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aragon-commentaire "strophes pour se souvenir"

Publié le 18/11/2012

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Lecture analytique n°5 : Aragon, « Strophes pour se souvenir «, Le Roman inachevé, 1956. Introduction : V Rappels biographiques et bibliographiques concernant Aragon (en référence au poète que vous allez étudier !) V Présentation du poème : circonstances d'écriture, structure, thème, importance de la graphie : Eloge funèbre, transmission des dernières volontés et rappel du sacrifice : le poème aborde un épisode historique qui doit rester dans les mémoires. V Problématique : Comment le poète fait-il à travers son art le travail de mémoire et un hommage poignant au groupe Manouchian ? V Annonce du plan I. Un poème commémoratif, à la mémoire des hommes du groupe Manouchian 1. Le rappel du passé a) le contexte de l'écriture : Des variations de temps verbaux qui correspondent à l'évocation de moments différents du passé : - passé composé : renvoie par rapport au moment de l'écriture, au moment de la mort. - le plus-que-parfait et l'imparfait : « vous vous étiez servi « (v. 4) ; « vous aviez « (v. 6) ; « semblait « (v. 8 et 11) ; « cherchait, allaient, étaient, avait « (v. 10, 12, 14, 15, 16) - le présent : « cela passe vite onze ans « (v. 3) : c'est le moment de l'écriture du poème, à savoir en 1955 et le calcul rapide des années nous renvoie bien à 1944, année de l'exécution. >>> les variations de modalités de discours et de temps donnent l'impression que le poète se place sur des plans successifs et qu'il s'efforce de rendre compte, au plus près de la réalité, de cette condamnation injuste. Il est à la fois celui qui raconte en 1955, mais aussi celui qui se rappelle et qui rappelle aux lecteurs les circonstances de l'exécution, et le porte-parole des dernières volontés de Manouchian. b) Système énonciatif différent dans les strophes : - « vous « désigne un ou des interlocuteurs (vers 4, 6, 11, 12, 18) : ce pronom désigne ceux à qui s'adresse le poète pour parler, comme s'il leur parlait directement. Il leur rappelle ce qu'ils ont fait et ce qu'ils étaient. - « je « dans les passages en italique : le « je « qui parle désigne celui que Aragon désignait sous l'expression « l'un d'entre vous « v.18. Ici le poète reprend la dernière lettre de Manouchian avant son exécution : c'est le « je « de Manouchian qui s'adresse à sa femme (on le saura lorsque l'on découvre le prénom de Mélinée, vers 29, qui était bien la femme de Missak Manouchian). - « tu « : c'est la destinataire de la lettre : Mélinée Manouchian - dans la dernière strophe : « ils « désigne toujours ceux à qui le poème s'adressait initialement sous la forme du « vous « MAIS ici l'interlocuteur du poète n'est plus le même : il s'adresse en désignant les « vingt et trois « aux lecteurs, aux français. 2. faire revivre le propos d'un exécuté et susciter l'émotion V La graphie du poème attire l'attention : 3ème strophe comporte en maj. « MORTS POUR LA FRANCE « qui se détache comme un titre, ou une inscription de mon...
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« >> Le fait même d’avoir ins éré les derniers mots de Manouchian adress és à sa femme le jour de l’ex écution, sous une   forme qui les fait passer de la prose  à la po ésie, et les transforme en paroles, constitue un  éloge. Aragon a conserv é et   rassembl é tout ce qui constitue un message d’espoir, le refus de la haine, l’ évocation du bonheur, un avenir de justice.  En faisant savoir par la typographie que le texte appartient  à un autre, et en conservant ce qui ressemble et renvoie  à ses   propres termes d’inspiration, Aragon transforme le texte en po ème lyrique et  émouvant. 3. Les ex écut és   : De nombreux implicites qui d ésignent les personnes que le lecteur conna ît d éjà   :  a) des partisans  étrangers   : qqs  éléments d’info. peuvent  être retrouv és dans le texte signalant le statut   des hommes qui composaient le groupe   :  ­ pas de noms, mais le mot «   Partisans   » v. 5 avec sa majuscule d ésigne bien le groupe communiste des FTP­MOI   (Franc   Tireur   Partisans,   Main   d’œuvre   immigr ée)   dont   faisait   partie   Manouchian   et   ses   amis.

  +   «   armes   »   v.

  4   d ésigne   leurs   actions.

  >>   renvoi   à  la   p ériode   de   la   R ésistance   et   des   mouvements   actifs   et   clandestins   du   Parti   communiste. ­ v. 9 «   Parce qu’ à prononcer vos noms sont difficiles   »   : rappel qu’ils sont  étrangers + «   vingt et trois  étrangers   » v.

  33 ­ «   vingt et trois   »   : d ésigne le nombre des combattants ­ des r éférences  à leur choix de d éfendre la France   :   «   Fran çais de pr éférence   » v. 11   + v. 35 «   qui criait la France   en s’abattant.

  » + «   donnaient leur cœur   »v. 33  et «   nos fr ères pourtant   » b) le contexte de l’ex écution        :    ­   l’ évocation   de   la   modestie   et   la   simplicit é  du   comportement   des   condamn és   :   énum ération   de   termes   ni és   :   «   gloire   », «   larmes   », «   orgue   », «   pri ère   » (v. 1 et 2) ­ le mot «   affiche   » v.8  est associ é à un contexte de propagande et de peur   : images et comparaison mettent l’accent   sur la repr ésentation tendancieuse de cette fameuse Affiche rouge, d énonc ée ici   : «   noirs de barbe   et de nuit hirsutes   mena çants   »v.7   + «   une tache de sang   » (r éf. A la couleur de l’affiche qui accentue les images violentes pr ésent ées   dans   l’affiche   :   les   impacts   de   balles   dans   les   corps   des   ex écut és).

  Le   po ète   d énonce   l’exploitation   de   la   peur   du   sang, connotant le crime et la violence venue d’ étrangers mena çants aux visages inqui étants. ­   évocation   aussi   de   la   r éaction   non   programm ée   par   les   Occupants   qui   avaient   fait   cette   affiche   de   propagande   :   l’inscription   nocturne   «     MORTS   POUR   LA   FRANCE   »   v.

  14,   anonyme   mais   qui   rectifie   le   sens   de   ces   morts   et   redonne espoir. Le vers 15, simple, fait  éclater la signification d’une reconnaissance, d’une sympathie et de l’ échec   de la propagande. ­ la  reprise des derniers mots  de Manouchian dans la lettre  qu’il  a  adress ée à sa femme   : contenu  à peine modifi é   d’une lettre testament (voir texte compl émentaire) >> on note une absence de termes r éellement historiques   : l’Affiche rouge n’est pas nomm ée par son titre, et aucun nom   n’est   donn é.

  Les   évocations   passent   par   des   m étaphores,   des   implicites,   à  demi­mot,   ce   qui   peut   s’expliquer   par   les   circonstances   de   sa   composition   :   le   po ème   est   en   effet   écrit   en   1955   lors   d’une   inauguration   d’une   rue   au   nom   du   groupe Manouchian, donc la r éalit é est connue de tous. La po ésie transpose ici un  événement historique   : la r éalit é n’est   pas  édulcor ée, elle prend une forme diff érente. Il s’agit ici de faire un acte de m émoire, un  éloge, non de mettre la mort   en  évidence. II. Un po ème au service d’une le çon de fraternit é et de courage        : «        pour se souvenir        »   1. L’ éloge des combattants Tout au long du texte, sous des formes diverses, c’est un  éloge des combattants du groupe Manouchian qui se met en   place.  a) la mort simple et sobre   : 2 premiers vers soulignent une mort  presque anonyme et sans pathos, une   mort   courageuse,   sans   aide.

  On   note   les   4   termes   ni és   dans   le   po ème,   que   l’on   peut   regrouper   (voir   plus   haut)   :   «   gloire   » et «   orgue   » peuvent dire l’absence de c élébration de ces morts   ; «   larmes   » et «   pri ère   » montrent l’absence de   manifestation affective (tous les termes sont ni és, «   vous n’avez r éclam é la gloire ni les larmes   » + le dernier vers de la   strophe est encore donn é dans la n égative   : «   la mort n’ éblouit pas les yeux des Partisans   » +   On   note   le   mot   «   simplement   »   vers   4   qui   d ésigne   leur   action   de   r ésistance   :   «   vous   vous   étiez   servi   simplement de vos armes   » b) des  h éros d énigr és  puis reconnus        :     dans la pr ésentation des hommes (strophes 2 et 3) il faut lire  un   é loge derri ère la pr ésentation mensong ère de l’affiche. Par antiphrase, par allusion aux noms difficiles  à prononcer, parce  . »

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