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Aristote: Science théorique et Science pratique

Publié le 17/04/2009

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«Ainsi, ceux qui ont de l'affection l'un pour l'autre en raison du profit qu'ils pensent en tirer ne s'aiment pas pour eux-mêmes, mais à cause de l'avantage espéré. De même pour ceux dont l'amitié est inspirée par le plaisir. Ainsi, ne chérissent-ils pas les hommes d'esprit pour ce que ceux-ci sont en eux-mêmes, mais en fonction de l'agrément qu'ils procurent. Ainsi encore, aimer autrui pour son utilité, c'est n'avoir en vue que son propre intérêt, comme l'aimer à cause du plaisir, c'est ne viser que sa délectation personnelle. Dans les deux cas, ce n'est pas l'ami lui-même qui compte, c'est ce qu'il est en mesure de procurer, quant à l'agrément ou aux avantages escomptés. Dès lors, l'amitié ne naît que de circonstances accidentelles, et non des qualités essentielles de l'individu aimé. On n'aime pas l'autre pour ce qu'il est, mais pour ce qu'il apporte. L'amitié ainsi fondée s'avère fragile : il suffit que l'ami ne reste pas le même, qu'il cesse d'être ce qu'il était, pour qu'il cesse d'être aussi un ami. La cause de l'amitié disparaissant, l'amitié elle-même s'évanouit : elle n'avait pas d'autre raison d'être. La parfaite amitié est celle des hommes bons et semblables en vertu. Chacun veut du bien à l'autre pour ce qu'il est, pour sa bonté essentielle. Ce sont les amis par excellence, eux que ne rapprochent pas des circonstances accidentelles, mais leur nature profonde. Leur amitié dure tout le temps qu'ils restent vertueux, et le propre de la vertu en général est d'être durable. Ajoutons que chacun d'eux est bon dans l'absolu et relativement à son ami, bon dans l'absolu et agréable à son ami, bon dans l'absolu et agréable à son ami. Chacun a du plaisir à se voir soi-même agir, comme à contempler l'autre, puisque l'autre est identique ou, du moins, semblable à soi. Leur amitié dure tout le temps qu'ils restent vertueux, et le propre de la vertu en général est d'être durable. Ajoutons que chacun d'eux est bon dans l'absolu et relativement à son ami, bon dans l'absolu et agréable à son ami.» Aristote, Ethique à Nicomaque, Livre VIII Chapitres 3 et 4

HTML clipboardAristote distingue les sciences théoriques qui ont pour but la connaissance, des sciences pratiques qui ont pour objet les formes de l’action. L’éthique est une de ces dernières, car sa finalité est la recherche du bonheur. Dans cet extrait de l’Ethique adressée à son fils Nicomaque, le fondateur du Lycée explique qu’une des vertus sociales qu’il faut pratiquer pour atteindre le bonheur est l’amitié. Mais sur quoi est-elle fondée ? Sur l’utile, sur le plaisir, ou sur la vertu. Le natif de Stagire distingue différents types d’amitiés qu’il ne place pas sur le même plan.

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« Conclusion En mettant l'accent sur l'amitié, Aristote souligne l'appartenance de l'homme à sa communauté familiale, économiqueou politique.

Pour le précepteur d'Alexandre le Grand, la vertu et le bonheur humains sont certes fonction de larationalité dont est capable l'individu, dans la mesure où la finalité de l'homme est la raison, via l'activitéintellectuelle, mais il n'oublie pas que l'homme est avant tout un animal politique, c'est-à-dire qu'il estprimordialement inscrit dans une collectivité de mœurs et de lois dont il dépend et dont il bénéficie. Intérêt philosophique L'intérêt philosophique de ce texte est tout d'abord, sur le plan de la méthode, de montrer qu'Aristote, qui a été sonélève pendant 20 ans, ne peut s'empêcher d'utiliser la logique de recherche de la vérité de Platon, à savoir laméthode de division et de rassemblement, et non sa propre logique syllogistique de l'enchaînement juste despropositions.

Aristote commence en effet par distinguer l'amitié utile de l‘amitié agréable avant de rassembler lescaractères communs aux 2 espèces d'amitié.

Notons toutefois qu'Aristote reste fidèle au principe du juste milieu,puisqu'il présente l'amitié vertueuse comme une sorte de point d'équilibre entre deux excès contraires : l'excès defutilité de l'amitié plaisante et l'excès de sérieux de l'amitié utile. Ensuite ce texte peut être lu comme une réponse à Epicure, pour qui le bonheur est dans le plaisir et doncfatalement dans l'amitié plaisante.

En effet, pour Aristote, si le bien est la fin ultime de la vie humaine, le plaisir n'estqu'un accompagnement qui advient de surcroît.

De plus, contrairement à Epicure qui prône l'autosuffisance, pourAristote, le sage ne saurait être pleinement heureux dans l'autarcie, car c'est en contemplant la belle activité deson ami, et la joie de celui-ci, qu'il prend vraiment conscience de son propre bonheur, ce bonheur qui est lesouverain bien. Enfin ce texte préfigure l'amour agapique, tel qu'il sera ultérieurement développé par les chrétiens, sous l'impulsionde St Thomas d'Aquin (Aimez vous les uns les autres).

Pour Aristote, on ne naît pas vertueux, on le devient, par lapratique de la vertu.

Cette pratique est d'abord pure politesse, car agir poliment c'est agir comme si on étaitvertueux, puis morale, car agir moralement c'est agir comme si on aimait, et enfin amitié vertueuse.

Comme lamorale libère de la politesse en l'accomplissant (l'homme vertueux n'a plus à agir comme s'il l'était), la bienveillanceréciproque libère de la morale (celui qui aime n'a plus à agir comme s'il aimait).

C'est l'esprit des évangiles, par quoile Christ nous libère de la Loi (« Aime et fais ce que tu veux »).

L'amitié vertueuse aristotélicienne, c'est l'amourgratuit sans motif, sans intérêt, et même sans justification, c'est l'amour agapique, qui se distingue bien sur del'amour érotique, toujours avide, toujours égoïste, toujours motivé par ce qui lui manque, mais aussi de l'amourphilique, qui comme le souligne à juste titre Aristote dans ce texte, n'est jamais tout à fait désintéressé.

Aimer disaitAlain c'est trouver sa richesse hors de soi : par le manque, qui est passion (éros), par la joie reçue ou partagée, quiest amitié (philia), ou par la joie donnée en pure perte, qui est charité (agape).. »

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