Devoir de Philosophie

Beauté naturelle et beauté artistique de G.-W F. HEGEL

Publié le 05/01/2020

Extrait du document

hegel
L'émotion esthétique ne naît pas exclusivement des produits de l’art, mais aussi du spectacle de la nature. La beauté naturelle ne serait-elle pas supérieure à celle de l’art, qui ne pourrait alors que tenter de l'égaler ? Contre cette idée, Hegel introduit une hiérarchie entre beauté naturelle et beauté artistique.
 
L’esprit étant supérieur à la nature, sa supériorité se communique également à ses produits, et par conséquent à l’art. C’est pourquoi le beau artistique est supérieur au beau naturel. Tout ce qui vient de l’esprit est supérieur à ce qui existe dans la nature. La plus mauvaise idée qui traverse l’esprit d’un homme est meilleure et plus élevée que la plus grande production de la nature, et cela justement parce qu’elle participe de l’esprit et que le spirituel est supérieur au naturel. En examinant de près le contenu du beau naturel, le Soleil, par exemple, on constate qu’il constitue un moment absolu, essentiel, dans l’existence, dans l’organisation de la nature, tandis qu’une mauvaise idée est quelque chose de passager et de fugitif. Mais, en considérant ainsi le Soleil du point de vue de sa nécessité et du rôle nécessaire qu’il joue dans l’ensemble de la nature, nous perdons de vue sa beauté, nous en faisons pour ainsi dire abstraction, pour ne tenir compte que de sa nécessaire existence. Or, le beau artistique n’est engendré que par l’esprit, et c’est en tant que produit de l’esprit qu’il est supérieur à la nature.
 
Il est vrai que « supérieur» est un qualificatif vague. Aussi bien, en disant que le beau artistique est supérieur au beau naturel convient-il de préciser ce que nous entendons par là ; le comparatif « supérieur» ne désigne qu’une différence quantitative ; autant dire qu’il ne signifie rien. Ce qui est au-dessus d’une autre chose ne diffère de cette autre chose qu’au point de vue spatial et peut lui être égal par ailleurs. Or, la différence entre le beau artistique et le beau naturel n’est pas une simple différence quantitative. Le beau artistique tient sa supériorité du fait qu’il participe de l’esprit et, par conséquent, de la vérité, si bien que ce qui existe n’existe que dans la mesure où il doit son existence à ce qui lui est supérieur et n’est ce qu’il est et ne possède ce qu’il possède que grâce à ce supérieur. Le spirituel seul est vrai. Ce qui existe n’existe que dans la mesure où il est spiritualité. Le beau naturel est donc un réflexe de l’esprit.
 
G.-W. Friedrich Hegel, Introduction à l’Esthétique (1835), coll. « Champs », Aubier-Montaigne, 1964, p. 10-11, © Hegel G. W. F., trad. S. Jankélévitch.



hegel

« rôle nécessaire qu'il joue dans l'ensemble de la nature, nous per­ dons de vue sa beauté, nous en faisons pour ainsi dire abstraction, pour ne tenir compte que de sa nécessaire existence.

Or, le beau artistique n'est engendré que par l'esprit, et c'est en tant que pro­ duit de l'esprit qu'il est supérieur à la nature.

Il est vrai que « supérieur» est un qualificatif vague.

Aussi bien, en disant que le beau artistique est supérieur au beau naturel convient-il de préciser ce que nous entendons par là; le compara­ tif« supérieur» ne désigne qu'une différence quantitative; autant dire qu'il ne signifie rien.

Ce qui est au-dessus d'une autre chose ne diffère de cette autre chose qu'au point de vue spatial et peut lui être égal par ailleurs.

Or, la différence entre le beau artistique et le beau naturel n'est pas une simple différence quantitative.

Le beau artistique tient sa supériorité du fait qu'il participe de l'esprit et, par conséquent, de la vérité, si bien que ce qui existe n'existe que dans la mesure où il doit son existence à ce qui lui est supé­ rieur et n'est ce qu'il est et ne possède ce qu'il possède que grâce à ce supérieur.

Le spirituel seul est vrai.

Ce qui existe n'existe que dans la mesure où il est spiritualité.

Le beau naturel est donc un réflexe de l'esprit.

G.-W.

Friedrich HEGEL, Introduction à l' Esthétique (1835), coll.

«Champs», Aubier-Montaigne, 1964, p.

10-11, ©Hegel G.

W.

F., trad.

S.

Jankélévitch.

POUR MIEUX COMPRENDRE LE TEX! E C'est de manière volontairement paradoxale que Hegel exprime l'opposition de la nature et de l'esprit.

Il peut en effet sembler inacceptable au bon sens que « la plus mau­ vaise idée qui traverse l'esprit d'un homme» soit meilleure que «la plus grande production de la nature».

Pour soute­ nir un tel jugement, Hegel introduit à la fin du texte une importante mise au point concernant l'emploi du compa­ ratif « supérieur».

Malgré le sentiment de la beauté que paraissent engen­ drer de manière égale la nature et l'art, il convient de sépa­ rer radicalement deux types de beauté qui n'ont pas la même origine, en les hiérarchisant et en montrant que la beauté naturelle n'est qu'un effet de la beauté artistique.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles