Au travers du temps qui passe, suis-je toujours le même ?
Publié le 27/02/2008
Extrait du document
«
seulement « un bout » ( Essai , III, 12).
Ainsi le titre de cette œuvre montre bien que l'homme est un essai permanent, qu'il a toujours en lui de l'inconnaissable, et qu'il se révèle à chaque fois différent.
b.
Le Dasein (l'homme) est le plus souvent sur le mode de l'absence à soi.
Heidegger identifie cet oubli de soi à une déchéance .
Cette déchéance est donc le fait d'une fuite du Dasein devant sa temporalité finie, ou sa mortalité.
Ouvert à ce qu'il est, le Dasein se trouve exposé au caractère inéluctable de sa propre mort.
Cettedéchéance entrave forcément la quête de l'être, l'ouverture du Dasein à son originarité.
La fuite face à la questionqu'est tout Dasein pour soi-même confirme ainsi la primauté de la question de l'être.
De fait, il y va en chaque êtrehumain, en tout Dasein, de son être même, c'est-à-dire de son être possible, qui est en attente de décision (et l'absence de décision en est déjà une, à savoir une décision en faveur de l'inauthenticité).
Heidegger part donc duDasein comme d'un être qui est hanté par le souci de son être.
Et c'est la mort qui délimite essentiellement l'être.L'ouverture à soi du Dasein est donc une ouverture à sa propre mortalité.
C'est même la « certitude » la plus intimedu Dasein.
L'homme est là, certes, mais pour un temps seulement (idée qui résume le titre Être et temps ).
Le Dasein est donc bien un être vers la mort, modalité qui lui insuffle une angoisse mortelle, mais dont la prise en charge peutouvrir le Dasein à son être-possible ou à des possibilités d'être qu'il étouffe tant qu'il s'en tient à des déterminationsinauthentiques.
Toute la compréhension de l'être du Dasein tient au souci.
Heidegger en débusquera l'indice le pluséloquent dans la tendance du Dasein à comprendre l'être de manière « a-temporelle », c'est-à-dire comme présencepermanente.
Ainsi, pour le Dasein (par lequel passe toute compréhension d'être), l'être véritable est celui quiperdure, qui se maintient dans la présence (cf.
Parménide, les Idées de Platon, l'être substantiel d'Aristote, le Dieumédiéval, et le sujet érigé en fondement absolu par les modernes).
Heidegger se demande alors sur quoi repose cetinsigne privilège de la permanence, sinon sur un refoulement de la temporalité du Dasein ? C'est ainsi que lacompréhension de l'être à partir du temps trouve sa source dans le Dasein lui-même.
Et c'est la relation du Dasein àlui-même (à sa temporalité) qui dictera la compréhension de l'être en général et la question du sens de l'être.Heidegger veut montrer que l'intelligence de l'être à partir de la présence permanente repose sur un rapportinauthentique du Dasein à sa temporalité et à son être, c'est-à-dire sur une déchéance et un refoulement dans satemporalité la plus intime.
Etre et temps s'occupera donc d'entreprendre une Analytique ontologique du Dasein à partir de sa temporalité, qui devait être suivie d'une Destruction de l'histoire de l'ontologie.
Le § 5 présentel'intention d'interpréter le Dasein selon la temporalité, savoir montrer en quoi toutes les structures du Daseinpeuvent être comprises comme des modes de sa temporalité.
La thèse de Etre et temps est que la compréhensionde l'être s'effectue toujours dans l'horizon du temps : « il faut montrer que ce à partir de quoi le Dasein en généralcomprend et explicite silencieusement quelque chose comme l'être est le temps » (§ 5).
Heidegger esquissera deuxtemps : le temps originaire et le temps vulgaire (conception courante, comme d'une série continue de maintenantsqui se répètent et se perpétuent à l'infini).
L'assise philosophique de cette conception du temps « vulgaire » setrouverait, selon Heidegger, dans la Physique d'Aristote.
Ainsi la conception aristotélicienne du temps comme« mesure » du mouvement ponctué d'instants présents aurait dominé toute l'histoire de l'ontologie.
La conceptionpar contre « originaire » du temps que Heidegger veut opposer à la temporalité vulgaire reste une temporalité certesvague, mais qui prendrait plus au sérieux la finitude du Dasein.
Le temps ne serait plus à comprendre comme unesuccession infinie du présent, mais à partir du futur mortel du Dasein.
On comprend alors pourquoi le temps vulgaireest dit dérivé : c'est pour échapper à sa finitude que le Dasein se rabat sur un temps objectivé qui se perpétue sanscesse, c'est-à-dire, finalement, sur un temps qui n'en est pas un.
Le temps vulgaire veut en effet comptabiliser letemps et en disposer.
Or le temps est très justement ce avec quoi on ne peut jamais compter, ce dont on nedispose jamais.
Conclusion Il est difficile de vouloir démontrer que le temps n'est pas à l'origine de la constitution de soi du sujet.
En effet,le sujet doit en permanence se constituer comme ce qu'il est.
Et c'est au travers du temps qui passe (temporalitéphysique), et du temps psychique (durée), que s'élabore la structure d'un moi identique à lui-même.
De fait,l'identité à soi se construit sur l'expérience, au fil d'un temps qui coule sans cesse, et dont on ne peut jamais arrêterle processus..
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