Aristote: Bonheur et Amusement
Publié le 14/04/2005
Extrait du document
«
consiste pas...
qui est le but.
”)
A.
Si le bonheur réside dans l'amusement, alors s'amuser doit être le but de la vie
B.
En effet le bonheur est le but de la vie
C.
Car le bonheur est une fin en soi : il n'est pas désiré en vue d'autre chose, mais pour lui-mêmeIl convient, dans ce dernier paragraphe, d'expliquer la notion de but, de fin.
Aristote dans sa Physique, Livre II,distingue quatre types de causes, dont la plus importante est à ses yeux la cause finale ou tèlos.
En effet, pourrendre compte de ce qu'une chose est, on ne peut pas se contenter de déterminer la façon dont elle a été produite,ni en quoi elle est faite, il faut encore préciser “ en vue de quoi ” elle a été produite.
Ce dernier élément est lacause finale d'une chose.
La chose qui répond à sa cause finale est achevée et totale, “ en acte ”.
Tant qu'ellen'atteint pas cet achèvement par lequel ce qu'elle est correspond à ce qu'elle devait être, elle demeure elle-mêmeseulement “ en puissance ”, de manière incomplète.
Aristote reprend ici cette notion de tèlos, et l'applique à la viede l'homme.
Il s'agit donc de savoir ce qui fait de l'homme un homme achevé, ce qui fait de lui un être complet, quicorrespond à ce qu'il devait être.
2.
Or il est tout à fait absurde de supposer que le but de la vie réside dans l'amusement (“ Maiss'appliquer...
accomplir plus tard ”)
A.
On pourrait supposer que l'on travaille en vue de l'amusement, mais ce serait bien puérilL'idée de puérilité s'explique ici par le fait que si l'amusement peut apparaître comme étant le but vers lequelconvergent toutes les actions, c'est surtout chez l'enfant.
Le jeu est une pratique enfantine naturelle pour Aristote.Mais précisément, si l'amusement n'est le but que de l'enfant, c'est-à-dire de l'homme en puissance, il ne sauraitêtre aussi le but de l'homme achevé ou adulte.
B.
Il ne faut pas confondre le repos qui accompagne l'amusement et l'absence de changement qui caractérisel'achèvementOn pourrait penser que puisque l'achèvement implique l'arrêt du mouvement (la chose ayant atteint ce qu'elle devaitêtre), le repos qui accompagne l'amusement est la marque du statut de fin en soi que l'on devrait accorder àl'amusement.
Or il n'en est rien : le repos dont il est question ici n'est que le repos qui compense la fatigue.
C.
Ce repos est précisément un “ besoin ” et non une finLe besoin désigne quelque chose qui est requis en vue d'autre chose : en l'occurrence la poursuite d'une activité quidiffère de l'amusement (“ ...
il n'a jamais lieu qu'en vue de l'acte que l'on veut accomplir plus tard ”).
L'acte dont ils'agit ici correspond à la notion d'acte dont nous avons parlé plus haut.
Le repos de détente est un des moyens parlesquels nous parvenons à réaliser ce que nous avons à être.
3.
L'activité qui procure le plus grand bonheur est une chose sérieuse (“ La vie heureuse...plus debonheur.
”)
A.
La vie heureuse étant la vie vertueuse, et la vertu consistant dans une chose sérieuse, l'amusement ne sauraitprocurer le bonheur le plus grand.
De la même façon qu'au début du texte, l'auteur commence par établir au moyend'un raisonnement très elliptique, ce qu'il cherche à montrer, et ne donne que par la suite la justification de sesprésupposés.
Il faut expliquer ici pourquoi la vie heureuse correspond à la vie vertueuse, et pourquoi la vievertueuse est une chose sérieuse.
L'auteur répond méthodiquement à ces deux réquisits.
B.
La vie heureuse consiste dans la vie vertueuse, car le bonheur le plus grand réside dans l'acte de l'homme lemeilleur.
En effet, nous savons que le bonheur est une fin en soi.
Or nous ne pouvons rien désirer de mieux quel'accomplissement du tèlos de l'homme le meilleur (l'homme vertueux).
Par conséquent, le tèlos de l'homme engénéral réside dans l'acte de l'homme le meilleur, dans lequel se trouve aussi le bonheur le plus grand.
C.
Ce qui est meilleur est aussi plus sérieux, du moins avons-nous des raisons de le penser.
Par conséquent, la vievertueuse, puisqu'elle relève du meilleur, est une chose sérieuse.
On peut exprimer ceci autrement : étant rattachéau meilleur pour l'homme, le sérieux entre à titre de composante dans la définition de l'achèvement de l'homme,puisque l'achèvement est identique à ce qu'il y a en l'homme de meilleur.
Conclusion
L'intérêt philosophique de ce texte consiste dans ce qu'il s'oppose à la croyance selon laquelle nous travaillons pourpouvoir nous détendre.
Une telle conception est une perversion, finalement courante, de la notion d'activité.L'activité authentique par laquelle l'homme atteint le bonheur ne saurait être l'amusement, autrement dit le jeu ou ladétente.
La détente n'est pas une fin mais un moyen.
Si nous croyons que le travail n'est qu'un moyen d'obtenir ladétente, c'est que nous ne parvenons pas à saisir le rapport qui existe entre notre travail et l'activité de l'homme lemeilleur.
Si nous n'y parvenons pas, c'est que le sens commun, voire la division du travail dans la société, effacentle rapport entre travail et réalisation de l'homme..
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