Bergson explication
Publié le 10/04/2013
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« Cned –7PH00CTPA0412 2/4 [Introduction] Le corps apparaît àmes yeux comme un objet d’un genre particulier, mais comme un objet :comme eux je le parcours du regard, je l’examine, j’en mesure la taille, le poids etc. Ces éléments définissent même ce qu’on appelle mon identité, la seule que prennent en compte les administrations qui, par une photographie et quelques données, me considèrent “objectivement”. Mais lecorps est aussi une expérience. Ilest animé de mouvements, d’intentions, ilest un centre auquel un certain nombre de phénomènes doivent être rapportés qui constituent mon vécu. C’est ce qui fait de moi un sujet. De quel côté se trouve en réalité mon identité ?Peut-on rendre compte de celle-ci en choisissant l’un ou l’autre, lecorps ou ce qu’on appelle l’âme, ou faut-il les considérer l’un par l’autre ?Répondre àcette question c’est définir le “moi “.Voila ce que se propose Bergson mais en évitant les abstractions, en s’efforçant de saisir lemouvement qui nous porte vers les objets et vers nous-mêmes. Les phénomènes qui affectent le corps sont divers. Est-ce la physique qui peut en rendre compte ?À travers l’étude du mouvement volontaire, de la perception, de la mémoire, Bergson nous montre l’implication du corps et son débordement au point que, et c’est la conclusion grandiose de cet extrait, que nous devrons évaluer, l’homme peut s’approprier ce mouvement pour se faire créateur de lui-même. [Analyse du passage] Le texte commence par l’expérience laplus «naïve », celle qui identifie lecorps vivant avec un corps physique. Nous pouvons remarquer que ce prosaïsme contraste avec lafin du texte qui nous conduira vers «une espèce de miracle ». La progressivité de l’analyse est évidente. En tant que «portion de matière »lecorps est soumis aux lois de laphysique. Notre corps n’est qu’un cas particulier des corps matériels et en tant que tel ne bénéficie d’aucun privilège :«sion lepousse, ilavance ;sion letire, ilrecule ». La contrainte est l’expérience première, comme la souffrance, toujours liée àla rencontre de ses limites. On voit bien par là qu’il n’est pas sujet car c’est par le rapport qu’il entretient àd’autres corps qu’il faut le considérer. L’expérience de nos limites est celle de notre passivité :nous subissons, nous sommes un maillon d’une chaîne de causes et d’effets et dans tous les cas «la cause [qui nous meut], est extérieure ànous-même ». Or devenir sa propre cause est possible ;les mouvements volontaires en témoignent. «Quelle en est lacause ?»Ce qui fait de moi un sujet et non plus un objet, un être indépendant et non plus l’élément d’une série. Dans ce cas, le corps comme phénomène physique ne suffit plus. On parlera du «moi »qui «déborde de toutes parts lecorps qui yest joint ». Mais quel est-ce moi ?«Quelque chose »qui déborde le corps. Ce «quelque chose »ne nous éclaire pas beaucoup mais suffisamment en tout cas pour que nous ne le concevions pas comme une sorte d’autre corps qui habiterait le premier. «Quelque chose »n’est pas un terme imprécis mais un terme précis pour désigner ce qui n’a pas de contours. Le «moi »n’est pas une entité, lemoi n’a pas de contours. Au contraire, ilest ce qui outrepasse toutes bornes. Nous rencontrons ici un problème classique quand on considère l’existence de l’homme. L’homme n’est pas qu’une mécanique corporelle, une «machine de terre »dirait Descartes car ilyaen lui une pensée, une conscience. Mais que signifie «en »lui ? Comment concevoir une pensée incorporelle «dans »un corps ?Iln’y aque des corps matériels qui puissent être dans une relation spatiale les uns avec les autres. Bergson n’identifie pas le moi àune substance pensante, que l’on pourrait isoler des aventures du corps, comme lefait Descartes au début des Méditations ,mais qu’il faudrait finir par lier àcelui-ci. Ici nous voyons que lemoi «déborde »lecorps, qu’il «dépasse, dans l’espace et dans letemps ». Cela signifie que lemoi ne se réduit pas au corps, àaucune forme de corps et que laquestion de l’incorporation ne se posera pas. Quelle sera cette relation ?Nous savons seulement que lemoi est «joint »au corps. Essayons de ne plus penser en termes d’inclusion. Comment le moi s’éprouve-t-il comme force de débordement ? Bergson cherche à nous le montrer en examinant des phénomènes concrets et d’abord celui qui alieu dans l’espace :laperception. Ilpourrait sembler suffisant d’expliquer la perception en termes mécaniques, en la rapportant àses conditions matérielles, la forme du globe oculaire dans le cas de la vision, les caractéristiques de la rétine etc., mais ce serait parler de la vision en la confondant avec son instrument, l’œil. Or la vision c’est ce qui témoigne d’un affranchissement dans l’espace. «Le corps de chacun de nous s’arrête aux contours précis qui lelimitent », mais pas laperception qui se fait àtravers ce corps, àtravers ses yeux ici, puisque par eux «nous allons jusqu’aux étoiles ». Bergson dit que nous «rayonnons »jusqu’à elles. L’expression est audacieuse qui inverse ce que l’on croit banalement ;ce ne sont pas les étoiles qui rayonnent, c’est nous. On croit toujours que des images s’impriment dans notre cerveau comme de petits tableaux, que celui-ci enregistre passivement des impressions. Ici on comprend que le mouvement perceptif va dans l’autre sens et tend àrassembler des éléments qui, dispersés, ne feraient pas une image. Je cherche des yeux l’étoile. Je fais rayonner ma vision. Un corps qui ne rayonne pas, qui ne se dépasse pas lui-même, est-ce vraiment un corps ?C’est davantage un agrégat, un assemblage mécanique. Pour être authentiquement corps ilfaut être habité. C’est cela qui donne àce corps, lemien, celui de tout vivant, son unité, son individualité. Notons encore que ce corps percevant n’a, en droit, pas de limites ;ilest contemporain de tout ce qui l’entoure. La mémoire est ce qui nous affranchit du temps ou, plus exactement, du présent. Àl’inverse «lamatière est dans leprésent », et lecorps aussi, semble-t-il, car «lecorps est matière ». Que signifie être «dans leprésent »?Considérons lamatière en elle- même. On peut comprendre qu’elle est dans leprésent et, en effet, présence mais rien autre chose car elle ne se souvient pas. »
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