Art et imitation
Publié le 19/01/2014
Extrait du document
«
modèle générique.
Au delà des monstres, tout individu a des traits particuliers qui le distinguent du
modèle générique et l'en écarte, par ex un labrador est un chien normalement assez compact
(=niveau générique).
Si on tombe sur un labrador assez élancé, il s'éloigne du modèle générique,
sans être un monstre.
3) le rôle de l'art
L'artiste doit pallier aux manques de la nature.
Là où la nature fait défaut, manque d'ordre
(quand il y a monstres ou traits particuliers s'éloignant du modèle), l'artiste en introduit.
Il doit
parfaire la nature, ou achever ce qui ne l'est pas.
Ainsi l'artiste n'imite pas la nature, si par nature on entend : l'ensemble des individus
particuliers existants.
Mais si par nature on entend : l'essence des choses (comme lorsque l'on dit : il
est dans la nature de l'homme d'être curieux = modèle générique chez Aristote), alors l'artiste imite
la nature des choses.
Il doit produire des œuvres qui imitent mieux les modèles génériques que ne le
font les individus particuliers.
Les essences (modèles génériques), lorsqu'elles sont mal réalisées par la nature, sont des
espèces de virtualités que l'artiste doit réaliser, achever, actualiser.
Les êtres particuliers imitent déjà
les modèles génériques, plus ou moins bien, et l'artiste imite à son tour, mais lui sans rater.
4) exemple dans l'artisanat.
L'if est un bois particulièrement souple.
Chaque branche de l'arbre essaye de porter à son maximum
la possibilité de souplesse de l'if.
Un if particulier cassant réalise mal l'if générique.
L'artiste est ici
celui qui choisit la graine d'if, la fait pousser dans des conditions favorables, taille la meilleure
branche, de la façon la plus adéquate, afin de réaliser un arc extrêmement souple, réalisant au mieux
cette potentialité de l'if.
Il n'y a pas de rupture nature/ art, au contraire, l'art porte à sa
perfection les potentialités de la nature.
Exemple dans les beaux-arts.
Dans l'Odysée, Homère chante les aventures d'Ulysse.
C'est une
manière de révéler ce dont l'être humain est capable.
Nous ne réalisons pas, à notre niveaux, tout ce
dont l'homme est capable.
Dépeindre ce héros c'est révéler les potentialités de l'être humain.
=> dans le cas de l'artisanat il s'agit plus de réaliser, les potentialités de la nature, dans le cas des
beaux-arts, il s'agit plutôt de les révéler.
=> mais dans les deux cas, l'artiste donne à voir avec clarté ce qu'est l'essence.
Voir un arc
particulièrement souple, c'est voir bcp plus clairement ce qu'est la souplesse de l'if, que lorsque l'on
regarde un arbre.
De même, on voit plus clairement ce dont est capable un homme, en lisant
l'Odysée, que lorsque l'on regarde des hommes autour de soi.
Autre ex : l'artiste peut-être celui qui élève une espèce de cheval donnée, et la dresse.
Il porte à sa
perfection telle espèce.
C'est aussi celui qui dessinera un cheval tel que tout ce qu'est capable de
donner un cheval en terme de légèreté, puissance etc...devienne manifeste.
Voir le dessin, voir le
cheval monté par le dresseur, c'est dans les deux cas, voir l'essence de l'espèce à l'état presque pur.
On peut dire que l'art a une certaine utilité : il rend manifestes les essences.
Cf sujets art/
besoin/utilité.
Autre sujet: l'art modifie t-il notre perception de la réalité ?
=> pas rupture mais continuité, imiter c’est prolonger le processus même de la nature,
l’accomplir.
(Avec la modernité, cette continuité va être rompue.
L ’art bascule du côté de l’esprit, et
donc du côté de l’exercice de la liberté alors que la nature semble cantonnée à une aveugle
nécessité).
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