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Bergson: les vrais grands problèmes ne sont posés que lorsqu’ils sont résolus

Publié le 03/01/2020

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bergson

A partir de son étude ordonnée, vous dégagerez l’intérêt philosophique du texte suivant :

Mais la vérité est. qu’il s’agit, en philosophie et même ailleurs, de trouver le problème et par conséquent de le poser, plus encore que de le résoudre. Car un problème spéculatif est résolu dès qu’il est bien posé. J’entends par là que la solution en existe alors aussitôt, bien qu’elle puisse rester cachée et, pour ainsi dire, couverte : il ne reste plus qu’à la découvrir. Mais poser le problème ce n’est pas seulement découvrir, c’est inventer. La découverte porte sur ce qui existe déjà, actuellement ou virtuellement ; elle était donc sûre de venir tôt ou tard. L’invention donne l’être à ce qui n’était pas, elle aurait pu ne venir jamais. Déjà en mathématiques, à plus forte raison en métaphysique, l’effort d’invention consiste le plus souvent à susciter le problème, à créer les termes en lesquels il se posera.

Position et solution du problème sont bien près ici de s’équivaloir : les vrais grands problèmes ne sont posés que lorsqu’ils sont résolus.

Bergson

un système hypothético-déductif, la réflexion philosophique ne se développe que par un incessant retour sur soi qui n’en a jamais fini d’expliciter les présupposés. Il y a bien certes une réflexion sur les théories mathématiques : la métamathématique (1). Mais celle-ci qui s’attache par exemple à démontrer la contradiction ou la non contradiction d’une théorie, opère mathématiquement. Bergson, qui fut pourtant le contemporain du prodigieux bouleversement des mathématiques, se contente d’esquisser ici un semblant de parallèle entre ceux-ci et la philosophie quant à la position des problèmes. C’est là assurément manquer l’originalité profonde des démarches de la mathématique.

En ce qui concerne précisément la position des problèmes, demandons-nous à présent ce que veut dire Bergson lorsqu’il déclare que « poser le problème n’est pas simplement découvrir, c’est inventer ». Inventer le problème, c’est le créer. Pour Bergson, lorsqu’on invente un problème, lorsqu’on le crée, sa solution existe du même coup. Il reste seulement à expliciter cette solution (« la découvrir »), à l’articuler, pour lui donner sa forme définitive. Ce qu’il faut bien voir, c’est que c’est de la métaphysique définie comme expérience que Bergson attend cet effort de créativité. Le tort de la philosophie précédente a été selon lui d’utiliser des concepts qui, parce qu’ils voulaient recouvrir toutes choses, ne recouvraient plus rien (tel le concept de volonté). A la passivité d’une philosophie qui « subit le problème tel qu’il est posé par le langage » (La Pensée et le Mouvant, p. 51), Bergson entend substituer une philosophie pour laquelle poser le problème c’est l’inventer, c’est-à-dire « créer les termes en lesquels il se posera ». C’est alors qu’un problème est -« bien posé ». En un sens on peut dire que Bergson n’a pas tort de craindre le piège des mots. Il existe en effet des pseudo-concepts philosophiques comme par exemple les mots : platonique, stoïque ou épicurien, qui loin de révéler les problèmes ne font au contraire que les masquer et les brouiller. Rien n’est peut-être plus éloigné du type d’homme auquel son-

bergson

« 8 CORRIGÉ DE DISSERTATIONS PHILOSOPHIQUES CONSEILS PRÉLIMINAIRES Çe texte est extrait de La Pensée et le Mouvant (P.U.F.) pages 51-52.

Dans la mesure où ce livre est composé d'essais et de confé­ .

rences, les élèves qui désirent lire un texte de Bergson peuvent fort bien commencer par lire celui-ci.

Le libellé du sujet indiqu~ le plan à suivre : - Procéder à l'étude ordonnée du texte.

- En dégager l'intérêt philosophique.

· Une lecture attentive du texte doit donc en un premier temps faire apparaître les difficultés et les expliquer.

On ·peut par exem­ ple s'interroger sur l'expression « problème spéculatif».

Puis se demander ensuite ce que signifie qu'un problème spéculatif soit 'cc résolu dès qu'il est bien posé ».

Bergson fait en outre allusion' dans ce texte aux problèmes mathématiques, or peut-on les com- parer aux problèmes philosophiques ? La réponse à ces questions j fait ressortir le sens global de ce texte: l'ordre de la pensée recou- ' vrirait l'ordre du réel.

'~ La discussion doit donc, à partir de là, s'attacher à souligner ce qu'a d'insolite, voire de paradoxal, cette conclusion'· rapportée à la philosophie même de Bergson.

Pourquoi y a-t-il paradoxe ? Comment en rendre raison ? Ces deux questions constituent l'arma­ ture de la discussion.

Celle-ci peut en· conclusion montrer en quoi Bergson dans ce texte manque le caractère propre du problème philosophique en ne voyant pas que celui-ci ne prend tout son sens .

que rapporté à une problématique d'ensemble.

.

Lorsque Bergson fit.

paraître en · 1934 divers essais et conférences rassemblés sous le titre : La Pensée et le Mou• vant, il écrivit comme introduction à ce recueil deux brefs essais dont l'un est intitulé : «De la position des problèmes ».

C'est précisément à ce dernier essai qu.'appartient le passage à commenter.

Dans ce passage, tlne expression retient tout d'abord notre attention, l'expression « pro- J blème spéculatif ».

Il peut sembler en effet étrange que ~ Bergson puisse ainsi traiter des problèmes spéculatifs dès lor's que l'on sait combien sa pensée, depuis les Données immédiates de la Conscience jusqu'aux Deux Sources de' la Morale et de ,la Religion, s'est attachée à découvrir un ordre du réel situé au-delà de l'écran que constituent à ses yeux les concepts. »

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