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Aristote et la loi universelle

Publié le 03/01/2020

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aristote

Dégagez l’intérêt philosophique du texte suivant à partir de son étude ordonnée : a Par loi j’entends d’une part la loi particulière, de l’autre la loi commune ; par loi particulière, celle qui, pour chaque peuple, a été définie relativement à lui ; et cette loi est tantôt non écrite, tantôt écrite ; par loi commune j’entends la loi naturelle. Car il y a une justice et une injustice dont tous les hommes ont comme une divination et dont le sentiment leur est naturel et commun, même quand il n’existe entre eux aucune communauté ni aucun contrat ; c’est évidemment, par exemple, ■ ce dont parle l’Antigone de Sophocle, quand elle affirme qu’il était juste d’enfreindre la défense et d’ensevelir Polynice ; car c’était là un droit naturel : « Loi qui n’est ni d’aujourd’hui ni d’hier, qui est étemelle et dont personne ne connaît l’origine ».

C’est aussi celle dont Empédocle s’autorise pour interdire de tuer un être animé car ôn ne peut prétendre que cet acte soit juste pour certains, et ne le soit pas pour d’autres :

« Mais la loi universelle s’étend en' tous sens, à travers l’éther qui règne au loin et aussi sur la terre immense ».

Aristote.

diction formelle du décret du roi, a voulu donner une sépulture à son-frère Polynice, mort .devant la ville et considéré par Créon comme un ennemi. Amenée devant Créon, elle invoque, 'face aux lois de la cité, une loi « qui n’est ni d’aujourd’hui ni d’hier », mais de tout temps. Cette loi, nous dit-elle encore dans les vers (1)

Reste' maintenant à comprendre en quel sens une loi peut être dite à la fois naturelle et divine, car au premier abord cela ne va pas de soi. Ce n’est pas tant ,1e terme « divin » que le terme « naturel » qui fait ici problème. Nous pouvons en effet concevoir sans trop de mal que la loi divine soit immuable et universelle. Mais c’est avec le terme « naturel » que commencent les difficultés. Et la première difficulté que nous rencontrons c’est que le mot > nature n’a plus du tout le même sens pour nous, aujourd’hui, qu’il avait pour Aristote et pour la pensée grecque en général. On peut dire que la traduction latine du grec phusis (ou physis, d’où notre mot physique par exemple) par natura manifeste le passage d’un monde à un autre. Alors que le mot latin renvoie plutôt à l’idée de la naissance, le mot grec met l’accent sur l’éclosion, l’épanouissement.

aristote

« ·-.--: 18 CORRIGÉ DE DISSERTATIONS PBILOSOPIDQUES CONSEILS PRÉLIMINAIRES Ce texte d'Aristote est extrait de la RhOtoTique (Livre premier, chapitre XIII, (§§ l et 2).

Selon nous, c'est plus iCi l'étude du texte en lui-même quel' effort visant, dans un second temps, à en dégager l'intérêt qui peut offrir des difficultés aux élèves.

Face à ces définitions et à ces distinc­ tions d'Aristote, le risque majeur est celui de la paraphrase.

Il convient donc, si l'on veut supprimer ce risque, de procéder à une analyse du.

texte aussi précise que possible.

Autre source possiblè de difficultés : les références que fait Aristote à Sophocle et à Empédocle.

Il s'agit de pouvoir intégrer ces références dans le conimentaire.

Nous proposons de commencer par reprendre les distinctions en les explicitant.

On s'apercevra alors que dans l'opposition de la loi commune à la loi naturelle, c'est ce dernier type de loi qui fait le p\us problème.

On éclairera ce point en se rapportant à l'opposition de la convention et· de l.a nature.

Une analyse des deux références à Sophocle et à Empédocle permet ensuite de mieux comprendre en quoi consiste é,e sentiment profond de la loi commune.

Ne pourrait-on pas, en un sens, le rapprocher de la notion d'équité ? C'est seulement après avoir ainsi procédé à cette·étude du texte que nous pourrons nous demander ce qu'il en est, aujourd'hui, des notions de justice et d'équité.

Cela peut nous amener, pour finir, à nous in~err9ger sur la dimension vêri- table de la no!ion de j~stice.

· LECTURES CONSEILLÉES .

Nous.

conseillons tout d'abord la lecture du livre V de !'Éthique l 1 à Nicomaque (1), puisque ce livre est·consacré à la justice.

Quand nous disons qu'il convient de lire le livre V, nous voulons bien J' sûr .dire qu'il faut travailler plus particulièrement cette partie de !'Éthique à Nicomaque mais lire l'ensemble du texte (Garnier· Flammarion).

Les passages concernant la justice et l'équité dans:' · la Rhétorique se trouvent dans la seconde moitié du livre premier.

1 On lira aussi la tragédie de Sophocle Antigone.

II serait bon de 1 se -référer au commentaire que Hegel consacre à cette tragédie (dans la Phénoménologie de l'Esprit par exemple : To II P.

24 sq.) ainsi qu'aux« Remarques _sur Antigone>> de HOlderlin.

(Remar­ ques SUT Œdipe.

Remarques suT Antigone, collection bibliothèque 10/18).

(1) Ce livre est ainsi intitul.é parce qu'Aristote le dédia à son fils qui s'appelait précisément Nicomaque.

·. »

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