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Arthur SCHOPENHAUER : La philosophie en tant que science n'a absolument rien a faire avec ce qui doit ou peut etre cru

Publié le 27/02/2008

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schopenhauer
La philosophie en tant que science n'a absolument rien à faire avec ce qui doit ou peut être cru ; mais seulement avec ce qu'on peut savoir. Si maintenant ce savoir devait être également tout autre chose que ce que l'on doit croire, ce ne serait pas un inconvénient pour la foi elle-même : elle est foi parce qu'elle enseigne ce qu'on ne peut savoir. Si l'on pouvait le savoir, la foi s'en trouverait inutile et ridicule, comme si en quelque sorte une doctrine de la foi était établie dans le domaine mathématique. Mais on objectera à présent qu'au contraire la foi elle-même peut enseigner plus et plus encore que la philosophie, rien pourtant qui soit inconciliable avec les résultats de celle-ci : le savoir est d'une matière plus dure que la foi, si bien que, s'ils s'entrechoquent, c'est la foi qui se brise. Tous deux sont en tous cas choses fondamentalement différentes, qui pour leur bien respectif doivent rester rigoureusement séparées, de telle sorte que l'une suive son chemin, sans même faire attention à l'autre. Arthur SCHOPENHAUER (1788-1860)

Dans cet extrait du chapitre 175 sur La religion de Schopenhauer, il est essentiel de remarquer la distinction que ce dernier développe entre la religion et la philosophie en tant que science. Il apparaît que cette distinction est irrémédiable non seulement pour permettre à la philosophie dans un champ propre qui est le sien mais aussi pour que la religion ne cherche par dans la raison les causes de son existence. La question est donc bien celle du rapport que doivent entretenir foi et science. La thèse est donc claire, ils ont chacun un domaine spécifique au sein du rapport au savoir en tant que science et au-delà mais ne doivent en aucun prétexte être mélangé sous peine de rentrer dans une guerre intestine ou aucune des deux ne peut ressortir glorifier c’est-à-dire tendant vers un scepticisme voire une misologie de la raison. Il est nécessaire de remarquer que l’influence kantienne dans ce texte est prégnante.

Et c’est bien ce que l’on pourra remarquer dans le première partie de ce texte (la première phrase du texte) développant le thème d’une philosophie scientifique, tandis que la second partie (de «Si maintenant ce savoir devait être également tout autre chose que ce que l'on doit croire « à « comme si en quelque sorte une doctrine de la foi était établie dans le domaine mathématique. «) insiste sur la complémentarité entre foi et savoir, pour conclure l’extrait sur la nécessaire distinction des domaines auxquels se rapportent foi et savoir – philosophie – (« Mais on objectera à présent qu'au contraire la foi elle-même peut enseigner plus et plus encore que la philosophie « à la fin du texte.«). C’est bien suivant cette organisation logique que nous entendons rendre compte de ce texte.

 

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« que la philosophie s'est toujours intéressée de près ou de loin aux questions de la foi et notamment de la théologiec'est-à-dire relativement aux attributs divins développant le champ propre de la métaphysique, c'est-à-dire d'un au-delà de la raison. b) Or c'est justement voulant distinguer la philosophie de la croyance que peut se comprendre tout l'intérêt de cetexte.

En effet, Schopenhauer ne peut être on ne peut plus clair puisque que la philosophie est définie clairement comme n'ayant rien à voir ou à faire avec la croyance.

Une distinction essentielle est alors à développer : laphilosophie en tant que science ne peut être de l'ordre de la croyance dans la mesure où cette dernière est del'ordre de la conviction et non de la démonstration.

En effet, faire référence au paradigme de la science, notammentmathématique comme le précisera la suite du texte, c'est dire que la philosophie si elle veut être une science et dèslors se comprendre comme savoir positif ne doit pas être compris comme l'objet d'une conviction intime, c'est-à-dired'une persuasion personnel et intérieure, mais plutôt celui d'une démonstration claire et construite ne laissant aucundéfaut de côté suivant la méthode cartésienne, si l'on peut dire tel qu'on la retrouve dans le Discours de la méthode .

En ce sens, si la philosophie est véritablement une science elle se distinguera de la foi notamment par la nécessité de la vérité à laquelle elle conclut, c'est-à-dire une nécessité démonstrative non seulement uneconviction personnelle ; même si celle –ci peut être partagée. c) Et c'est pour cela que l'on peut comprendre que la philosophie n'ait à voir qu'avec ce que l'on peut savoir et nonce que l'on peut croire.

Héritier du kantisme, Schopenhauer n'est pas sans connaître les rapports de la réflexion transcendantale notamment celui de la critère que déploiement de notre réflexion au-delà des limites de notreconnaissance c'est-à-dire de l'expérience.

Et c'est en ce sens que l'on peut comprendre la dernière partie de cettepremière phrase énonçant la thèse du texte : « mais seulement avec ce qu'on peut savoir ».

Définir la philosophieainsi c'est produire une définition proprement négative ou restrictive de la philosophie.

C'est dire aussi que si laphilosophie veut avoir une valeur scientifique elle doit effectuer sur elle-même une autocritique qui nous prolongedans une épistémologie de la raison et de l'usage de l'entendement à la manière de la philosophie transcendantale.Foi et philosophie appartiennent alors à deux domaines bien différents et spécifiques.

La philosophie se développedans le champ du connaissable, c'est-à-dire ce qui peut être l'objet d'une connaissance positive tandis que la foiest l'objet d'une conviction qui se comprend au-delà de ce qui est l'objet d'un savoir c'est-à-dire de ce qui estconnaissable. Transition : Ainsi Schopenhauer dès cette première phrase développe-t-il une thèse radicale de la séparation de la philosophieet de la foi en vue de faire de la philosophie une discipline scientifique c'est-à-dire n'étant pas seulement l'objetd'une conviction personnelle et transmissible mais bien d'une connaissance et d'une savoir démontrable et persuasifpar sa seule force intérieure ou sa valeur intrinsèque.

Dès lors, est-ce réduire la portée de la philosophie ou de lafoi ? II – Complémentarité des savoirs a) Le seconde moment du texte de Schopenhauer répond effectivement à cette question.

Si la philosophie scientifique peut être séparé de la foi ou de la croyance, et dans ce cas ne plus être dogmatique notamment, il fautbien voir qu'il en revient à réduire la portée de la philosophie ni même de la foi bien au contraire.

Et c'est bien ce quemet en exergue la première phrase de cette seconde partie.

C'est pour cela que cette distinction ne doit pas êtreconsidérée comme un « inconvénient » ce que les critiques d'une telle séparation ont eu souvent pour argument.

Decette distinction, il ressort effectivement que philosophie ou science et foi ne sont pas équivalent ni même dans lamême sphère.

Il n'y a pas lieu alors de refuser cette distinction au mon du perte de sens ou de savoir que laphilosophie pourrait avoir en se confondant avec la foi.

En effet, la philosophie scientifique se développe dans unchamp propre ce qui permet alors en tant qu'elle est une activité de la raison de ne plus entrer systématiquementen conflit avec la foi. b) Mais pourquoi une telle distinction alors que l'histoire de la philosophie nous montre que les deux, philosophie etreligion ont toujours été lié comme on pouvait le voir déjà chez Platon ? Schopenhauer dans la clause de la seconde partie de la phrase de cette seconde partie nous en expose la raison : l'incompatibilité entre foi et philosophie relèveexplicitement d'une incompatibilité épistémologique dans la mesure où la foi se développe au-delà même du savoir.Cet au-delà est donc proprement le « méta » (en grec au-delà ou au dessus) et sans doute faut-il y voir uneréférence à la métaphysique en tant qu'elle se développe au-delà de nos facultés et de nos possibilités limitées deconnaissance.

Or la foi va au-delà.

Elle se situe alors dans la continuité de la philosophie scientifique sans pourautant qu'il y ait un mélange des genres entre les deux.

Il faut remarquer par ailleurs que Schopenhauer ne fait pasici une critique de la foi ou de la religion comme illusion ou absurdité dans la mesure où la foi « enseigne » c'est-à-dire qu'elle développe alors un certain type de connaissance qui n'est certes pas équivalent ou du même ordre quela philosophie mais qui permet une certaine conception du monde ; dès lors une certaine « vérité » si l'on peut diremais d'un autre ordre. c) Or si une telle distinction entre foi et religion doit être produite c'est bien en raison de la différence intrinsèquede ces deux domaines.

Et pour le prouver Schopenhauer utilise un raisonnement par l'absurde et c'est bien ce quenous montre la dernière phrase de cette partie : « Si l'on pouvait le savoir, la foi s'en trouverait inutile et ridicule,comme si en quelque sorte une doctrine de la foi était établie dans le domaine mathématique.

» En effet, s'il estridicule et inutile de comparer le savoir et la foi en tant que la foi pourrait éventuellement produire desdémonstrations définissant alors un savoir positif il s'avère alors que l'on ne parlerait plus de foi mais de savoir donc. »

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