision habituelle ou commune, ne serait pas
un pur automate soumis à la rigidité de l’instinct.
Mais est-ce à dire que la conscience humaine se réduit à cette
« conscience animale » et qu’entre l’humanité et la nature n’existe qu’une simple continuité ? Ne faut-il pas
relativiser la capacité de liberté et d’invention de l’animal, de sorte que seule la conscience humaine serait
véritablement une conscience libre ? C’est ce que tente de comprendre la deuxième partie importante du texte.
La deuxième partie du texte (« Or, chez l'animal…allonger ») montre que la conscience animale, si elle est
capable de choix, est limitée quant à ses possibilités d’invention.
Ce passage, le plus long du texte, défini ce qui
caractérise l’homme, en soulignant la différence qui le sépare du monde animal.
Bergson différencie dans un
premier temps, le pouvoir d’indétermination que possède l’animal (« Or…routine »).
En réalité, même si l’animal
n’est pas tout à fait soumis aux lois de l’instinct, il reste cependant, dépendant de son espèce
(« Enfermé…allonger »).
Le philosophe nous a démontré, en premier lieu, que même l’animal est capable de ces
choix et de ces inventions, ce qui marquent toute conscience.
Toutefois, son invention, précise Bergson, n’est
rien de plus « qu’une variation sur le thème de la routine ».
Que signifie cette belle expression ? Le terme de
« variation » indique que la possibilité dont dispose l’animal d’inventer sa réponse est fort limitée : c’est autour
d’une réponse en quelque sorte préformée que l’animal ajoute « individuellement » de légères variantes.
Cette
initiative préformée serait précisément celle de l’instinct qui autorise certes, nous l’avons vu, une marge
d’indétermination, mais qui n’en continue pas moins à circonscrire rigoureusement le périmètre de la liberté
animale.
Comment mieux comprendre cette phrase quelque peu sibylline de Bergson ? La précision nous est
apportée par le philosophe lui-même dans la deuxième phrase de cette seconde grande partie du texte.
En effet,
le principal de la réponse, de la liberté, de l’invention, du choix, est imposé à l’animal par les « habitudes de
l’espèce » à laquelle il appartient, par ce qu’on appelle ordinairement l’instinct.
Que désigne l’instinct ? Un
comportement transmis héréditairement et caractérise par un savoir-faire inné.
Par « espèce », il faut entendre,
au sens biologique du terme, un élément de la classification, savoir un groupe d’êtres vivants caractérisé par un
type commun, bien défini et héréditaire (par exemple, l’espèce humaine).
, à chaque animal, membre nécessairement d’une espèce (chien, chat…), Bergson attribue-t-il une certaine
« initiative individuelle », expression qui renvoie au développement de la première partie du texte concernant la
possibilité d’invention dont disposerait l’animal.
Capacité toute relative dont les effets ne sont guère
considérables : cette « initiative individuelle », qui autorise une certaine souplesse par rapport aux contraintes de
l’espèce et qui est au fondement du processus biologique de l’individuation (principe de distinction entre deux.
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