« Aujourd'hui nous recevons trois éducations différentes ou contraires : celle de nos pères, celle de nos maîtres, celle du monde. Ce qu'on nous dit dans la dernière renverse toutes les idées des premières. » Montesquieu, Esprit des lois, IV, 1748. Pensez-vous que cette opinion formulée il y a deux siècles s'applique à notre époque ? Vous organiserez avec soin votre réflexion, et vous l'appuierez d'exemples précis, empruntés à votre culture et à votre expérience personnelle. ?
Publié le 21/03/2009
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• Cette citation est extraite de la quatrième partie de L'Esprit des Lois, dont le titre est « Que les lois de l'éducation doivent être relatives aux principes du gouvernement «. Le paragraphe que commence notre phrase se termine par cette explication : « Cela vient, en quelque partie, du contraste qu'il y a parmi nous entre les engagements de la religion et ceux du monde ; chose que les anciens ne connaissent pas. « Montesquieu donne donc une raison à ce divorce entre les différentes éducations. Mais il n'était pas nécessaire pour vous de connaître le contexte de la phrase. • « Monde « a ici le sens ancien de société civile, et non d'univers : il s'agit des engagements de la vie active, sociale, des relations entre personnes de bonne compagnie. • Le libellé vous invite à établir une comparaison entre deux époques, ce qui suppose une spécificité de l'éducation moderne, qu'il faudra dégager. • Suggestion : Recensez les instances éducatrices que vous connaissez, sans oublier tous les moyens modernes d'instruction.
- I. Une éducation disparate.
— Éducation traditionnelle : le savoir — Les leçons du monde : le savoir-vivre
- II. De l'éducation à l'instruction.
— L'institutionnalisation du savoir — Une instruction ouverte sur la vie — La désaffection du savoir « inutile «
- III. L'éducation donne sens à la vie.
— L'épanouissement de la personnalité — Le développement des capacités à communiquer — Un sens à la vie
«
l'ordinateur entre désormais pour une part non négligeable dans l'apprentissage des enfants.L'enseignement moderne tâche de donner à chacun les armes nécessaires pour entrer dans la vie active avec tousles atouts professionnels et technologiques.
Longtemps coupée de la réalité extérieure, l'école a donc ouvert sesportes sur la vie matérielle.
Rousseau, au xviiie siècle prétendait, dans Emile : « Je hais les livres », pensant qu'ilsn'apportaient qu'un savoir encyclopédique sans application possible à la réalité.
De la sorte, seul Robinson Crusoé deDefoe trouvait grâce à ses yeux, par la mise en pratique des connaissances que cet ouvrage propose.
Dans cetteoptique de désacralisation d'un savoir formel, l'éducation moderne a également essayé de modifier l'image d'unmaître tout-puissant, substitut du père que ne pouvait atteindre aucune contestation.
L'accent est davantage mis,de nos jours, sur la prise en charge de l'éducation par chacun.
L'expérience de Neil avec ses Libres enfants deSummerhill est encourageante.Pourtant l'on peut regretter une désaffection pour le savoir dit « inutile », sous prétexte qu'il n'a pas d'applicationimmédiate dans la recherche d'un premier métier.
Car les arts, la culture générale en un mot, représentent la part durêve, le plaisir esthétique goûté au moment des loisirs que laisse une activité professionnelle et en cela, sontirremplaçables.
« L'étude doit être la pause féconde et enrichissante où l'on (...) entre en possession de tout untrésor humain, que plus tard on n'aura plus, en général, ni le temps, ni l'occasion de découvrir » écrit J.
de Romillydans L'Enseignement en Détresse.
Si l'éducation se réduit à l'acquisition des mathématiques et de matièrestechnologiques, on risque l'appauvrissement, la mécanisation des esprits.
« Un pays dans lequel n'existe plus, le soir,une chambre dans laquelle un enfant apprend le grec ou le violon, est un pays perdu » remarque L.
Schwartzenberg.Il faut absolument reconnaître à l'éducation sa véritable place dans la formation de l'individu, une placeprépondérante.Les objectifs de l'éducation sont pluriels : acquisition de savoir, certes, mais aussi épanouissement de lapersonnalité et développement des capacités à communiquer avec autrui.« Pour ne pas être à la merci des hasards de la vie, (l'enfant) doit développer ses ressources intérieures afin que lessentiments, l'imagination, l'intellect s'appuient et s'enrichissent mutuellement » dit B.
Bettelheim dans saPsychanalyse des contes de fées.
Il y a, grâce à l'éducation, interaction des différentes facultés de l'individu quiconcourent à forger une personnalité complète et équilibrée.
Pour Montaigne déjà, l'éducation visait moins unequantité de savoir à emmagasiner, qu'une réflexion personnelle sur des données du réel : « instruire, disait-il, c'estformer le jugement » (Essais, I).Mais l'éducation ne se contente pas de sculpter les contours d'un caractère individuel : elle doit nous aider àdévelopper nos capacités à communiquer.
Elle a donc un rôle à jouer dans le consensus social.
Montesquieu estimaitque les lois de l'éducation « nous préparent à être citoyens » (Esprit des Lois).
Elles sont même essentielles dans unrégime démocratique qui implique que chacun prenne l'État en charge, la vertu politique étant ainsi « derenoncement à soi-même » (id.).
Cette idée de l'esprit qui ne peut que s'affiner au contact d'autrui apparaît une foisencore chez Montaigne : « Il se tire une merveilleuse clarté, pour le jugement humain, de la fréquentation dumonde.
» Nous évitons ainsi d'être « raccourcis à la longueur de notre nez ».Eduquer va même encore plus loin : il s'agit non seulement de prodiguer un savoir qui aide l'individu dans sa viepersonnelle et sociale, mais de donner un sens à la vie, d'initier l'être à la richesse de l'univers.
C'est pourquoil'éducation doit être complète.
La psycho-sociologie nous apprend qu'elle devrait prendre en compte toutes lesdimensions de l'être humain, et en particulier, celle du jeu.
Une organisation plus souple de l'éducation l'intégreraitbien mieux à la totalité de l'existence.
« L'enseignement ne se limite pas à l'école.
Toute la vie, notre milieu estnotre éducateur » souligne Valéry dans Variété.
L'éducation pourrait et devrait être l'acquisition de valeurs simplesqui se regroupent, selon la classification de Diel (Les Principes de l'Éducation et de la Rééducation), « dans les troiscatégories de l'harmonie : l'harmonie de la pensée : vérité ; l'harmonie des sentiments : beauté ; l'harmonie desactions : bonté ».Ainsi l'éducation du xviiie siècle était fondée sur un savoir en rupture avec le monde réel (que l'on découvrait parsoi-même), dont on conserve certains aspects aujourd'hui.
Mais l'on a tenté de réduire l'écart entre la vie et lecontenu de l'instruction, en courant toutefois le risque de ne plus offrir qu'un enseignement pragmatique.
Carl'éducation se définit essentiellement par ses finalités, qui sont les plus hautes, visant à l'intériorisation de laphilosophie, de la morale, de la culture au sens le plus complet du terme.
C'est en cela que l'éducation, et elle seule,nous donne le pouvoir d'ordonner le réel qui nous entoure, et partant, d'y trouver une place qui corresponde à nosaspirations..
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