Aristote: famille et cité
Publié le 14/01/2020
Extrait du document
Dégagez l’intérêt philosophique de ce texte en procédant à son étude ordonnée.
Il est manifeste [..J que la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique, et que celui qui est hors cité, naturellement bien sûr et non par le hasard des circonstances, est soit un être dégradé soit un être surhumain, et il est comme celui qui est décrié en ces termes par Homère : « sans famille, sans loi, sans maison ». Car un tel homme est du même coup naturellement passionné de guerre, étant comme un pion isolé dans un jeu. C’est pourquoi il est évident que l'homme est un animal politique plus que n'importe quelle abeille et que n'importe que l'animal grégaire. Car, comme nous le disons, la nature ne fait rien en vain; or seul parmi les animaux l’homme a un langage. Certes la voix est le signe du douloureux et de l'agréable, aussi la rencontre-t-on chez les animaux; leur nature, en effet, est parvenue jusqu'au point d'éprouver la sensation du douloureux et de l'agréable et de se les signifier mutuellement. Mais le langage existe en vue de manifester l'avantageux et le nuisible, et par suite aussi le juste et l'injuste. Il n’y a en effet qu'une chose qui soit propre aux hommes par rapport aux autres animaux : le fait que seuls ils aient la perception du bien, du mal, du juste, de l'injuste et des autres notions de ce genre. Or avoir de telles notions en commun c'est ce qui fait une famille et une cité.
Aristote
Aristote pose d'emblée sa thèse comme,une certitude qui peut être explicitée mais non remise en question : « l'homme est par nature un animal politique ». Avant d'analyser le contre-exemple qu'Aristote expose pour étayer cette affirmation, notons un double intérêt de la thèse d’Aristote. D'une part elle annonce l'explication d'une formule ( « animal politique » ) devenue proverbiale et par là même obscure ; d'autre part elle s'oppose, par l'idée de nature, aux théories ultérieures du « contrat social » qui font de la société une convention entre les hommes.
Aristote commence donc par renforcer son affirmation à l'aide d'un contre-exemple, celui de l'individu sans feu ni lieu, isolé de la cité. Que veut-il dire lorsqu'il affirme que celui-ci est « soit un être dégradé soit un être surhumain » ? La seconde expression
«
abordées.
li est donc important de relire plusieurs fois le texte·
en notant les mots clefs et en repérant la structure logique.
La problématique est mise en évidence par la première et
la dernière phrase du texte : « la cité fait partie des choses
naturelles[.
..
] avoir de telles notions en commun c'est ce qui
fait une famille et une cité ».
La dernière phrase conclut donc
la démonstration de fa thèse posée dans la première.
On notera qu'il s'agit moins de dire ce qu'est la cité que de mon
trer que l'homme est « par nature » un animal politique, parce
qu'il est par nature un animal parlant et un animal rationnel
capable de percevoir le bien.
On peut donc résumer ainsi le fil directeur du texte : pourquoi
peut-on affirmer que l'homme est un animal politique?
+ * +R~;É~ER+L~ t:to~JEM:NT+ot.+T;~TE + + +
De type déductif, le texte est construit selon une structure
logique très explicite.
Aristote pose d'abord la thèse selon
laquelle l'homme est par nature un animal politique, et la
confirme a contrario par le contre-exemple de l'homme sans
feu ni lieu; il passe ensuite à un argument positif qui démontre
à la fois que l'homme est un animal politique et qu'il l'est
par nature :la nature (première partie de /'argument) a doté
l'homme du langage, qu'Aristote prend soin de distinguer de la
« voix JJ animale.
Or (deuxième partie de l'argument) le lan
gage permet d'exprimer des notions comme le bien et le mat,
le juste et l'injuste : autrement dit (relever ce point permet
d'éviter la paraphrase), le langage exprime la rationalité,
qui est au fondement du lien social.
+++++++++++++++++++++++++
EXPLICITER LES TERMES
-« la cité fait partie des choses naturelles » : cela ne signifie
pas que la société est une· formation instinctive, mais plutôt
qu'elle exprime la nature de l'homme; autrement dit ce n'est
pas une structure artificielle et facultative mais le milieu le plus
approprié pour l'homme.
« un animal politique » : la formule, célèbre, est explicitée par
le reste du texte; l'homme en tant qu'être vivant fait partie des
animaux; mais c'est le fait de former une« cité >J avec ses sem
blables qui constitue sa spécificité au sein du règne animal..
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Aristote: la cité fait partie des choses naturelles - l'homme est par nature un animal politique
- Aristote: «Il est manifeste [ ... ] que la cité fait partie des choses naturelles, et que l'homme est par nature un animal politique.»
- ARISTOTE (384-322) La cité dans l'Antiquité grecque Les cités, nous l'avons dit souvent, ne sont pas constituées d'une seule partie, mais de plusieurs.
- La Cité - Commentaire Du Texte D'Aristote
- Aristote, La Politique: L'association composée de plusieurs bourgades forme dès lors une cité parfaite, possédant tous les moyens de se suffire à elle-même et ayant atteint, pour ainsi dire, le but ; née en quelque sorte du besoin de vivre, elle existe pour vivre heureuse...