Bergson: échangez de mots et échanges d'idées
Publié le 19/04/2005
Extrait du document
POUR DÉMARRER Les mots et les idées ont pour origine les besoins et l'activité sociale de l'homme ; le travail en commun est au fondement de la création du langage : telle est la thèse que défend ici Bergson, qui comprend cette fonction essentielle de l'homme à partir d'une base d'abord matérielle. Pour Bergson, l'homme est un animal nécessairement social, et le langage lui permet de développer les activités liées à la société. CONSEILS PRATIQUES Comme dans la plupart des textes de Bergson, il n'y a pas de difficultés liées aux termes, que vous devrez néanmoins définir soigneusement (idée, mot, conventionnel, langage, etc.). C'est plutôt au raisonnement de Bergson que vous devrez vous attacher. Vous noterez également le soin que met Bergson à établir les relations entre mot et idée.
«
Première partie
Remarque: "les idées qui s'échangent" = les idées exprimées dans des phrases, les idées et les mots.
Amettre en parallèle avec la dernière phrase.
Un lieu commun qu'il fallait signaler en commençant: le sens des mots est convenu, fruit d'une convention.C'est ce lieu commun que Bergson relativise: les mots ont un sens conventionnel ( = on a décidé parconvention arbitraire que tel mot désignerait telle chose), mais en même temps, le plus important, c'est quele fait de parler, lui est naturel à l'homme.
.
Démonstration en deux temps:
- d'abord, le fait de vivre en société n'a rien de contingent.
L'homme est fait pour vivre en société.
Cela n'arien d'une habitude qui nous viendrait d'on ne sait où.
Cela fait partie de l'essence de l'homme, de sadéfinition (animal politique).
On dit bien des fourmis qu'elles sont faites pour vivre en société! Alors pourquoidire que dans le cas de la fourmi, il s'agit d'un acte naturel, et pas pour l'homme.
La société est,paradoxalement, dans sa nature!
- deuxième temps: le langage qui est l'acte social par excellence, est donc lui aussi naturel à l'homme.
(ligne6)
Quelles sont les différences entre une fourmilière et une société humaine? Les activités sociales des fourmissont pré-programmées, instinctives.
Elles n'ont pas à se demander ce qu'elles doivent faire.
Peu de variationdonc, leur travail en commun ne souffre pas l'innovation.
(lignes 4-5)
Transition: comme le langage est un acte social, commandé par la nature sociale de l'homme, pourcomprendre ce que "parler veut dire", il faut voir quelle est sa fonction, ou plutôt son utilité sociale.
Étudierle langage en oblitérant son origine sociale, c'est s'exposer à tous les contresens.
Deuxième partie
"quelle est la fonction primitive du langage" est donc la même question que celle de la première phrase.
Laseule différence, c'est que le débat a été transporté sur un terrain où la question prend son sens.
"la fonction primitive" = la fonction sociale, ce pour quoi le langage est utile.
On reconnaît souvent au langage une vertu théorique: il concrétise nos pensées et sert la science.
PourBergson, c'est un des pièges de la tradition philosophique.
Le vrai sens du langage est à comprendre en termes d'utilité: il ne vise en lui-même que l'utilité.
Deux utilités du langage: décrire et prescrire.
Prescrire = transmettre un ordre, c'est donc l'idée d'une action concertée, collective.
La thèse d'un langagesimplement utilitaire se vérifierait donc.
Mais décrire? Il s'agit ici de la vertu épistémologique du langage: toute connaissance s'exprime grâce auxmots dans lesquels elle se coule.
Peut-on encore parler d'un utilitarisme linguistique? La science semble détachée de toute idée d'efficacité,en elle-même elle est désintéressée.
En fait, pour Bergson, la connaissance a comme finalité l'action, aucune science n'est désintéressée.
Il n'y apas de différence de nature entre savoir et agir: il y a juste une différence de délai.
La théorie, c'est del'action à retardement.
Donc, parce que la réalité fondamentale du vivant, c'est d'oeuvrer pour sa survie, tout ce que fait l'hommepeut se comprendre en termes de travail.
Même notre perception sensible du monde ambiant n'a rien dedésintéressée, elle est structurée par l'action possible.
On ne perçoit pas une chose telle qu'elle est, mais entant qu'elle se prête à une action possible sur elle.
Une chose n'a même pour nous de "propriétés" qu'en tant que ces propriétés nous sont utiles.
Et c'est toutce que le langage peut exprimer.
Troisième partie
Conséquences de la partie précédente..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Commentaire de texte. « D'où viennent les idées qui s'échangent ? Quelle est la portée des mots ? » Bergson, Extrait du Rire
- « Nous avons instinctivement tendance à solidifier nos impressions, en les exprimant par des mots. « (Bergson)
- Les choses, les idées et les mots chez J.-J. ROUSSEAU
- La communication des idées marquées par les mots n'est pas la seule ni la principale fin du langage, comme on le suppose communément.
- BERGSON: Pour que la pensée devienne distincte, il faut bien qu'elle s'éparpille en mots