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BAC 2016 : Texte de Merleau-Ponty : Une œuvre d’art a-t-elle pour but de représenter la réalité ?

Publié le 15/06/2016

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merleau

Selon l'esthétique classique, toute la nature n'est pas digne d'imitation, le classicisme n'est as un réalisme. La nature imitable est elle-même une idéalisation des formes, c'est-à-dire une stylisation des apparences sensibles reconstruites en fonction des lois qui organisent en profondeur la nature. L'imitation de la nature impose celle des anciens. Imiter les anciens, c'est imiter la méthode des anciens qui ont su imiter la nature dans son intention même. Aussi, le naturel dans l'art n'a plus rien de spontané. Il n'y a même rien de plus artificiel que cela. L'imitation de la réalité est soumise à de nombreuses restrictions. L'art classique se doit de représenter la réalité, mais la représentation doit être l'objet de plaisir. L'art doit se conformer à ses conditions de réception, c'est-à-dire à la croyance partagée de ce qui est réel, possible, convenable, et de ce qui ne l'est pas. L'imitation de la nature porte ainsi en elle la règle de bienséance. La vraisemblance désigne la ressemblance entre ce qui imite et ce qui est imité. D'un point de vue interne, c'est-à-dire la cohérence de l'action et des personnages et vraisemblance externe, qui équivaut aux valeurs du public concerné. Aussi, l'imitation n'est pas un procédé servile de copie mécanique et se distingue de toute espèce de mimétisme. Il s'agit d'imiter non ce qui se donne à la perception, mais ce qui est régulier et proportionné, c'est-à-dire ce qui plaît à la raison. La beauté est vaine si elle n'est pas grande et noble. La nature de l'imitation, la belle nature, c'est donc la nature raisonnée. L'art imite une nature corrigée, choisie, en fonction de normes idéales. 

Expliquez le texte suivant:

Même quand les peintres travaillent sur des objets réels, leur but n’est jamais d’évoquer l’objet même, mais de fabriquer sur la toile un spectacle qui se suffit. La distinction souvent faite entre le sujet du tableau et la manière[1] du peintre n’est pas légitime parce que, pour l’expérience esthétique, tout le sujet est dans la manière dont le raisin, la pipe ou le paquet de tabac est constitué par le peintre sur la toile. Voulons-nous dire qu’en art la forme seule importe, et non ce qu’on dit ? Nullement. Nous voulons dire que la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part. Nous nous bornons en somme à constater cette évidence que, si je peux me représenter d’une manière suffisante, d’après sa fonction, un objet ou un outil que je n’ai jamais vu, au moins dans ses traits généraux, par contre les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire. Il ne s’agit donc pas, en présence d’un tableau, de multiplier les références au sujet, à la circonstance historique, s’il en est une, qui est à l’origine du tableau.

Maurice MERLEAU-PONTY, Causeries (1948)

[1] « manière » : la façon dont le peintre peint, son style propre

 

Pour expliquer ce texte, vous répondrez aux questions suivantes, qui sont destinées principalement à guider votre rédaction. Elles ne sont pas indépendantes les unes des autres et demandent que le texte soit d’abord étudié dans son ensemble.

1. Dégager la thèse du texte et les étapes de son argumentation.

2. Expliquer :

a) « un spectacle qui se suffit » ;

b) « la forme et le fond, ce qu’on dit et la manière dont on le dit ne sauraient exister à part » ;

c) « les meilleures analyses ne peuvent me donner le soupçon de ce qu’est une peinture dont je n’ai jamais vu aucun exemplaire ».

3. Une œuvre d’art a-t-elle pour but de représenter la réalité ?

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