BERGSON: CIVILISATION ET SOCIETE
Publié le 27/02/2008
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Dans Les deux sources de la morale et de la religion, publiée en 1932, Henri Bergson nous livre ses conceptions-clés de la « religion statique « et de « religion dynamique «. Au début de l’ouvrage, Bergson s’intéresse au concept d’obligation morale en retraçant les origines de l’homme dans la société. La société est cette instance qui surplombe, habite et façonne l’homme en sculptant sa mémoire, son imagination… la société fait de l’homme un homme moral. Mais qu’en est-il du vieux rêve, voire de cette utopie, de l’homme isolé du reste du monde ? Robinson n’est-il pas l’homme qui s’est défait de la société ?
Problème : Comment, dans l’isolement physique, l’homme se rattache-t-il à la société et à la moralité ? Cela est-il possible ? Cela a-t-il un sens ?
«
survivre et exister la société qui nous surplombe et qui nous habite.
- La société préexiste à l'homme car, note Bergson quelques phrases avant le passage étudié « Chacun de nous appartient à la société autant qu'à lui-même », « La solidarité sociale n'existe que du moment où un moi social se surajoute en chacun de nous au moi individuel.
Cultiver ce « moi social » est l'essentiel de notre obligation vis-à-visde la société .
» L'amitié avec Vendredi préserve la société, la moralité et est donc salvatrice pour Robinson.
On ne peut s'isoler de la société car c'est elle qui a façonné notre mémoire, notre imagination… tout ce que nous sommes.Nous sommes des êtres sociaux.
L'homme n'est homme que parce que la société le fait advenir à sa véritablenature.
- Le moi social est semblable à la conscience morale de l'homme.
Le moi social est une instance qui double, qui sesurajoute au moi individuel et qui est porteuse de toutes les valeurs morales de la société.
C'est en ce sens queBergson dira du moi social, en reprenant la formule d'Adam Smith, qu'il est un « spectateur impartial ».
L'homme est un être moral.
La seule présence du moi social dans l'homme lui assure le respect d'autrui et donc de soi-même.
Entermes kantiens, le moi social assure à l'homme moral une conduite.
ConclusionPar le concept de moi social, Bergson associe la moralité de l'homme morale à la société.
Alors que Kant avait inscritla conduite morale dans la seule législation de la raison, Bergson rend le lien consubstantiel entre conscience morale,conduite et société.
L'homme n'est jamais isolé de la société.
Robinson s'y rattache par des objets, puis par lamoralité en faisant la rencontre d Vendredi.
Le moi social est l'instrument de la moralité qui en agissant pour lerespect d'autrui porte à se respecter soi-même.
BERGSON (Henri-Louis) .
Né et mort à Paris (1859-1941). Il fit ses études au lycée Condorcet et à l'École normale supérieure.
Il fut reçu à l'agrégation de philosophie en 1881.Il fut professeur de philosophie aux lycées d'Angers et de Clermont-Ferrand.
Docteur ès lettres en 1881, il enseignasuccessivement, à Paris, au collège Rollin, puis au lycée Henri IV, et, à partir de 1898, à l'École normale.
Titulaire,en 1900, de la chaire de philosophie grecque au Collège de France, puis de celle de philosophie moderne, il entra àl'Académie des Sciences morales et politiques en 1901, à l'Académie française en 1914, et reçut le Prix Nobel delittérature en 1927.
— La méthode philosophique de Bergson est l'intuition :« Nous appelons intuition la sympathiepar laquelle on se transporte à l'intérieur d'un objet pour coïncider avec ce qu'il a d'unique et par conséquentd'inexprimable.
» Les données immédiates de la conscience doivent être saisies dans leur vraie nature et non àtravers des notions que nous emprunterions à la connaissance de l'espace.
L'intuition pose les problèmes en termesde durée.
« Les questions relatives au sujet et à l'objet, à leur distinction et à leur union, doivent se poser enfonction du temps plutôt que de l'espace.» — Bergson distingue le temps véritable et psychologique du tempsmathématique, qui est sa traduction en espace.
L'être est altération et l'altération est substance.
La durée, c'est «la forme que prend la succession de nos états de conscience quand le moi se laisse vivre.» Entre les choses, il n'estque des différences de degré.
C'est seulement entre deux tendances qui traversent une chose, qu'il y a différencede nature.
La matière est ce qui ne change plus de nature ; mais elle est aussi durée.
Elle est le plus bas degré dela durée, elle est un « passé infiniment dilaté ».
Car la durée est une mémoire, elle prolonge le passé dans leprésent.
Le passé survit en soi ; il coexiste avec soi comme présent.
Le présent est le degré le plus contracté dupassé.
Le passé et le présent sont contemporains l'un de l'autre.
L'élan vital est la durée en tant que différence desoi avec soi, en tant qu'elle s'actualise, en tant qu'elle passe à l'acte.
La durée vraie est une création continue.
Lavie, de même que la conscience, est durée, mobilité, création continue, liberté.
— Bergson distingue deux sortes demémoire : « Le passé se survit sous deux formes distinctes : 1) Dans des mécanismes moteurs ; 2) Dans dessouvenirs indépendants...
En poussant jusqu'au bout cette distinction fondamentale, on pourrait se représenterdeux mémoires théoriquement indépendantes.» Il parle de mémoire-souvenir et de mémoire-contraction.
« Touteconscience est mémoire — conservation et accumulation du passé dans le présent.
» C'est en ce sens que leprésent est le degré le plus contracté du passé.
On peut rattacher à cette théorie la phrase célèbre du philosophe:« Comprendre, c'est savoir refaire.» — Bergson applique le principe de l'élan vital à la morale et à la religion.
« Lesgrands entraîneurs de l'humanité semblent bien s'être replacés dans la direction de l'élan vital.
» Il distingue lamorale close que la société impose aux individus, et la morale ouverte, qui est celle du héros.
Il distingue la formestatique de la religion, représentée par les dogmes et les rites, et sa forme dynamique représentée par ceux qui ontretrouvé l'élan créateur distinctif de la vie, c'est-à-dire par les saints et les mystiques, Saint François d'Assise ouPascal.
Oeuvres principales : Essai sur les données immédiates de la conscience (1889), Quid Aristoteles de loco senserit (1889), Matière et mémoire, essai sur la relation du corps à l'esprit (1897), Le Rire, essai sur la signification ducomique (1900), L'Evolution créatrice (1907), L'Energie spirituelle (1919), Durée et simultanéité (1922), Les deux.
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