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Arthur Rimbaud - Voyelles analyse

Publié le 28/05/2013

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rimbaud
Poésies (1870-1871) d'Arthur Rimbaud « Voyelles « 1. Le texte du poème. Voyelles A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles, Je dirai quelque jour vos naissances latentes : A, noir corset velu des mouches éclatantes Qui bombinent autour des puanteurs cruelles, Golfes d'ombre ; E, candeurs de vapeurs et des tentes, Lance des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ; I, pourpres, sang craché, rire des lèvres belles Dans la colère ou les ivresses pénitentes ; U, cycles, vibrements divins des mers virides, Paix des pâtis semés d'animaux, paix des rides Que l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ; O, Suprême Clairon plein des strideurs étranges, Silences traversés des Mondes et des Anges : - O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux ! 2. Le commentaire linéaire du poème. Recherche lexicale : « latent « : en latin, « être caché « : qui ne se manifeste pas mais qui est susceptible de le faire à tout moment ; secret. Ex. : un conflit latent : qui couve, qui est sur le point d'éclater. « bombinent « : néologisme créé sur le mot latin « bombus « qui signifie « bourdonnement des abeilles « : bourdonnement. « candeur « : du latin « candor «, la blancheur : qualité d'une personne pure et innocente. « cruel « : en latin, « crudelis « a pour sens « cru « ou « qui aime le sang «. « ombelle « : variété de petites fleurs groupées formant une coupole. « pourpre « : couleur d'un rouge foncé ; étoffe de la même couleur, symbole de richesse et d'une haute dignité sociale. « pénitent « : personne exclue des fidèles à cause de ses péchés ; personne qui se repent. « viride « : du latin « uiridis « qui signifie « vert «. Néologisme rimbaldien.
rimbaud

« « pénitent » : personne exclue des fidèles à cause de ses péchés ; personne qui se repent. « viride » : du latin « uiridis » qui signifie « vert ».

Néologisme rimbaldien. « pâtis » : néologisme pour « prés ». « strideurs » : bruits perçants et vibrants. « oméga » : en grec, signifie « grand o » ; dernière lettre de l’alphabet grec qui note un « o » long ouvert ; dernier élément d’une série (« l’alpha et l’oméga »). Commentaire : Le sonnet « Voyelles » est considéré comme l’un des poèmes les plus énigmatiques de Rimbaud.

Un de ses critiques, René Etiemble, l’a qualifié de « chef d’œuvre magico- alchimisto-kabbalisto-spiritualisto-psychologico-érotico-mégaïco-structuraliste ».

Le poème fait en tout cas l’objet d’un véritable acharnement touchant son interprétation.

Les hypothèses sur les sources d’inspiration de Rimbaud sont variées : sur le plan littéraire, l’auteur a été séduit par la théorie des correspondances de Baudelaire, qui associe la vue et l’ouïe ; sur le plan personnel, il a pu se souvenir d’un abécédaire colorié ; sur le plan scientifique, il s’est peut-être référé au phénomène de l’audition colorée, qui associe, à l’audition de certains sons, une image colorée ; enfin, l’influence des Kabbalistes et de l’alchimie est également possible.

La Kabbale est une doctrine juive secrète, qui prit naissance dans les deux siècles qui précédèrent l’avènement du christianisme, et qui repose sur l’idée d’une correspondance entre les noms et les choses qu’ils désignent ; les lettres de l’alphabet sont des intermédiaires entre le monde matériel et le monde spirituel.

La doctrine fait également état d’âmes à moitié masculines ou féminines qui, séparées sur terre, cherchent à s’unir en un seul être, lequel sert, à travers lui, l’expression du divin. Quant à l’alchimie, dont le nom signifie en grec « magie noire », elle est, au Moyen Âge, la science par excellence, contenant les principes de toutes les autres.

Elle a pour objet l’étude de la vie des trois règnes : animal, végétal, minéral.

Son but est la découverte et la fixation d’un ferment mystérieux, grâce auquel la désagrégation des corps, et donc la mort, pourrait être retardée.

Elle pouvait être liquide, avec l’élixir de longue vie ou panacée, remède infaillible de toutes les maladies, ou solide avec la pierre philosophale : introduite dans la masse d’un métal en fusion, elle transmutait ce dernier en or ou en argent.

Les lois chimiques de transformation étaient symbolisées dans des grimoires en une langue figurée à peu près incompréhensible et dont les archimages avaient seuls le secret. Le premier vers : Il présente la suite des voyelles de l’alphabet français et grec (manque le Y qui fait double emploi avec le I et le U car le u grec, appelé upsilon , équivaut au y français ; le o vient après le u car il est la dernière lettre de l’alphabet grec) sous forme de lettres majuscules.

Le terme « voyelles » qui résume l’énumération précédente (d’où la présence des deux points explicatifs) renvoie bien au titre et au thème du poème. A chaque voyelle est associée une couleur (sans signe de ponctuation entre elles). 2. »

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