Devoir de Philosophie

Arendt: travail et culture

Publié le 27/02/2008

Extrait du document

arendt
"Parmi les choses qu'on ne rencontre pas dans la nature, mais seulement dans le monde fabriqué par l'homme, on distingue entre objets d'usage et oeuvres d'art ; tous deux possèdent une certaine permanence qui va de la durée ordinaire à une immortalité potentielle dans le cas de l'oeuvre d'art. En tant que tels, ils se distinguent d'une part des produits de consommation, dont la durée au monde excède à peine le temps nécessaire à les préparer, et d'autre part, des produits de l'action, comme les événements, les actes et les mots, tous en eux-mêmes si transitoires qu'ils survivraient à peine à l'heure ou au jour où ils apparaissent au monde, s'ils n'étaient conservés d'abord par la mémoire de l'homme, qui les tisse en récits, et puis par ses facultés de fabrication. Du point de vue de la durée pure, les oeuvres d'art sont clairement supérieures à toutes les autres choses ; comme elles durent plus longtemps au monde que n'importe quoi d'autre, elles sont les plus mondaines des choses. Davantage, elles sont les seules choses à n'avoir aucune fonction dans le processus vital de la société ; à proprement parler, elles ne sont pas fabriquées pour les hommes, mais pour le monde, qui est destiné à survivre à la vie limitée des mortels, au va-et-vient des générations. Non seulement elles ne sont pas consommées comme des biens de consommations, ni usées comme des objets d'usage : mais elles sont délibérément écartées des procès de consommation et d'utilisation, et isolées loin de la sphère des nécessités de la vie humaine" Hannah ARENDT, La crise de la culture.

Dans ce texte Hannah Arendt met tout d’abord en évidence la corrélation et l’opposition entre les deux sortes de produits purement et proprement humains, la création en vue d’une utilité courante et la création artistique.

A ses yeux, le seul point commun réel qui existe entre eux serait l’origine de sa fabrication, l’homme. L’objet d’usage courant a été créé en vue d’une fin précise, à savoir satisfaire le besoin pour lequel il a été créé et donc sitôt qu’il a accompli son unique but, il se détruit par la même occasion, ou du moins il perd tout intérêt selon Arendt.

 

arendt

« Textes utiles Arendt En raison de leur éminente permanence, les oeuvres d'art sont de tous les objets tangibles les plus intensément dumonde ; leur durabilité est presque invulnérable aux effets corrosifs des processus naturels, puisqu'elles ne sont passoumises à l'utilisation qu'en feraient les créatures vivantes [...] qui ne peut que les détruire.

Ainsi leur durabilitéest-elle d'un ordre plus élevé que celle dont tous les objets ont besoin afin d'exister ; elle peut atteindre à lapermanence à travers les siècles.

Dans cette permanence, la stabilité même de l'artifice humain qui, habité et utilisépar des mortels, ne saurait être absolu, acquiert une représentation propre.

Nulle part la durabilité pure du mondedes objets n'apparaît avec autant de clarté, nulle part, par conséquent, ce monde d'objets ne se révèle de façonaussi spectaculaire comme la patrie non mortelle d'êtres mortels.

Tout se passe comme si la stabilité du monde sefaisait transparente dans la permanence de l'art, de sorte qu'un pressentiment d'immortalité, non pas celle de l'âmeni de la vie, mais d'une chose immortelle accomplie par des mains mortelles, devient tangible et présent pourresplendir et qu'on le voie, pour chanter et qu'on l'entende, pour parler à qui voudra lire FREUD L'artiste, comme le névropathe, s'était retiré loin de la réalité insatisfaisante dans ce monde imaginaire, mais àl'inverse du névropathe il s'entendait à trouver le chemin du retour et à reprendre pied dans la réalité.

Sescréations, les oeuvres d'art, étaient les satisfactions imaginaires de désirs inconscients, tout comme les rêves, aveclesquels elles avaient d'ailleurs en commun le caractère d'être un compromis, car elles aussi devaient éviter le conflità découvert avec les puissances de refoulement.

Mais à l'inverse des productions asociales narcissiques du rêve, ellespouvaient compter sur la sympathie des autres hommes, étant capables d'éveiller etde satisfaire chez eux les mêmes inconscientes aspirations du désir.

De plus elles seservaient, comme « prime de séduction », du plaisir attaché à la perception de labeauté de la forme.

Ce que la psychanalyse pouvait faire, c'était — d'après lesrapports réciproques des impressions vitales, des vicissitudes fortuites et desoeuvres de l'artiste — reconstruire sa constitution et les aspirations instinctives enlui agissantes, c'est-à-dire ce qu'il présentait d'éternellement humain.

C'est dansune telle intention que je pris par exemple Léonard de Vinci pour objet d'une étude, étude qui repose sur un seul souvenir d'enfance dont il nous fit part, et qui tend principalement à élucider sontableau de la Sainte Anne.

Mes amis et élèves ont depuis entrepris de nombreuses analyses semblables d'artistes etde leurs oeuvres.

La jouissance que l'on tire des oeuvres d'art n'a pas été gérée par la compréhension analytiqueainsi obtenue.

Mais nous devons avouer aux profanes, qui attendent ici peut-être trop de l'analyse, qu'elle neprojette aucune lumière sur deux problèmes, ceux sans doute qui les intéressent le plus.

L'analyse ne peut en effetrien nous dire de relatif à l'élucidation du don artistique, et la révélation des moyens dont se sert l'artiste pourtravailler, le dévoilement de la technique artistique, n'est pas non plus de son ressort HEGEL Le but de l'art, son besoin originel, c'est de produire aux regards une représentation, une conception née de l'esprit,de la manifester comme son oeuvre propre ; de même que, dans le langage, l'homme communique ses pensées et lesfait comprendre à ses semblables.

Seulement, dans le langage, le moyen de communication est un simple signe, à cetitre, quelque chose de purement extérieur à l'idée et d'arbitraire.

L'art au contraire, ne doit pas simplement se servirde signes, mais donner aux idées une existence sensible qui leur corresponde.

Ainsi, d'abord, l'œuvre d'art, offerteaux sens, doit renfermer en soi un contenu.

De plus, il faut qu'elle le représente de telle sorte que l'on reconnaisseque celui-ci, aussi bien que sa forme visible n'est pas seulement un objet réel de la nature, mais un produit de lareprésentation et de l'activité artistique de l'esprit.

L'intérêt fondamental de l'art consiste en ce que ce sont lesconceptions objectives et originelles, les pensées universelles de l'esprit humain qui sont offertes à nos regards. REFOULEMENT : Action par laquelle des pulsions ou désirsinconscients sont arrêtés, par lacensure du surmoi, dans leurmanifestions conscientes.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles