Bergson et l'intelligence
Publié le 27/02/2008
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Bergson est le philosophe de l'intuition et de l'intelligence. Reprenant les analyses de Schopenhauer sur l'intelligence, il ne voit en celle-ci qu'une faculté pratique, destinée à permettre à l'homme de s'adapter à son environnement et à exploiter celui-ci. Il consacre ainsi dans L'évolution créatrice de longues études sur l'intelligence, qui est un élan vers la matière et qu'il oppose à l'instinct. Ce dernier est en effet programmé, fixé une fois pour toute, alors que l'intelligence permet au comportement de l'homme de changer en fonction des situations. Dans ce passage, le philosophe oppose l'intelligence et la vie. Selon lui, l'intelligence humaine ne peut comprendre le mouvement évolutif de la vie. Pourquoi ? Quelles caractéristiques de l'intelligence sont en cause dans cette incompréhension ?

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de somnambulisme de l'instinct, tandis que l'autre mène à l'intelligence, par les mammifères.- D'où découle une première raison de l'incompréhension de la vie par l'intelligence.
Elle a, comme nous l'avons dit,était crée par la vie pour permettre à l'homme de s'adapter aux situations, d'agir.
Elle est donc un aspect de la vie,mais n'en est pas le principal.
L'instinct, ou les processus naturels sont d'autres aspects.
Elle ne peut donc pascomprendre la signification de la vie, dont elle n'est qu'une toute petite partie.
D'autant plus, que comme l'affirmeBergson, l'intelligence est persuadée avoir toujours raison.- L'intelligence ne peut pas comprendre et se représenter le mouvement évolutif puisqu'elle n'est qu'un moment dece processus.
Bergson compare le fait que l'intelligence puisse comprendre la vie a des affirmations telles que "lapartie égale le tout, [...] l'effet peut résorber en lui sa cause".
Il s'agit en effet d'affirmations paradoxales,impossibles.
Une partie est toujours plus petite que ce qui la contient.
De même, l'effet intervient après la cause etnécessite celle-ci pour avoir lieu.L'exemple du galet est différent : il est absurde de prétendre que le galet a la forme de la vague qui l'a apporté,comme il est absurde de prétendre que la nature de l'intelligence est de la même forme, identique à l'élan vital qui l'acrée.
Le vivant ne peut entrer dans des catégories délimitées et dans des concepts rigides- Il existe une seconde raison pour que l'intelligence ne comprenne pas la nature de la vie.
Nous l'avons vul'intelligence est modelée sur l'image de la matière inerte, sécable et éternelle.
L'intelligence donc a appris à pouvoirdiviser la matière, les longueurs et les choses.
Quand l'intelligence étudie le mouvement, elle étudie différents pointsfixes sur la courbe de ce mouvement et parle de mobile à différents instants.
Elle reconstitue donc le mouvement àpartir de point et d'instants fixes.
Elle divise le mouvement en autant de points différents.Pourtant, un mouvement n'est nullement décomposable, il se fait dans une durée et l'intelligence ne peut concevoirle mouvement dans sa durée, dans sa continuité.
Elle ne peut que le diviser.
Or, la vie, l'élan vital est unecontinuité, un incessant mouvement.- Les concepts, les catégories que forgent l'intelligence sont calqués sur des divisions, du non-continu.
Pourtant,ces catégories telles que l'unité ou la multiplicité sont aussi inaptes à saisir les spécificités de la vie.
Ainsi, parexemple, on parle d'individualité, d'unité pour un individu ou un être vivant, alors qu'il est composé de millions, voirede milliards de composants, d'éléments sans cesse en mouvement, qui se développent puis disparaissent.
Commentnos concepts rigides peuvent penser les cellules de notre corps?C'est pour cela que Bergson affirme que les cadres dans lesquels nous essayons de ranger les êtres et les élémentsvivants craquent, parce que l'intelligence essaie de découper des choses distinctes dans la vie alors que celle-cicrée dans un mouvement continu, sans rupture.
L'évolution telle que la décrit Darwin montre bien cette aspect.
Lesespèces n'ont pas été crées par catégorie, de manière rigide et discontinue comme le croyait le créationnisme.
Maisc'est le long d'un mouvement de perfectionnement que les espèces se sont succédées.
Dès lors, une espècen'apparaît pas comme une catégorie collant parfaitement à la nature, mais comme un cadre crée par l'homme.
C'estlui qui découpe le réel selon des critères arbitraires.Bergson dira d'ailleurs peu après dans son introduction de L'évolution créatrice qu'il n'y jamais eu de grande découverte biologique, qui se base sur un raisonnement pur.
L'homme est mal à l'aise sur le terrain du vivant et nepeut pas y appliquer ses règles de fonctionnement comme pour la logique.
Ainsi, l'intelligence se veut le propre de l'homme mais se caractérise par sa ressemblance avec la matière considéréecomme inerte et divisible.
L'homme forge ses concepts en vue de cette découpe du réel.
Il raisonne en toutescirconstances selon une logique de solide, qui découpe l'espace et établit des rapports entre différents espaces etdifférents solides.
L'intelligence se veut sûre d'elle et croit que l'expérience lui donnera toujours raison pourtant.Pourtant, dans cet orgueil, l'intelligence ne voit pas qu'elle ne peut saisir la nature de la vie d'une part, parce qu'ilen est qu'un aspect et qu'il ne peut saisir la totalité qui lui a donné naissance, et d'autre part, parce que l'élan vitalse caractérise par son mouvement continu qui ne peut être divisé en point fixe, en espace délimité.
Les êtresvivants issus de cet élan vital et de l'évolution ne peuvent donc entrer dans des catégories crées par l'intelligence..
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