ART ET BEAUTÉ

Un chef-d'œuvre provoque en nous un sentiment esthétique. La palette des sentiments humains exprimés et ressentis tient à la puissance évocatrice de l’œuvre, plus ou moins géniale, et à la sensibilité du sujet, sa réceptivité. En ce sens, la culture joue un rôle essentiel. La spontanéité évoquée pour légitimer telle prise de position face à une œuvre d’art n’est au fond que le fruit d’une éducation et d’un travail de l’esprit. Si l’on-ne sait rien de l’esprit indien, de la civilisation indienne, comment peut-on être sensible à ce que son art contient d’essentiel ? Certes, on peut être attiré, ou non, par sa forme, mais l'ouverture de l’esprit sur la culture indienne ne peut que renforcer, enrichir et affiner le sentiment esthétique. Cela ne veut pas dire que l’on aimera nécessairement cet art. Du moins sera-t-on plus réceptif à ce qu’il nous montre. On pénètre mieux son sens. Il y a donc une éducation de la sensibilité : l’oreille, le regard, etc., se forment et évoluent au cours de l’existence. De plus, le goût a une histoire collective : il varie aussi selon les époques, les classes sociales, etc. L’histoire de l’art nous en montre l’évolution, les mouvements. Pourtant, nous sommes encore sensibles à des œuvres du passé. Cela indique bien que la relativité, ici encore, est plus complexe qu’il n’y paraît.

La faculté d’éprouver un sentiment esthétique est commune à tous les hommes. L’émotion suscitée par une peinture préhistorique, nous ouvre sur ce que les premiers artistes, dans un contexte en grande partie mystérieux, ont exprimé. L’écho en nous du sens émis il y a des milliers d’années montre la puissance esthétique de l’œuvre et la capacité du spectateur à lui être sensible. Cela veut-il dire que nous devrions tous apprécier les même œuvres ? Non, bien sûr. Mais cela ; donne à penser qu’il y a un universel esthétique qui n’est pas de même nature que l’universel exprimé dans les concepts scientifiques par exemple.