Art et société
Publié le 20/11/2012
Extrait du document
«
La société emprisonne elle les artistes parce qu’ils sont ce qu’ils sont ? Oui , à certaines
époques et certains endroits du monde , lorsque l’art est au service d’une lutte face au
pouvoir qui régit la société en question, où les libertés individuelles sont dénigrées .
Pourtant
force est de constater que dans la majeure partie de nos sociétés , ce n’est pas le cas .
Pourquoi
alors dire que la société empêche ou freine l’expression artistique ? Tout d’abord par le statut
que la société a eu tendance à donner à l’art .
Dans la République , Platon condamne l’artiste ,
car selon lui il n’est qu’un habile imitateur qui n’a pas sa place dans la polis , la cité .
Ainsi il
souhaite l’écarter de la société car pour lui il ne joue aucun rôle particulier .
Il faut nous
arrêter sur le terme Rôle .
Ici cela voudrait dire que c’est une conduite sociale , une fonction
comme si l’artiste était un personnage dont on attendait une action .
Pour Aristote il n’en
produit aucune qui soit digne d’intérêt pour l’ensemble d’individus qui travaillent et qui
échangent qu’est la société .
L’art ne satisfait ni le besoin ni la morale .
L’œuvre d’art , c’est le moi rendu sensible , c'est-à-dire l’originalité d’un regard que le travail
réalise dans la permanence d’une œuvre .
Ainsi une société close peut se passer des artistes et
même , tout comme Aristote , les considérer comme des marginaux dangereux .
En effet , l’artiste est un original aux yeux de la masse , une paria en dehors de la société ,
donc ses activités le seraient aussi .
On a en tête l’image récurrente du poète maudit cloisonné
dans sa chambre de bonne , maudissant un monde qui décidément ne le comprend pas .
Mais
c’est surtout la société qui cultive cette image et qui peut parfois pousser l’artiste dans ses
retranchements , car elle l’aliène .La société se sent utile alors que l’art semble être le
contraire , c'est-à-dire inutile .
Prenons l’exemple de l’intermittent du spectacle , qui travaille en relation avec l’art , qui vit
dans et par l’art .
Au delà d’un vrai problème d’indemnisation d’une tranche de travailleurs
( car ils travaillent ) , la vraie question est celle de la place de l’artiste dans la société .N’est
ce pas freiner l’ambition artistique que de lui imposer un statut d’intermittent ?L’art ne s’en
voit il pas amputé d’une force d’expression ? La société , les gens qui travaillent dans le cadre
d’entreprises , dans le cadre de la fonction publique , bref , tout ceux qui sont reconnus
comme utile au groupe , rejettent par ses codes l’art car rejettent ses acteurs , les artistes .
Autre exemple frappant , celui du Tacheles , véritable mecque de la mouvance alternative
artistique de la capitale allemande .
Cet ancien grand magasin est en effet ( pour l’instant) le
plus célèbre squat d’artistes d’Europe de l’Ouest .Ses cinq étages couverts de tags accueillent
un théâtre , un cinéma mais également une trentaine d’ateliers ou les artistes produisent et
exposent leurs œuvres .
Bref , cette installation , dont le but est de promouvoir la production
libre d’art , entièrement dédié à la production artistique , est un symbole de ce que peut
représenter l’art , mélangé à la fois dans la masse car dans la ville de Berlin même , mais aussi
relégué , car installée dans une vieille ruine , aux aspects peut être rebutants .
Eh bien , cet
édifice , pourtant indispensable à la société berlinoise comme le pense Martin Reiter , membre
du comité du Tacheles , va être détruit par un groupe immobilier , propriétaire des lieux , qui a
annoncé la fin du bail des artistes .
Et cela ne semble pas déchainer les passions des berlinois ,
preuve peut être que , notre société se préoccupe peu de ce genre d’initiatives .
Nous pouvons tout autant identifier cette distance que la société cherche à créer entre elle et
l’art à travers la relation qu’elle entretient avec le musée .
John Dewey identifie une césure .
Le musée serait à la fois cause et conséquence , selon lui , de la distance que la société
moderne a ménagé et entretenu entre l’art et le hommes , distance peu souhaitable il est vrai
pour que les œuvres soient la source d’une véritable expérience .
En effet l’art est ainsi relégué dans un monde à part et éloigné de l’existence ordinaire et
collective que connaît la société .Mais cela traduit peut être également un certain dégout pour
les œuvres d’art .
L’art moderne par exemple , étant souvent peu apprécié par la masse , par la
société entière , a du mal à s’intégrer dans un environnement auquel il ne ressemble pas ou
peu .
Ainsi la véritable expression de l’art ne peut elle pas se faire .
L’artiste est aliéné car.
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