Avons-nous besoin de rêver ?
Publié le 01/03/2004
Extrait du document
«
est clair, mais en général, le sens du rêve est plus complexe à démêler.
Le caractère crypté vient du fait quela répression n'est pas totalement inactive: le désir réprimé, qui peut lui-même déjà être de natureambivalente, se montre de manière ambivalente, c'est-à-dire qu'il se montre tout en se cachant, notammentpar déplacement (un objet anodin en symbolise un autre) et condensation (un objet symbolise plusieurschoses en même temps).
Comme les lapsus, actes manqués et autres éléments de la «psychopathologie de la vie quotidienne», lesrêves révèlent au sujet qu'il «n'est pas maître chez lui», comme dit Freud, et que sa vie consciente estdéterminée par ses représentations inconscientes, qui viennent de la vie infantile.
On peut donc fréquemmentopposer Freud à Descartes, en considérant ce dernier comme représentant d'une «philosophie du sujet», où lesujet est maître de ses actes et de ses pensées.
Rêve et libertéPour Sartre, « l'imagination est une condition essentielle et transcendantale de la conscience.
Il est aussiabsurde de concevoir une conscience qui n'imaginerait pas que de concevoir une conscience qui ne pourraiteffectuer le cogito ».
Conscience réalisante et conscience imageante sont indissociables.
L'imagination est lafonction irréalisante de la conscience.
En effet, lorsque je perçois un objet réel, je le perçois comme élémentd'un ensemble qui est la réalité totale.
Même si je concentre mon attention sur lui, je le saisis comme présentet en continuité avec les autres objets réels, eux-mêmes présents, c'est-à-dire avec le monde.
En revanche,quand j'imagine ce même objet, je l'isole des autres et le saisis comme absent.
Certes, je sais que cet objetexiste réellement, mais en tant que je l'imagine, je le vise là où il ne m'est pas donné.
Dès lors je le saisis «comme un néant pour moi ».
Ainsi donc imaginer est un acte négatif : c'est poser une thèse d'irréalité, àsavoir simultanément isoler et anéantir un objet.
Mais poser l'objet comme un néant par rapport au monde,c'est la même chose que poser le monde comme un néant par rapport à l'image.
Car « poser une image c'estconstituer un objet en marge du réel, c'est donc tenir le réel à distance, s'en affranchir, en un mot le nier ».L'imagination permet donc de se détacher du monde, de le dépasser : sans elle, la conscience serait «engluée dans l'existant ».
C'est pourquoi l'imagination est liberté.
Sans rêves, la vie serait terneLe rêve conscient ou rêverie exprime aussi la partie créatrice de l'esprit.
Je peux rêver de réaliser un film,d'écrire un livre, de faire un merveilleux voyage ou d'acheter la maison de mes rêves.
Rêver, en ce sens, c'estfaire des projets sans se soucier de la réalité immédiate, en tenant compte de son seul désir.
Le rêve, commele dit Freud, obéit au principe de plaisir.
[Les rêves nous éloignent de la réalité et nous détournentde l'action.
Nous n'avons pas besoin de rêver, mais d'avoirle sens des réalités.
La propension au rêve est un handicap dont l'homme raisonnable pourrait bien se passer.]
[La pensée doit rompre avec le rêve et l'imagination pour pouvoir connaître authentiquement réel.]
"Une étude philosophique de la rêverie nous sollicite par son caractère à la fois simple et bien défini.
Larêverie est une activité psychique manifeste.
Elle apporte des documents sur des différences dans latonalité de l'être.
Au niveau de la tonalité de l'être peut donc être proposée une
ontologie différentielle.
Le cogito du rêveur est moins vif que le cogito du penseur.
Le cogito du rêveurest moins sûr que le cogito du philosophe.
L'être du rêveur est un être diffus.
Mais, en revanche, cetêtre diffus est l'être d'une diffusion.
Il échappe à la ponctualisation du hic et du nunc.
L'être du rêveurenvahit ce qui le touche, diffuse dans le monde.
Grâce aux ombres, la région intermédiaire qui séparel'homme et le monde est une région pleine, et d'une plénitude à la densité légère.
Cette régionintermédiaire amortit la dialectique de l'être et du non-être.
L'imagination ne connaît pas le non-être.Tout son être peut bien passer pour un non-être aux yeux de l'homme de raison, aux yeux de l'homme autravail, sous la plume du métaphysicien de l'ontologie forte.
Mais, en contrepartie, le philosophe qui sedonne assez de solitude pour entrer dans la région des ombres baigne dans un milieu sans obstacles oùaucun être ne dit non.
Il vit par sa rêverie dans un monde homogène à son être, à son demi-être.L'homme de la rêverie est toujours dans l'espace d'un volume.
Habitant vraiment tout le volume de sonespace, l'homme de la rêverie est de toute part dans son monde, dans un dedans qui n'a pas de dehors.Ce n'est pas pour rien qu'on dit communément que le rêveur est plongé dans sa rêverie.
Le monde ne luifait plus vis-à-vis.
Le moi ne s'oppose plus au monde.
Dans la rêverie, il n'y a plus de non-moi.
Dans larêverie, le non n'a plus de fonction : tout est accueil.
[...] Le rêve nocturne, à l'inverse de la rêverie, ne.
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