BENJAMIN CONSTANT « L'AMOUR ETAIT TOUTE MA VIE »
Publié le 28/03/2010
Extrait du document

Il s'agit d'un roman autobiographique et d'un roman d'analyse, genre qui naît avec la Princesse de Clèves. (Dés la fin du 17ème siècle et pendant le 18ème pour arriver enfin au réalisme, on écrit des romans d'analyse) Dans les romans de chevalerie les sentiments sont stéréotypés, avec ce nouveau genre, on utilise des termes spécifiques (émotions précises). Les romans d'analyse annoncent le roman réaliste, on a une évolution au niveau de la recherche des termes. On voit tout à travers les yeux d'Adolphe : focalisation interne et pour cela on participe aux sentiments. Adolphe, roman de Benjamin Constant, écrit en 1806 et publié en 1816, s'appuie sur des éléments autobiographiques, notamment ses liaisons avec Charlotte de Hardenberg et Mme de Staël. Un jeune homme, Adolphe, séduit par vanité une femme de dix ans son aînée, Ellénore, qui s'éprend aussitôt de lui avec une passion telle qu'elle n'hésite pas à sacrifier sa famille et sa situation. Très vite, le couple se déchire, car Adolphe n'aime pas Ellénore et ne reste avec elle que par pitié et passivité. S'apercevant par une lettre qu'on lui transmet qu'Adolphe ne l'a jamais aimée et a toujours voulu rompre, Ellénore dépérit et meurt de désespoir sous les yeux impuissants d'Adolphe, désormais livré aux remords.
Adolphe est un roman autobiographique et un roman d'analyse qui rapporte l'histoire navrante d'un jeune homme plein d'avenir, qui croit être amoureux d'Ellénore, une femme âgée de dix ans de plus que lui. L'histoire est celle d'un héros désespéré, qui échoue dans sa vie. Cet extrait montre le manque de courage d'Adolphe qui n'arrive pas à assumer une rupture. Ellénore, dont la mort pourrait le libérer, comprenant les véritables intentions d'Adolphe, le ramène à son sentiment de culpabilité. Adolphe, hésitant, cherche à retenir Ellénore qui a commencé à comprendre l'hypocrisie de son amant qui se livre à une longue tirade pour la convaincre qu'il l'aime encore (du début à « une fois, un jour peut être «). Dans un deuxième temps, Ellénore finit par dominer la scène par sa sincérité ce qui fait augmenter chez Adolphe le sentiment de culpabilité (de « elle remarqua que j'hésitait « jusqu'à la fin). Dans ce texte nous assistons à une cristallisation de l'amour d'Ellénore qui mourra et laissera Adolphe avec son sentiment de culpabilité.

«
n'avez-vous pas vous-même mille preuves que je ne puis vouloir ce qui nous sépare? J'ai été mécontent,malheureux, injuste; peut-être, en luttant avec trop de violence contre une imagination rebelle, avez-vous donnéde la force à des velléités passagères que je méprise aujourd'hui; mais pouvez-vous douter de mon affectionprofonde? nos âmes ne sont-elles pas enchaînées l'une à l'autre par mille liens que rien ne peut rompre? Tout lepassé ne nous est-il pas commun? Pouvons-nous jeter un regard sur les trois années qui viennent de finir, sans nousretracer des impressions que nous avons partagées, des plaisirs que nous avons goûtés, des peines que nous avonssupportées ensemble? Ellénore, commençons en ce jour une nouvelle époque, rappelons les heures du bonheur et del'amour.»Elle me regarda quelque temps avec l'air du doute.
«Votre père, reprit-elle enfin, vos devoirs, votre famille, ce qu'onattend de vous!...
— Sans doute, répondis-je, une fois, un jour peut-être...» Elle remarqua que j'hésitais.«Mon Dieu, s'écria-t-elle, pourquoi m'avait-il rendu l'espérance pour me la ravir aussitôt? Adolphe, je vous remerciede vos efforts: ils m'ont fait du bien, d'autant plus de bien qu'ils ne vous coûteront, je l'espère, aucun sacrifice;mais, je vous en conjure, ne parlons plus de l'avenir...
Ne vous reprochez rien, quoi qu'il arrive.
Vous avez été bonpour moi.
J'ai voulu ce qui n'était pas possible.
L'amour était toute ma vie: il ne pouvait être la vôtre.
Soignez-moimaintenant quelques jours encore.» Des larmes coulèrent abondamment de ses yeux; sa respiration fut moinsoppressée; elle appuya sa tête sur mon épaule.
«C'est ici, dit-elle, que j'ai toujours désiré mourir.» Je la serraicontre mon c½ur, j'abjurai de nouveau mes projets, je désavouai mes fureurs cruelles.
«Non, reprit-elle, il faut quevous soyez libre et content.
— Puis-je l'être si vous êtes malheureuse? — Je ne serai pas longtempsmalheureuse, vous n'aurez pas longtemps à me plaindre.» Je rejetai loin de moi des craintes que je voulais croirechimériques.
«Non, non, cher Adolphe, me dit-elle, quand on a longtemps invoqué la mort, le Ciel nous envoie, à lafin, je ne sais quel pressentiment infaillible qui nous avertit que notre prière est exaucée.» Je lui jurai de ne jamais laquitter.
«Je l'ai toujours espéré, maintenant j'en suis sûre».
vocabulaire qui montre une affection profonde pour ne pas dire amour (c'est un paradoxe), on a donc une périphrase
discours quiparaît préparé
enchaîné, liens,rompre " il n'estpas libre, tandisqu'un amoureuxne se sentnormalementpas emprisonné
b rythme saccadé, haché, heurté, rapide qui montre l'émotion immédiate ; rythme à 4 temps " moins naturel " elleest surprise, ce qui est montré à travers les point de suspension
de l'amour on passe à la mort " thématiques romantiques
rythme est plus rapide
Elléonore utilise des verbes au futur
Paradoxe : c'est l'amour qu'elle a pour lui qui ne la quittera jamais
ANALYSE DU TEXTE
Du moment où elle comprend qu'il ne l'aime plus, il hésite car il se sent coupable, il est hypocrite et il n'a pas decourage, en fait, il est lâche.Dès le début il cherche à convaincre Elléonore.
Adolphe narrateur/Adolphe personnage
Adolphe éprouve un sentiment de pitié, de compassion.
Utilisation de verbes d'action pour décrire le corps et lasouffrance physique d ‘Elléonore.
Il s'attarde sur l'attitude, les gestes et donc sur les émotion
Première séquence : Adolphe domine parce qu'il prend à son compte tout le dialogue " il fait une tirade afin deconvaincre Elléonore qu'il est encore amoureux, il cherche presque à se convaincre lui-même..
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