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Apprendre, est-ce seulement s'informer ?

Publié le 28/01/2004

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Peut-on réduire le fait d'apprendre au fait de s'informer? La question posée invite à réfléchir sur les limites éventuelles de l'information. Au sens strict, celle-ci est transmission neutre de renseignements sur un événement déterminé, ou un domaine particulier. Par exemple, s'informer sur un conflit armé, c'est recueillir toutes les indications possibles sur le déroulement de ce conflit, sur les faits marquants qui le caractérisent. Les observations transmises permettent-elles à elles seules de comprendre réellement ce qui arrive ? Rien n'est moins sûr. Une connaissance des causes, de l'histoire proche et lointaine, est requise pour qu'une véritable intelligibilité de l'événement soit obtenue. Si je ne pense authentiquement apprendre qu'en comprenant, la seule information reste insuffisante. Éclatée, descriptive, à la surface des choses, elle ne peut faire sens. Reconstruite, interprétée, elle dépend du point de vue particulier du journaliste - sauf si celui-ci fait effort pour présenter des connaissances qui permettent d'éclairer l'événement qu'il raconte. Mais dans cette hypothèse, il sort de son rôle strict, pour instruire. On ne peut plus dire alors qu'il se contente d'informer.

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Comme toujours, il convient de réfléchir sur les différents sens des mots clés, ici : " apprendre " et " s'informer ". Le Dictionnaire donne ; les sens suivants d' "apprendre" : 1) «Acquérir des connaissances sur, étudier«. En ce sens on dit par exemple "apprendre l'histoire". 2) «Se mettre dans la mémoire«. Par exemple, on "apprend une leçon". 3) «Être informé de«. Comme lorsque l'on "apprend un décès". Quant à "s'informer", c'est simplement recueillir une information sur quelque chose, se "mettre au courant". On dit par exemple qu'on "s'informe des horaires d'un train".

On voit que les champs sémantiques des deux mots ne sont pas identiques, bien qu'ils se recoupent en partie, comme l'admet d'ailleurs l'énoncé du sujet puisqu'il est demandé si apprendre c'est seulement s'informer. Il est donc inutile de trop s'attarder à montrer en quoi apprendre c'est s'informer : il faut surtout montrer en quoi c'est aussi autre chose.

« Comme toujours, il convient de réfléchir sur les I différents sens des mots clés, ici : "apprendre" et "s'informer".

LeDictionnaire de notre temps.

Hachette, donne ; les sens suivants d'"apprendre" : 1) «Acquérir des connaissancessur, étudier».

En ce sens on dit par exemple "apprendre l'histoire".

2) «Se mettre dans la mémoire».

Par exemple, on"apprend une leçon".

3) «Être informé de».Comme lorsque l'on "apprend un décès".

Quant à "s'informer", c'est simplement recueillir une information sur quelquechose, se "mettre au courant".

On dit par exemple qu'on "s'informe des horaires d'un train".On voit que les champs sémantiques des deux mots ne sont pas identiques, bien qu'ils se recoupent en partie,comme l'admet d'ailleurs l'énoncé du sujet puisqu'il est demandé si apprendre c'est seulement s'informer.

Il est doncinutile de trop s'attarder à montrer en quoi apprendre c'est s'informer : il faut surtout montrer en quoi c'est aussiautre chose. Introduction Nous vivons, dit-on, à l'ère de la communication, de l'information comme de l'informatique.

Une masse considérabled'informations en tous genres est à notre disposition.

Mais en les consultant, en nous informant, apprenons-nousréellement quelque chose ? Car apprendre, est-ce seulement s'informer ? 1.

Une assimilation par le corps a) Les animaux apprennent mais ne s'informent pas Observons d'abord que nous appliquons le mot apprendre aussi bien à l'homme qu'à l'animal.

Nous pouvonsapprendre à tel ou tel animal tel ou tel comportement (même si l'on parle alors plutôt de dressage) : on dira d'unchien qu'il apprend à rapporter le gibier, un cheval à trotter, etc.

; semblablement on dira que l'oisillon apprend àvoler, le caneton à nager, etc.

En revanche, jamais on ne songera à informer un animal, ni un nourrisson ; et on n'informera que dans de rares casun petit enfant.

C'est que l'information s'adresse à l'intelligence : elle n'est qu'un matériau qui doit être traité parune pensée réfléchie ; elle fournit des éléments au jugement.— C'est en ce sens que nous disons "donner desinformations à un ordinateur", celui-ci étant alors considéré comme une intelligence capable de traiter cesinformations. "Apprendre" n'implique donc pas nécessairement "s'informer", et peut même être le contraire de s'informer :apprendre, en effet, ce peut être acquérir directement des habitudes, des mécanismes qui deviennentautomatiques.

Et ces habitudes, ces mécanismes relèvent toujours, en dernière analyse, du corps, non de l'esprit.C'est manifestement le cas lorsque j'apprend, par exemple, à faire du patin à roulettes, mais ça l'est aussi quandj'apprend une poésie par cœur, car alors seule intervient cette mémoire-habitude dont parlait Bergson, et qui n'estau fond qu'une mémoire du corps. b) Alain : l'apprentissage, c'est apprendre à ne pas penser C'est en ce sens qu'Alain faisait observer que Y apprentissage, s'effectue essentiellement contre la penséeréfléchie, libre, entreprenante, inventive.

Méditant sur l'apprentissage de l'ouvrier, Alain concluait en effet que«l'apprenti apprend surtout à ne pas penser» (Propos, Pléiade, I, p.

643), et attribuait ce rejet de la penséeinventive au fait que «l'invention se trompe, gâte les matériaux, fausse l'outil». Mais cette vue d'Alain concernant l'apprentissage d'une «technique» qui serait «une pensée sans paroles, unepensée des mains et de l'outil», et surtout «une pensée qui craint la pensée» (id., p.

644), vaut aussi pour biend'autres sortes d'apprentissage : lorsqu'on veut, par exemple, apprendre à un enfant les "bonnes manières", on luirefuse précisément d'exercer un esprit critique qui serait susceptible de remettre en cause le bien-fondé de ce qu'onveut lui inculquer. 2.

Une assimilation par l'esprit a) Un acte intégrateur Cependant, l'acte d'apprendre ne saurait évidemment être considéré comme foncièrement négatif : il y a en lui unepositivité essentielle, qui est l'intégration de l'information.

Lorsque je m'informe, en effet, je prendcertes connaissance d'informations, mais je maintiens celles-ci pour ainsi dire à l'extérieur de moi-même, à ma. »

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