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Arthur SCHOPENHAUER: SOCIETE ET INDIVIDU

Publié le 27/02/2008

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schopenhauer
Et tout d'abord toute société exige nécessairement un accommodement réciproque, une volonté d'harmonie : aussi, plus elle est nombreuse, plus elle devient fade. On ne peut être vraiment soi qu'aussi longtemps qu'on est seul ; qui n'aime donc pas la solitude n'aime pas la liberté, car on n'est libre qu'étant seul. Toute société a pour compagne inséparable la contrainte et réclame des sacrifices qui coûtent d'autant plus cher que la propre individualité est plus marquante. Par conséquent, chacun fuira, supportera ou chérira la solitude en proportion exacte de la valeur de son propre moi. Car c'est là que le mesquin sent toute sa mesquinerie et le grand esprit toute sa grandeur ; bref, chacun s'y pèse à sa vraie valeur. Arthur SCHOPENHAUER
schopenhauer

« librement, totalement, sans limite, par opposition à un moi socialisé, aliéné, étouffé par les liens collectifs.- « toute société a pour compagne inséparable la contrainte » : une société est un ensemble d'individus unis parcertains liens ; ces liens sont définis par la coutume, la morale, la religion, le Droit de cette société, qui imposentdes règles à suivre, des devoirs, obligations, interdictions, donc des contraintes sans lesquelles les relations socialesdisparaîtraient.

Ainsi, l'idée de société implique nécessairement celle de contrainte.3) Est-ce la seule solution, pour être libre, que de s'isoler de la Société ? Justifiez votre position personnelle. introduction Schopenhauer affirme : « On n'est libre qu'étant seul.

» Pour être libre, il faudrait donc s'isoler de la Société.

Est-cevraiment la seule solution ? 1.

la liberté par la solitude a) Une solution qui paraît évidente• II est vrai qu'une société, comme le dit Schopenhauer, limite toujours les droits des individus qui en font partie.

«Ma liberté s'arrête où commence celle des autres » ; on en déduit très logiquement que cette liberté n'est quepartielle, qu'une authentique liberté ne serait pas ainsi « arrêtée » par autrui dans la solitude.• Et il est vrai que la morale sociale, la politesse, le code de la route, etc., n'ont pas de sens au milieu du désert oudans l'île de Robinson.

L'opinion confirmerait les thèses de Schopenhauer.b) Une solution discutable• Toute solitude, cependant, est-elle libératrice ? N'y a-t-il pas des solitudes qui sont des prisons dont on voudraitjustement se libérer ?• Robinson est physiquement seul.

Mais si radicale que soit sa solitude, elle reste marquée par la présence passéedes autres : c'est d'eux que Robinson tient son langage, ses idées, tout le savoir-faire qui lui permet de survivre.L'effacement de ces présences ne détruirait-il pas l'humanité de Robinson ? C'est un des thèmes du roman de MichelTournier : Vendredi, ou les Limbes du Pacifique ; « La foule de ses frères qui l'avait entretenu dans l'humain sansqu'il s'en rendît compte s'était brusquement écartée de lui et il éprouvait qu'il n'avait pas la force de tenir seul surses jambes » (Folio, p.

38).

Quelle liberté, chez un être qui perd son humanité ?• Rousseau imagine un état de nature dans lequel l'individu pourrait user de toute sa liberté naturelle parce qu'ilvivrait seul, isolé dans d'immenses forêts fertiles.

Dans ce beau rêve, la liberté n'aurait pour bornes que les pouvoirsphysiques de l'individu ; mais c'est un rêve, Rousseau le souligne, qu'il est impossible de réaliser aujourd'hui et quimet en scène des êtres qui n'ont pas encore développé leur humanité : celle-ci commence avec la vie sociale (Lirele Discours sur l'origine de l'inégalité et Du contrat Social, I, 8). 2.

la liberté et les autres Comment concilier les réelles contraintes qu'exerce autrui sur notre liberté et l'impossibilité où nous sommes d'êtreradicalement seul ? a) Autrui libérateurNotre liberté, en un sens, est proportionnelle à notre pouvoir.

Mais les autres ne forment pas qu'obstacle à celui-ci,dans la mesure où notre dépendance à l'égard des autres se double d'une interdépendance qui peut nous assurerune relative maîtrise du réel, que nous ne posséderions pas sans eux.• Le travail.

Dans ses échanges avec la nature, en particulier, l'individu isolé resterait prisonnier de tâchesépuisantes, qui ne lui assureraient qu'une existence précaire.

Il est certain que nous devons à la division du travail,à la collaboration de spécialistes, un pouvoir sur la nature qui nous en affranchit partiellement, qui rend aussipossible le temps libre.

Mais ce gain de liberté présuppose l'existence d'une Société qui règle les échanges.

Ilprésuppose aussi que les échanges ne soient pas injustes.

Ce qui engage une réflexion politique. b) La liberté dans la Cité• Si la vie sociale est nécessaire à l'humanité, qui ne se réalise pas sans elle, comment la concilier avec la liberté deses membres ? Comment articuler règles communes et pouvoir sur soi-même ?• Une réponse politique à cette question peut être cherchée dans la définition de Y idéal démocratique.

Celui-ciconsidère que ceux qui obéissent aux lois, qui règlent les échanges dans la Cité, doivent être ceux-là mêmes qui lesfont.

Alors, obéir aux lois communes serait n'obéir qu'à soi-même, qui les a également voulues : le bien communpourrait être aussi le bien des particuliers.• Pour préciser cette approche, lire par exemple Du contrat social de Rousseau. conclusion S'isoler de la société pour être libre ne semble pas la seule solution, car tout isolement n'est pas libérateur ; mais larecherche d'une liberté dans le cadre, nécessaire, de la société, ne signifie certainement pas qu'il ne faut qu'êtresoumis à elle.. »

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