Aristote et l'ordre politique
Publié le 05/11/2012
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« Il faut que ce soient les lois qui soient souveraines «, III, 11, 1182 b 2. Rosenzweig (Hegel et l’Etat) voit
l’influence d’Aristote dans la définition hégélienne de l’Etat comme idéalité (le tout précède la partie :
compositum ideale), conduisant « à rendre sa vigueur scientifique au concept de souveraineté « (c’est l’Etat
qui est souverain, et non le
peuple). 34 Rappelons que nomos, la « loi «, vient de nemein, « partager «, « distribuer «, puis « gouverner «
(par analogie avec l’art du berger, qui donne un pâturage en partage). 35 Le régime qui fait coexister « dans
une seule cité « (III, 13, 1283 b 1) des prétentions antagonistes également légitimes (1283 a 24) me semble
correspondre au régime constitutionnel (« constitution « ou « république « par excellence, puisque le nom
qui le désigne en propre, politeia, n’est rien d’autre que le terme générique qui sert à désigner toutes les
constitutions) décrit dans le chapitre 8 du Livre IV, et présenté comme un régime mixte ou un « mélange «
d’oligarchie et de démocratie. Il faudrait évidemment définir exactement la nature de ce « mélange «, et
s’interroger sur la place du régime constitutionnel dans la classification des différents sens dans lesquels un
régime peut être dit « le meilleur «, au début du Livre IV.
«
(cf.
Pol.
V 7, 1307b6), mais préfère taxis (dont la connotation artificialiste a été soulignée par Hayek).
4 A
condition d’entendre par là des choix inséparables d’une délibération rationnelle, et non au sens où
l’entendrait
sans doute C.
Schmitt (cf.
Théologie politique, p.
20 : « L’ordre juridique repose, comme tout ordre, sur une
décision et non sur une norme »).
5 Philosophie politique, III, p.
49-50.
Cf.
plus récemment Renaut et Sosoe,
Philosophie du droit, p.
252 : la philosophie du droit d’Aristote « se fonde dans une vision du monde comme
cosmos hiérarchisé ».
6 C’est, semble-t-il, la confusion de l’ordre du monde et de celui de la nature qui
explique l’étonnante incompréhension de Renaut et Sosoe à l’égard de la thèse de Planty-Bonjour
(Philosophie du droit, p.
252, note).
7 Ferry, Homo Aestheticus, p.
333.
1
a/ La nature, c’est la fin (Pol.
I, 2, 1252b32).
Dire que l’homme est « naturellement » politique, c’est dire qu’il
ne peut atteindre sa fin, « devenir ce qu’il est », selon le mot de Pindare8, et être heureux, que dans une
communauté « politique ».
Cf .
Rousseau, CS I 8.
b/ Ce n’est pas un instinct grégaire.
De ce point de vue, la
« nature » de l’homme n’est pas plus grégaire que sauvage.
C’est ce qu’explique l’Histoire des animaux (I 1,
488a), qui distingue le grégaire du « politique » (les animaux politiques sont ceux qui ne peuvent réaliser leur
fin qu’en coopérant, ce qui suppose une division des tâches absente du simple regroupement « grégaire »).
c/ Le caractère « naturellement » politique de l’homme n’exclut pas, par conséquent d’instituer un ordre
politique (cf.
Pol.
I 2, 1253 a 30 : « c’est donc par nature qu’il y a chez tous les hommes la tendance vers une
communauté de ce genre, mais le premier qui l’établit n’en fut pas moins cause des plus grands biens »).
d/
Cette institution ne saurait se fonder sur l’observation d’une nature qui ne se révèle véritablement que
rétrospectivement, i.e.
une fois l’Etat institué.
Il ne s’agit pas, pour l’art politique, de suivre la nature, mais de
l’accomplir.
2/ L’esclavage « naturel ».
La « nature » esclave, dont l’existence reste problématique, est à
comprendre comme une nature provisoire (les esclaves, même lorsqu’ils le sont « naturellement » -
comprendre « inévitablement » - sont destinés à être éduqués et affranchis, et ne doivent pas être traités
seulement « en tant qu’esclaves »).
(voir Appendice I) 3/ La constitution « naturellement » la meilleure.
Y a-t-
il un ordre politique conforme à la nature ? Aristote a-t-il déterminé de façon précise les conditions
constitutionnelles de réalisation de la « nature politique » de l’homme ? Si oui, et si, comme on le dit parfois,.
»
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