Aristote : réflexion et liberté de décision
Publié le 25/03/2015
Extrait du document
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Aristote soutient que l'acte volontaire, qui suppose réflexion et liberté de décision, requiert la connaissance de toutes les circonstances particulières de l'action. À partir du moment où l'individu agit sous l'emprise de la contrainte ou d'une ignorance dont il n'est pas la cause, il ne peut être considéré comme pleinement responsable.
Les actions dont les principes sont en nous dépendent elles-mêmes de nous et sont volontaires.
En faveur de ces considérations, on peut, semble-t-il, appeler en témoi-gnage à la fois le comportement des individus dans leur vie privée et la
5 pratique des législateurs eux-mêmes : on châtie, en effet, et on oblige à réparation ceux qui commettent des actions mauvaises, à moins qu'ils n'aient agi sous la contrainte ou par une ignorance dont ils ne sont pas eux-mêmes causes. En effet, nous punissons quelqu'un pour son ignorance même, si nous le tenons pour responsable de son ignorance, comme par
/0 exemple dans le cas d'ébriété où les pénalités des délinquants sont doublées, parce que le principe de l'acte réside dans l'auteur de l'action lui-même, qui était maître de ne pas s'enivrer et qui est ainsi responsable de son ignorance.
ARISTOTE
«
122
1 La cor11sde11ce I TEXTE-QUESTIONS
• «on oblige à réparation » : la justice, qui symbolise l'égalité entre les
citoyens, a pour fonction de compenser une perte ou une offense chez une
personne
lésée par une autre qui se serait mise hors la loi.
« Obliger » le voleur,
le criminel, ou l'auteur de l'action mauvaise en général, à « réparer» sa faute,
revient
à créer les conditions d'un nouvel équilibre : on enlève à celui qui a pris
pour redonner
à celui qui a été spolié.
• « nous le tenons pour responsable » : être responsable, c'est être à l'initia
tive de son action (l'auteur, en amont), et pouvoir en assumer les conséquences,
rendre
des comptes (en aval).
La responsabilité ainsi comprise suppose donc la
liberté et la conscience.
INTÉRÊT PHILOSOPHIQUE DU TEXTE
Le texte tente de définir le critère de l'action volontaire.
Cela suppose que l'on
distingue ce qui dépend de nous et ce qui n'en dépend pas.
Or Aristote montre
que certaines actions commises par nous
ne sont pourtant pas« volontaires».
Car elles
peuvent être imputables à de l'ignorance.
Comment distinguer alors
l'ignorance
dont on est responsable, de celle qui ne relève pas de notre fait ?
Est-on toujours coupable d'être ignorant ? C'est l'intérêt de la question 3.
PROBLÉMATIQUE DE LA QUESTION 3
Lorsqu'on a mal agi ou que l'on s'est trompé ou, plus généralement, lorsqu'on
ne sait pas quoi faire ou comment résoudre un problème, il est facile (et courant)
d'en
appeler à l'ignorance.
Comme si ne pas savoir excusait tout, même a poste
riori,
comme si l'ignorance disculpait l'individu de toutes ses fautes et erreurs.
Mais que deviennent
alors la liberté et la responsabilité ? Car si l'homme peut
toujours
alléguer le défaut de connaissance pour justifier ses actes, alors il ne
peut
plus être considéré comme leur auteur, ni comme devant en répondre.
Il s'agit de savoir dans quelle mesure l'homme peut légitimement revendiquer
son ignorance pour ne pas ou pour mal faire, pour ne pas ou pour mal penser.
On montrera donc (1) que certaines formes d'ignorance plaident en faveur de la
finitude humaine, mais que (Il) l'homme est en droit toujours coupable de ne pas
chercher à s'instruire et à progresser.
UTILISER SES CONNAISSANCES
Le sujet relève de la liberté et de la responsabilité, mais aussi de la conscience,
morale en particulier, et du droit (qu'est-ce qui légitime le châtiment ?).
• « Nul n'est méchant volontairement » (Platon, Gorgias).
C'est l'ignorance qui
fonde
la méchanceté.
• « ...
cette indifférence que je sens, lorsque je ne suis point emporté vers un
côté
plutôt que vers un autre par le poids d'aucune raison, est le plus bas degré.
»
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