Avons-nous besoin du désir des autres ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
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sur quelque chose qui dépasse la réalité donnée, c'est-à-dire sur un autre désir.
Chez l'homme la valeur c'est ledésir lui-même, car il est fonction du désir de la reconnaissance face à l'autre (humain), d'où cette volonté que l'onsoit reconnu par l'autre comme valeur autonome.
La réalité de la conscience de soi ne peut émerger que par cedésir de reconnaissance, dans une lutte pour la vie, où l'homme risque sa vie afin de prouver à l'autre sa supériorité,sa valeur : « le rapport des deux consciences de soi est donc ainsi déterminé qu'elles font leur propre preuve, etchacune celle de l'autre, par le combat à mort» (Hegel, Phénoménologie de l'esprit ).
Il s'ensuit par là que dans cette rencontre, dans ce face à face, s'opposent deux types différents, par une sorte de nécessité, et que l'un s'avèrevictorieux dans la lutte pour la reconnaissance.
Ces deux types caractérisent deux comportements distincts, dontl'un est la peur de l'autre qui ne faiblit pas lors de la lutte, ou le serviteur, et dont l'autre est le maître, reconnu telpar le serviteur qui lui-même se reconnaît en tant que serviteur.
Le serviteur se voit donc refuser son désir etsatisfaire celui du maître au profit de la vie.
Il y a un dualisme fondamental, deux modalités existentielles inhérenteset qui se révèlent à l'individu lors de la lutte pour la reconnaissance : la maîtrise et la servitude.
b.
L'amour est bien ce rapport de réciprocité entre deux individus.
Et l'on voit que lorsqu'il n'y a que relation unilatérale, l'un des côtés du rapport s'en trouve perturbé.
Le désir amoureux peut ainsi se traduire comme cet élande soi vers l'autre sans que l'autre ne donne de réponse.
Seul l'amour unifié, compris comme la réunion, ou ledépassement même de désirs réciproques, peut être appelé amour véritable.
En effet, chacun se reconnaît à traversl'autre, ce qui donne une impression de tranquillité, de repos, d'union, et non d'inquiétude.
Hegel a bien montré le caractère dialectique de l'amour, et la difficulté qui en ressort lorsqu'unindividu ne se reconnaît plus dans son autre.
Le désir amoureux est uneexpérience qui a donné à certains auteurs la substance de leur œuvre.
Onconsidèrera ainsi l'amour de Pétrarque pour Laure (Les Canzionne ).
Celui-ci se voit épris d'une femme qu'il rencontre, et n'arrête plus d'y penser.
Il setrouve d'une certaine manière désubstantialisé, puisqu'il se perd (son êtremême) dans l'autre, dans Laure.
C'est dans un de ses dialogues tardifs ( Le Dialogue intérieur ) qu'il revient sur cet épisode de sa vie, et qu'il confesse sa faute de s'être trop attardé à vouloir mettre du sens dans un désir amoureuxqui ne faisait qu'occulter le véritable authentique, Dieu.
Dès lors, chacun peutse voir soumis à une représentation, à une sublimation, sans voir quel'imagination, et non la raison, est au commande de la conscience.
Le désiramoureux peut rabaisser l'homme au point de le partager en lui-même, voirede le tuer (cf.
Goethe , Les souffrances du jeune Werther ). Conclusion On remarque aisément cette vocation du désir à l'extériorité, vocationsouvent blâmée et qui devra faire l'objet d'une critique de l'homme sur lui-même.
L'objet du désir est souvent l'étranger d'une relation de l'individu vis-à-vis d'un objet du monde.
Si l'objet du désir est le désir de l'autre lui-même,alors s'engage une lutte pour la reconnaissance (Hegel).
Aussi l'amour, commetype de cette relation de l'intersubjectivité du désir, montre à quel point le fait de s'investir pour l'autre peut nuire.Les hommes, chacun appartenant à un groupe déterminé, et s'appropriant par là le mode de vie du groupe, enviennent à reproduire les désirs qui suturent le lien social.
Ainsi le besoin de s'unir au désir d'autrui n'est-il pas la plusgrande dictature que l'individu s'impose à lui-même, et à son insu ?.
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