Aristote, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous
Publié le 14/01/2020
Extrait du document
Dégagez l'intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.
Le choix n'est certainement pas la même chose que le souhait, bien qu'il en soit visiblement fort voisin. Il n'y a pas de choix, en effet, des choses impossibles, et si on prétendait faire porter son choix sur elles on passerait pour insensé; au contraire, il peut y avoir souhait des choses impossibles, par exemple de l'immortalité. D'autre part, le souhait peut porter sur des choses qu'on ne saurait, d'aucune manière mener à bonne fin par soi-même, par exemple faire que tel acteur ou tel athlète remporte la victoire ; au contraire, le choix ne s'exerce jamais sur de pareilles choses, mais seulement sur celles qu'on pense pouvoir produire par ses propres moyens. En outre, le souhait porte plutôt sur la fin, et le choix sur les moyens pour parvenir à la fin : par exemple, nous souhaitons être en bonne santé, mais nous choisissons les moyens qui nous feront être en bonne santé ; nous pouvons dire • encore que nous souhaitons d'être heureux, mais il est inexact de dire que nous choisissons de l'être : car, d'une façon générale, le choix porte, selon toute apparence, sur les choses qui dépendent de nous.
’ Aristote
de la « choisir » puisqu'elle ne figure pas parmi les options possibles, elle n'est rien de réel mais seulement une vue de l'esprit conçue négativement à partir de l'expérience de la mort. En revanche, comme la mort nous paraît être un mal, il est tout naturel de la fuir et par conséquent de souhaiter son contraire. Le contraire de la mort peut être la vie, simplement, ou l'immortalité.
Aristote met ainsi en lumière la distinction entre l'impossible et l'inconcevable : le couple possible-impossible se rapporte toujours à.la réalité ; comme le choix consiste à faire advenir dans la réalité une possibilité, à l'actualiser, il serait absurde de prétendre choisir une chose impossible, c'est-à-dire non actualisable. Le choix opère donc sur un nombre d'options limité par les possibilités d'actualisation alors que le souhait, qui demeure au stade de la représentation, n'est pas limité. Il a donc un caractère de jeu imaginatif, qu'on peut qualifier d'esthétique. Une question subsidiaire consisterait à se demander s'il est souhaitable de désirer l'impossible et s'il n'y a pas là un risque de « prendre ses désirs pour des réalités ». Nous discuterons ultérieurement de cette régulation des souhaits.
«
établies par Aristote mais à mettre en valeur l'interrogation
présente dans ce texte.
Pour cela, il importe de réfléchir non seulement à la différence
entre souhaiter et choisir mais aussi aux objets du souhait et
du choix évoqués par Aristote : la réflexion porte sur le possible
et l'impossible, /'accessible et l'inaccessible, ce qu'on réalise et
ce qu'on espère, ce qui est en notre pouvoir et ce qui ne l'est
pas.
On peut donc voir comment ce texte trace l'esquisse de
deux mondes, le monde rée/ et le monde imaginaire, objet de
nos souhaits.
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REPERER LE MOUVEMENT DU TEXTE
Le texte, assez bref, est composé de trois éléments de distinc
tion entre le souhait et le choix selon l'objet considéré :les choses
impossibles, les choses inaccessibles, les fins et les moyens.
Chaque fois, un exemple vient illustrer l'idée.
La dernière pro
position, concernant le bonheur, fait en quelque sorte la syn
thèse des deuxième et troisième points.
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EXPLICITER LES TERMES
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-« Le choix»,« le souhait» : choisir, c'est se décider en faveur
d'une option, c'est-à-dire agir d'une façon déterminée.
Le choix
actualise une possibilité.
Souhaiter, désirer, c'est se représen
ter un état de fait virtuel et tendre vers son actualisation par
l'imagination.
Le choix peut ainsi être la traduction concrète du
souhait On peut se demander s'il y a vraiment une séparation
entre la représentation et l'action, ou si le désir n'implique pas.
déjà une esquisse de choix.
« des choses impossibles » : que nous révèle cet objet sur le
lien entre le désir et l'imagination? L'opposition entre possible
et impossible n'est pertinente que lorsqu'il s'agit du monde rée/.
Le souhait n'est pas nécessairement soumis à des contraintes
rationnelles.
fi a donc un caractère de jeu.
·
-« des choses qu'on ne saurait d'aucune manière mener à
bonne fin par soi-même» :Aristote n'évoque pas tant les buts
que nous ne pouvons réaliser sans l'aide d'autrui que ceux qui
ne dépendent pas du tout de nous et dont nous sommes pure
ment spectateurs.
Que nous rappelle ici Aristote sur le rôle d'au
trui dans notre contact avec la réalité?
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