Bérénice (1670) de Racine - résumé et analyse
Publié le 26/03/2015
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Après Britannicus, pièce complexe et pleine d'intrigues, Racine donne avec Bérénice une tragédie extrêmement simple, sans événements marquants, et dont l'action progresse uniquement par le jeu des passions et des sentiments.
«
~ 1 -UNE TRAGÉDIE ÉLÉGIAQUE
Une tragédie extrêmement simple
Après Britannicus, pièce complexe et pleine d'intrigues, Racine donne avec
Bérénice une tragédie extrêmement simple, sans événements marquants, et dont
l'action progresse uniquement par le
jeu des passions et des sentiments.
La Préface de la pièce permet de comprendre la fameuse « simplicité » à laquelle
tendait la tragédie racinienne, en réaction contre la complication des tragédies de
Corneille.
Racine se réclame en effet des dramaturges de !'Antiquité (le tragédien
grec Sophocle
ou encore les comiques latins Plaute et Térence) et cherche à
atteindre« cette simplicité merveilleuse» qu'on admire chez eux.
Pour lui,« toute
l'invention consiste
à faire quelque chose de rien( ...
) pour attacher durant cinq actes
leurs spectateurs par une action simple, soutenue de la violence des passions, de la
beauté des sentiments et de l'élégance de
l'expression».
De fait, Bérénice est la pièce la moins dramatique* de Racine, au sens où elle
contient très peu de ces péripéties* qui donnent son rythme à une tragédie.
D'autre
part, à l'inverse des autres pièces, elle ne comporte pas de scènes de violence, et ne
se termine pas par la mort
d'un ou de plusieurs personnages.
Le thème élégiaque
En revanche, le thème élégiaque est dominant : Racine reprend, dans cette tra
gédie, le thème de la séparation amoureuse, souvent illustré par les romans et les
ballets de cour de l'époque.
S'inspirant de l'historien Suétone, il met en scène les
amours contrariées de
l'empereur romain Titus et de la reine juive Bérénice,
contraints de se séparer
« malgré lui, malgré elle ».
L'action se limite donc à un
acquiescement douloureux à une réalité politique qui s'impose : aucun des senti
ments mis en
jeu n'est assez violent pour provoquer une crise d'ordre passionnel,
car le triangle racinien qui est ici à l'œuvre (Antiochus aime Bérénice qui aime
Titus) ne génère pas de violence.
C'est la raison pour laquelle cette tragédie est
centrée sur une parole de déploration et d'évocation douloureuse d'un passé heu
reux :
la souffrance des trois amoureux déchirés s'exprime par de nombreux « hélas », et remplace « la fureur» habituelle aux héros raciniens.
Jusqu'au
x1xe siècle, la critique a considéré cette tragédie comme l'une des plus
faibles de Racine, y voyant
« une élégie* dramatique qui renferme des morceaux
pleins d'une grâce un peu molle et d'une sensibilité un peu larmoyante» (Théophile
Gautier, 1858).
Mais le xxe siècle a redécouvert Bérénice et sa dimension tragique :
si !'action est simple,
c'est que le conflit est intériorisé et que les héros s' affron
tent eux-mêmes bien plus qu'ils n'affrontent les autres.
La tension
intérieure qui
structure la pièce fait que le tragique y atteint son degré extrême.
Il -AMOUR ET POUVOIR
Des obstacles absolus sans c~mpromis possible
Les deux ressorts fondamentaux du tragique racinien sont à !'oeuvre dans Béré
nice : ils y sont absolus et simplifiés, ce qui leur donne une force encore plus grande.
En effet, les personnages sont en proie
à deux forces antagonistes auxquelles ils ne
peuvent résister:
l'amour qui unit Titus et Bérénice est un ravissement irrésistible,
au même titre que celui qui attache Antiochus à Bérénice, sans espoir de récipro
cité; de même, Titus ne peut pas résister à la loi romaine qui lui interdit d'épouser.
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